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MessagePosté: 19 Déc 2007 21:37 
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Conférence intéressante à Pau après demain pour mieux comprendre la frange ultrapastorale de le Confédération Paysanne :

http://www.pau.fr/agenda/20071106_113235

Ce sera à coup sur très formateur !

Présentation de la conférence :

Citation:
Les limites d’un discours environnementaliste
le 21 décembre 2007

Conférence proposée par l'Université du Temps Libre d' Aquitaine

« Les limites d'un discours environnementaliste: la Confédération Paysanne et les grands prédateurs » par M. Renaud de Bellefon, animateur de la Confédération paysanne 65.

Le problème des prédateurs est loin d'être clos. A nos yeux, la Confédération Paysanne, parce qu'elle s'appuie sur des contre vérités (réintroduction artificielle des loups, ours slovènes excessivement prédateurs, cohabitation impossible ?) et une unanimité de façade, ne va pas pouvoir indéfiniment tenir sa position. En interne d'abord, il faudra bien trouver les chemins qui mènent vers une situation de dialogue afin de permettre de faire à la fois le soutien nécessaire aux paysans, de proposer des solutions durables et de conserver la cohérence globale du discours.

Ce problème ne peut pas non plus compromettre le travail d'ouverture vers la société non-agricole qui est une des orientations les plus originales de la Confédération Paysanne. Il faut espérer que les loups et les ours n'empêcheront pas les dialogues avec les partenaires habituelles de la CP. Les prédateurs jouent le rôle de révélateurs de problèmes plus profonds, la situation ainsi créée doit ouvrir à des questionnements sur le sens des engagements, sur les cohérences à chercher entre les discours, sur les différents niveaux d?intervention, sur la globalité du projet syndical, paysan, et tout particulièrement dans sa dimension environnementale.

« Les limites d'un discours environnementaliste la Confédération Paysanne et les
grands prédateurs » M. Renaud de Bellefon, animateur de la Confédération paysanne 65

Vendredi 21 décembre 2007. 17h30.

AMPHITHEATRE 2 DE LA FACULTE DES LETTRES

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"On mesurera un jour le degré d'une civilisation non à ce qu'elle aura pris à la nature, mais à ce qu'elle lui aura laissé ou rendu." R.H
PHOTO (P.P 2005) : ours "Aspe-Ouest", mâle isolé depuis 2004, meurt en 2010. Honte aux coupables.


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 Sujet du message: A lire absolument ...
MessagePosté: 16 Fév 2008 22:46 
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Le rapport était attendu, le voilà, tout chaud, celui qui remet les pendules à l'heure montrant à quel point les ultrapastoraux de l'ASPAP et de l'ADDIP, éradicateurs de l'ours (c'est leur projet!), mentent sans vergogne :

http://www.ours.ecologie.gouv.fr/automn ... _final.pdf

Bonne lecture, c'est salutaire ! Dommage que certains journalistes de la Dépêche voire de Sud-Ouest ou de Libération et même Le Monde ne le reçoivent directement, ça les instruiraitun peu en matière de pastoralisme honnête
et de cohabitation intelligente avec l'ours...

Ah oui : mon titre était : "à lire absolument" ... j'ajoute ... et à comparer avec les âneries et mensonges catastrophistes des ultrapastoraux sur certaines estives !

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 Sujet du message: L'ETAT DOIT FAIRE SES CHOIX...
MessagePosté: 26 Fév 2008 23:47 
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Justement... ce rapport 2007 m'a inspiré :

Citation:
Sauver l'ours ou l'abandonner
aux ultrapastoraux éradicateurs :
l'Etat doit choisir


Pour mieux comprendre la frange "ultrapastorale" de l'élevage pyrénéen, celle qui prone sa prééminence sur toute autre activité humaine en montagne et qui souhaite imposer son activité au détriment des espèces animales qui dérangent son expansion, il peut être utile de se livrer à un examen du discours que produisent ces éleveurs refusant par principe de mettre en place les solutions permettant d'éviter les prédations de l'ours sur les troupeaux : gardiennage estival continu du troupeau (c'est à dire présence effective bu berger), regroupement nocturne du troupeau et présence de chiens patous pour éloigner l'ours et tous les autres prédateurs du bétail, homme compris (vols).

Il est en effet intéressant de voir comment ces ultrapastoraux cherchent à travailler l'opinion publique (mais aussi celle des décideurs et celle que délivrent les médias) pour décréter l'impossible cohabitation, n'hésitant pas pour cela à utiliser le mensonge par omission voire le mensonge tout court.

On peut se faire une idée de la teneur de ces omissions en mettant en regard les déclarations ultapastorales et celles des bergers, Techniciens Pastoraux Itinérants (TPI), tous bergers chevronnés et chargés de l'aide à la mise en place des mesures de protection sur les troupeaux. Cette étude comparative est très instructive lorsqu'on l'applique aux estives subissant des attaques d'ours. Cet article a été réalisé en comparant les données extraites du "Rapport d'activité 2007 des Techniciens Pastoraux Itinérants" et celles du site internet de l'association anti-ours l'ASPAP (Association Pour la Sauvegarde du Patrimoine Ariège-Pyrénées) concernant le compte-rendu de leur Assemblée Générale (AG) du 1er février 2008.

Estive de Melles : des enjeux importants pour l'avenir de l'ours et du pastoralisme

Commençons par l'estive de Melles, estive sensible s'il en est car fréquentées par l'ourse "Vhala" et ses deux oursonnes, "Pollen" et "Bambou" autant dire, l'espoir des Pyrénées. De plus, après l'élimination réussie de l'ourse "Franska" (qui avait plus de 40 plombs de chasse dans le corps), "Vhala", "Pollen" et "Bambou" semblent être les nouvelles cibles désignées des ultrapastoraux éradicateurs d'ours. L'enjeu autour de cette estive est donc important. Que s'y passe-t-il ?
En 2006, cette estive a connu les attaques de "Vhala". Mais le troupeau d'environ 1300 bêtes y était mené sans aucune protection, sans patous et sans regroupement nocturne en dehors du regroupement effectué par les bergers itinérants appelés à la rescousse quand il était déjà trop tard pour mettre en place des mesures qui sont efficaces lorsqu'elles sont anticipées avant le mois de mai. Logiquement, durant l'été 2006, l'ourse "Vhala" a attaqué 20 fois environ sur presque 40 animaux.
En 2007 cette fois, voilà comment les ultrapastoraux ont présenté la saison d'estive (AG de l'ASPAP 2008) :
"(...) à Melles, en Haute-Garonne, « estive modèle du plan ours », malgré des moyens financiers colossaux, la saison d’estive fut catastrophique avec l’abandon de leur poste par les 5 bergers successifs".

Est-ce la réalité ? Quelle fut cette "catastrophe" annoncée ?
En effet, dans le Rapport officiel 2007 des Techniciens Pastoraux Itinérants, le son de cloche est différent :
"3 chiens de protection étaient présents cette année et 3 grands parcs permettaient le regroupement nocturne"
; résultat des courses alors que "Vhala et ses 2 oursons sont passés régulièrement sur le secteur pendant l'été" : "une seule attaque a été relevée sur cette commune (...) mais après la saison d'estive, lorsque les brebis étaient redescendues et pâturaient librement."

Voilà des chiffres que les anti-ours se gardent bien de diffuser ! 2006, pas de moyens de protection = 20 attaques ; 2007, moyens de protection déployés = 0 attaques sur l'estive. Faut-il s'étonner que la pillule soit amère pour les ultrapastoraux et qu'ils cherchent à noircir le tableau coûte que coûte en annonçant une estive "catastrophique"!!! ? Ils se présentent comme des éleveurs professionnels (ce qu'il sont évidemment) et derrière cette légitimité, ils laissent entendre qu'eux seuls sont à même d'observer la situation, de l'analyser voire de la critiquer. Or il se trouve que cette capacité d'expertise n'appartient pas à eux seuls, les bergers itinérants de l'ETO (1) sont eux aussi des experts particulièrement chevronnés en matière d'élevage et de gardiennage des troupeaux. Ils sont d'ailleurs recrutés sur ces bases là.

D'autre part, et cet article s'inscrit dans ce mouvement, face aux mesonges et délits des ultrapastoraux, de plus en plus de citoyens, excédés de voir comment une minorité agissante est en train de réussir à anéantier l'ours dans notre pays, se sont intéressés à la question et deviennent à même de la comprendre, de l'expliquer et de dénoncer des mensonges reconnus comme tels par les experts officiels (le cas des veaux d'Aston où les anti-ours avaient tenté de mettre sur le dos de l'ours des bovins morts de la maladie du charbon est éloquent. Fort heureusement, des experts indépendants du monde de l'élevage avaient pu enquêter pour lever le poteau rose...).

Mais revenons au cas de l'estive de Melles : dans le Rapport 2007 des Techniciens Pastoraux Itinérants, on peut lire aussi que, cette estive étant désormais protégée, "les prédations de Vhala se sont décalées vers l'Est, en Ariège". Etait-ce étonnant ? Non seulement c'est logique mais en plus, c'était évidemment prévisible. On sait depuis toujours que si l'on protège d'un côté et pas de l'autre, le prédateur fait vite son choix, en toute intelligence : c'est globalement que ces mesures de protection doivent être envisagées. La mauvaise volonté des éleveurs de l'estive de St Lary, à l'Est de l'estive de Melles est responsable d'une situation que les ultrapastoraux présentent ainsi (AG de l'ASPAP, 1er février 2008) :

Estive du Barestet : une mauvaise volonté aux lourdes conséquences

L'ASPAP affirme pour les éleveurs du Groupement pastoral du Barestet à saint Lary que "Vhala a sévi tout l'été : bilan 9 attaques officielles, 30 bêtes indémnisées, le désordre permanent tou l'été pour retrouver les bêtes manquantes, 80 bêtes disparues... malgré le berger itinérant du suivi qui passait la nuit dans sa tente au milieu des bêtes."
Pourquoi ces éleveurs n'ont-ils pas mis en place les mesures de protection aidées par l'Etat qui auraient permis d'éviter la situation de cet été là et qu'ils auraient dû tester dès 2006 ?
En effet, on apprend que sur cette estive, déjà fréquentée par Vhala en 2006, aucune mesure de protection réelle n'a été anticipée ! Voilà ce que l'on sait de cette estive : "Troupeau d'environ 1200 brebis appartenant à au moins 7 éleveurs. Aucun chien de protection n'est présent pendant la saison d'estive et le groupement nocturne se fait en couchade libre." (Rapport 2007 des TPI). On aurait voulu créer la situation de l'été 2007 avec un garde-manger en libre-service pour l'ourse "Vhala" qu'on ne s'y serait pas pris autrement... Là encore, la version des ultrapastoraux ne mentionne pas cet absence total de mesures de protection.

Résultat, malgré un regroupement de 7 éleveurs (donc 7 employeurs potentiels), aucun renfort conséquent en terme de poste de berger n'a été prévu (malgré les aides possibles de l'Etat) et ce sont les TPI de l'ETO (1) qui s'y sont collés, gratuitement : (Rapport d'activité 2007 des TPI) "Plus de 100 nuits de protection ont été effectuées sur St Lary avec l'objectif de limiter les prédations en 2007". Et ce que les ultrapastoraux de l'ASPAP présentent comme un carnage "malgré le berger itinérant du suivi qui passait la nuit dans sa tente au milieu des bêtes." (AG de l'ASPAP) devient en réalité (Rapport d'activité 2007 des TPI) pour St Lary : "Ainsi, 77% des attaques et 91% des dégâts ont eu lieu en l'absence de TPI. Seules 3 attaques ont été effectives en présence des TPI, avec 1 brebis touchée par attaque dont 2 brebis blessées et euthanasiées par la suite."

Toujours rien sur ces dernières données dans la version ultrapastorale de la situation. Il est vrai qu'il est fort gênant pour eux de constater que lorsque le berger (TPI) est bien là et regroupe les bêtes la nuit, les prédations sont très faibles. Trop difficile aussi pour les ultrapastoraux d'avouer qu'à contrario, 91% des dégâts ont eu lieu en l'absence des TPI !
Enfin, suir cette estive, ce sont "13 attaques pour 34 animaux prédatés" qui sont reconnus officiellement (donc indemnisés) comme l'indique le rapport des TPI et non pas seulement "9 attaques officielles, 30 bêtes indemnisées"(ASPAP AG 2008) comme le disent les militants anti-ours pour essayer de dénoncer une sous-estimation officielle chronique des dégâts qui est imaginaire. Le dérochement d'Orlu tend d'ailleurs lui aussi à prouver le caractère imaginaire de ces sous-estimations.

Le dérochement d'Orlu : indemnisé "au bénéfice du doute"

Les anti-ours de l'ASPAP (AG 2008) expliquent que sur l'estive de Mourtès (commune d'Orlu) "L'ours a même précipité début juillet un lot de 94 brebis dans un ravin, depuis leur couche à 2400 mètres d'altitude (...) où le berger les avait regroupées pour la nuit. Trois patous étaient présents". Si l'on parcourt consciencieusement le Rapport 2007 des TPI, on constate qu'il n'y avait pas trois mais "deux patous" et surtout, que "la responsabilité de l'ours n'a pu être démontrée techniquement. Cependant, des dérochements ont été indemnisées au bénéfice du doute par l'administration, car le présence ursine était avérée sur ces mêmes secteurs à des dates similaires."
Dommage que l'ASPAP laisse entendre que l'ours est en cause de façon certaine et ne mentionne pas que l'indemnisation fut totale, car cela signifie la grande mansuétude très fréquente de l'administration pour indemniser des bêtes "au bénéfice du doute" (ce qui est une très bonne chose tant que cela reste honnête). A la décharge de l'ours, on sait qu'il y a toujours eu des dérochements massifs en montagne, l'expression populaire "moutons de Panurge" est forgée sur cette particularité chez les ovins. Combien de ces dérochements ont été prêtés à l'ours sans aucune preuve ? Ce fut le cas bien des fois les années précédentes. Les éléveurs, les bergers et les défenseurs de l'ours le savent en réalité très bien.

Les fabliaux de l'ASPAP

Toujours dans le compte-rendu de son AG 2008, l'ASPAP tente de nous convaincre la larme à l'oeil qu' "avant l'ours, un troupeau perdait moins d'une dizaine de bêtes en transhumance, dont la plupart étaient retrouvées et identifiées". Tout connaisseur ou observateur du pastoralisme pyrénéen ne peut que s'amuser de lire de tels mensonges. Qui compte-t-on embrouiller ?

De ces différents cas de figure, il ressort une mauvaise volonté manifeste de certains éleveurs et bergers ainsi que des tentatives répétées voire systématiques de travestir la situation réelle.

Aider les bonnes volontés, sanctionner les éradicateurs

Ainsi, au sujet des trois mesures de protection garantissant des moyennes de plus de 90% de baisse de toute forme de prédation sur les estives (2), les conclusions du Rapport d'activités 2007 des Techniciens Pastoraux Itinérants (TPI), sont sans ambiguïté :
"(...) malgré l'acceptation des TPI, il nous semble que peu d'éleveurs ou de bergers souhaitent changer leurs méthodes de travail suite aux prédations. Il est bien évident que de tels changements sont très lourds à mettre en oeuvre et souvent plus contraignants que l'existant".


Si "peu d'éleveurs ou de bergers" évoluent, l'ours brun disparaîtra, c'est certain. Il faut agir sur ce facteur limitant considérable si l'on souhaite réellement un avenir pour cette espèce.

Or, comme pour les calamités écologiques graves qui frappent ce début de XXIème siècle (changement climatique, épuisement des ressources...), la société et les décideurs semblent dans une période de prise de conscience avec une volonté forte et sincère de changer de comportement afin de trouver et mettre en oeuvre des solutions pour sortir de la crise. Etudes, mesures techniques, juridiques, fiscales, financières et humaines sont convoquées pour apporter des solutions multiformes. Comme pour l'ours, ces solutions existent et sont connues, elles sont à portée de main ou existent déjà.

L'ours des Pyrénées peut-être placé dans cette perspective sur le thème de la perte de la biodiversité. La société (3), l'Etat (4), l'Europe(5), ont pris conscience de la nécessité d'agir efficacement pour qu'il puisse continuer d'exister des ours dans les Pyrénées comme depuis la nuit des temps.

A l'heure des conclusions de la mission d'évaluation à mi-parcours du plan de renforcement ursin 2006-2009, la balle est dans le camp de l'Etat : à lui de favoriser considérablement grâces aux mesures-solutions listées ci-dessus, les éleveurs et bergers qui font l'effort de cohabiter avec succès avec l'ours des Pyrénées. A l'Etat aussi de pénaliser fortement les formes d'élevage qui portent atteinte à l'ours. Surtout quand on sait que ce sont ces formes d'"élevage" sans gardiennage des bêtes et donc sans hommes en montagne de façon permanent en été, qui jouent le rôle le plus faible en matière d'entretien du paysage, d'ouverture des milieux (si le milieu a réellement besoin de rester "ouvert"...le débat est sociétale, philosophique et politique...) et de maintien de l'homme dans les zones rurales de montagne.(6)

Sauver l'ours des Pyrénées, c'est donc renouveler l'arsenal juridique contre les braconnages (toujours importants) et contre les atteintes à son biotope, c'est surtout poursuivre et augmenter les aides au gardiennage en zone à ours (aides à l'embauche de bergers) ainsi que toutes les mesures du plan ours actuel (héliportages de début et fin d'estive, indémnisation solide des pertes de bétail, aides techniques, prise en charge de l'achat des barrières de protection, de l'acquisition, de la nourriture et du suivi des chiens patous, amélioration des cabanes...etc...).

C'est, en contrepartie, agir réellement pour strictement conditionner toutes les aides à l'élevage en montagne à l'acceptation de l'ours et à la mise en place des trois mesures de protection connues et efficaces contre la prédation. Ceci, qu'il s'agisse des aides nationales ou européennes, aujourd'hui très importantes vis à vis de l'élevage ovin puisque seules ces aides lui permettent de perdurer voire de se développer. Sous des formes parfois préjudiciables à l'ours qu'il est alors indispensable de faire évoluer et non d'encourager telles quelles.

C'est à ce prix qu'un pastoralisme du XXIème siècle, cohérent, reponsable et en paix avec les attentes de la société pourra garantir le maintien de l'ours brun des Pyrénées au lieu de chercher, toujours en 2008, son éradication passive ou active :

"Garantir la survie de l'ours brun d'Europe, c'est précisément conserver plusieurs noyaux stables partout où il est encore présent. (...) Quelle que soit l'espèce, reporter sur d'autres pays la responsabilité de sa conservation c'est travailler, sans le dire, à sa disparition. Or la population pyrénéenne actuelle d'ours brun n'est pas viable"(Ministère de l'écologie, 2006)

Tranchant avec cette prise de position officielle responsable, prélude au plan ours 2006-2009, les ultrapastoraux de l'ASPAP, de l'ADDIP et autres associations anti-ours s'enferment dans l'archaïsme en revendiquant (et en agissant hélas) pour l'éradication de l'ours des Pyrénées. Que ce soit une éradication active (battues contre l'ourse Franska jusqu'à l'acculer sur la route où elle fut percutée mortellement par une voiture en aout dernier et où elle fut retrouvée avec une quarantaine de plombs de chasse dans le corps) ou une éradication passive en faisant pression sur l'Etat pour qu'il laisse tomber l'ours, le laissant disparaitre en silence. Début février 2008 lors de son assemblée générale, l'ASPAP n'a-telle pas encore déclaré sans ambiguïté elle non plus, sa : "détermination à faire cesser définitivement le plan ours, et [sa] vigilance notamment face à la menace du remplacement des deux ourses mortes accidentellement." C'est faire clairement le choix d'abandonner définitivement l'ours dans les Pyrénées alors que de nouveau lâchers sont indispensable pour sauver l'espèce de la disparition (7)

Or, sur le terrain, la réussite et l'espoir sont là, il faut les favoriser à tout prix si notre pays tient vraiment à l'ours brun comme le disent des éleveurs et des bergers eux-même :

"(...) ces réintroductions d’ours doivent bénéficier au pastoralisme, elles doivent permettre une meilleure prise en compte des besoins du pastoralisme, doivent lui permettre de moderniser ses équipements, de mieux faire vivre les bergers, de mieux entretenir la montagne.
Nous pensons que ce sont sur ces thèmes qu’il faut réfléchir, agir, revendiquer ; si demain les ours étaient tous retirés des montagnes, est-ce que pour autant tous les problèmes du pastoralisme seraient résolus ? Évidemment non.(...)" "(...) Le maintien de l’agriculture de montagne et de la faune sauvage pyrénéenne n’est pas impossible. Des éleveurs, des groupements pastoraux ont déjà franchi le pas, les résultats sont là. Oui, les moyens de protection des troupeaux face aux prédateurs sont efficaces (...)" Association de Cohabitation Pastorale (La Lettre de l'ACP, aout 2007).


A l'Etat de faire désormais ses choix : éradication passive de l'ours ou consolidation de sa présence avec soutien appuyé, renouvelé, renforcées aux bonnes volontés et sanctions strictes et sévères renforcées elles aussi contre les destructeurs de ce patrimoine naturel et culturel des Pyrénées et de l'humanité(8].

Une évolution législative est nécessaire : un délit d'apologie à la destruction d'espèce protégée est par exemple à créer, les sanctions en cas de dérangement volontaire ou de nouvelles "battues" (elles furent fatales à Franska) doivent être augmentées. Peut-on accepter qu'en 2008 une minorité fasse de la destruction de l'ours brun le moteur de son action ? La société, l'Etat doivent-ils laisser faire alors que de réelles solutions de cohabitation existent et sont appliquées sur le terrain chaque été dans les Pyrénées ? Peut-on accepter d'entendre aujourd'hui une minorité violente affirmer : "S'ils réintroduisent des ours, nous mettrons le feu à la montagne !" (de la bouche de la porte-parole de l'ADDIP en 2007 juste après que l'ours Franska ait été percutée par une voiture).

Enfin, l'Etat doit-il laisser l'ours dans cette situation alors que sans nouveaux lâchers dans un délai rapide, l'ours disparaîtra à coup sûr des Pyrénées ? Au-delà des remplacement évidents de Palouma et Franska, ce ne sont pas moins de 8 ours qu'il est urgent de lâcher dans les Pyrénées pour espérer sauver l'espèce et non simplement la laisser vivoter(7).

Les français et les pyrénéens le veulent (3). Ce n'est pas une utopie : les italiens ont lâché avec succès 10 ours en 4 ans de 1999 à 2002 dans le Trentin. Dans les Pyrénées, les bonnes volontés sont là, il faut les faire fructifier et se montrer intransigeants envers les éradicateurs de l'ours, c'est aussi une question de démocratie.

Patrick PAPPOLA,
Simple citoyen attaché à des Pyrénées vivantes et sauvages AVEC l'ours.


(1) l'ETO : Equipe Technique Ours regroupant les techniciens chargés du suivi des ours dans les Pyrénées. Les Techniciens Pastoraux Itinérants sont rattachés à l'ETO qui dépend de l'ONCFS (Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage).

(2) "La protection des troupeaux : fonctionnement efficacité, limites et optimisation", ACP, Pays de l'Ours ADET 2006. Cette étude menée de 2003 à 2005 auprès de 37 éleveurs et sur 18 estives montre que la seule mesure de protection "chien patou" (qui fait fuir l'ours) a fait baisser les pertes de ... 90 % !

(3) 100% des études d'opinion réalisées depuis une décennie montrent une adhésion sans faille et très fortement majoritaire des français et des pyrénéens au sauvetage de l'ours des Pyrénées. Deux exemples : "Les pyrénéens et la conservation de l'ours - Sondage IFOP- Pays de l'Ours ADET - février 2005" et "Les Français plébiscitent la présence de l'Ours dans les Pyrénées - WWF-ADET Enquête IFOP 2003".

(4) Plan de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées françaises - 2006-2009.

(5) L'Union Européenne soutient l'ours des Pyrénées à travers le programme "Life-Coex" concernant la coexistence entre les activités humaines et la présence de l'ours.

(6) Il est beaucoup plus facile d'agir pour la biodiversité en montagne avec des troupeaux en gardiennage, c'est à dire avec berger présent tout l'été et non pas seulement une fois par semaine puisque ces actions favorables à la biodiversité végétale consistent à faire pâturer les bêtes où elles ne vont jamais et où les versants s'embroussaillent. Sans berger, livrées à elles mêmes, les bêtes n'ont pas une tendance "naturelle" à s'aventurer dens ces zones broussailleuses pour s'en nourrir. De même, davantage d'ours dans les Pyrénées, c'est davantage de bergers en estive donc des Pyrénées "vivantes" (avec des hommes sur le terrain) et "sauvages" (avec une faune variée et respectée qui fait la joie de tous les visiteurs).

(7) "Avant les 5 lâchers de 2006, une étude publiée dans les Comptes-rendus de l'Académie des Sciences (G. Chapron et al., CR Biologies 326, 2003), basée sur des modèles démographiques, préconisait les lâchers rapides d'au minimum 11 ours. Différée de 10 ans, l'opération ne réduirait plus le risque d'extinction. Or en 2006, seuls 5 ours ont été lâchés et deux sont morts ce qui fait 3 ours au lieu de 11 ... presque 4 fois moins que nécessaire !
Laisser la population d'ours française dans l'état actuel, c'est faire une croix définitive sur cette espèce et adopter une position revenant à éradiquer l'ours en France.
Sur base scientifique, on peut affirmer que si de nouveaux lâchers ne sont pas effectués rapidement, tout ce qui a été organisé depuis 1996 pour l'ours n'aura servi à rien". (extrait de "OURS : 10 erreurs fréquentes")

(8] Sait-on par exemple quel trésor de biodiversité nous avons perdu avec l'anéantissement par l'IPHB (Institution Patrimoniale du Haut-Béarn) des derniers ours pyrénéens de souche qui renfermaient dans leur patrimoine génétique les gènes les plus anciens de tous les ours de la planète ? (Recherches du Museum National d'Histoire Naturelle). Ne restent plus que le vieux mâle "Camille", le mâle "Aspe-Ouest" et le jeune mâle "Mohican" (dit aussi "Canellito"), l'ourson de "Cannelle", la dernière femelle béarnaise tuée par un chasseur le 1er novembre 2004. Ces trois derniers mâles recherchent désespérément leur femelle en l'absence de lâcher d'ourse décidées sur leurs territoires du Haut-Béarn et d'Aragon. Un énorme gâchis... que l'on pourrait alléger du jour au lendemain en décidant ces lâchers avant que les gènes de ces ours ne disparaissent définitivement avec la mort de leurs trois derniers porteurs.

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