Bonjour Didi47, pour nuancer les propos des éleveurs et/ou bergers anti-ours, voici des témoignages de bergers et éleveurs pyrénéens ayant choisi de cohabiter avec l'animal et saisissant les moyens (importants) mis à leur disposition pour cela :
Citation:
Paroles d'éleveurs et bergers pyrénéens cohabitant avec l'ours :
Voilà quelques propos de montagnards pyrénéens qui prouvent que l'ours a toute sa place dans ces montagnes :
"(...) Nous pouvons profiter de l'image de l'ours comme un symbole de qualité pour valoriser nos produits, pour marquer notre spécificité tout en renforçant des professions en voie de disparition (bergers, éleveurs, prestataires de portages par bât ...). Nous voulons affirmer aux opposants que s'entêter dans la non-cohabitation en refusant d'utiliser les moyens de protection ne peut cautionner une "battue à l'ours" au XXIème siècle"
Communiqué de l'ACP (Association de Cohabitation Pastorale), 9 juin 2004
"L’association des bergers des vallées d’Ossau, Aspe et Barétous, (...) Réaffirme son engagement pour une montagne pyrénéenne où cohabitent un pastoralisme vivant et l’ours brun, souhaite que tout soit fait pour assurer, dans la concertation, un avenir à la population d’ours brun sur l’ensemble des Pyrénées et notamment dans le Béarn, souligne la nécessité de pérenniser les mesures en faveur des bergers transhumants dans la zone à ours des Pyrénées-Atlantiques."
Association des bergers des vallées d’Ossau, Aspe et Barétous, 6 juin 2005
"En estive, réputée difficile, nous avons préféré nous battre aupres du ministère de l'agriculte pour qu'il nous finance un 2ème berger plutôt que de nous battre contre l'ours. C'est vrai que cela n'est pas facile de changer de pratique. Mais je ne comprends pas que certains éleveurs qui savent que l'ours traverse leur exploitation ou leur estive ne mettent pas en place ces moyens de protections. Non ne me dites pas que cela n'est pas possible (beaucoups d'éleveur le font, plus que l'on ne le croit), que le gardiennage fait maigrir (le berger à quoi sert-il alors). Ne me dites pas que sans gardiennage les bêtes ne disparaissent pas, connaissent la limite de votre exploitation ou de l'estive." (mai 2006)
"Hier au journal de 20 heures à la télévision, un gros titre « un ours a prédaté dans une bergerie en Haute Ariège ». Attention, le débat se réveille!
Pourtant, quoi d'extraordinaire qu'un prédateur fasse des dégât sur des troupeaux non protégés, que du bétail domestique fasse des dégâts dans des jardins mal clôturés, qu'un renard où un rapace entre dans une cour de ferme pour prendre poulets, canetons, que des ongulés sauvages fassent des dommages dans les champs de céréales non protégés. Les exemples ne manquent pas.
Que sommes nous devenus, nous paysans, pour affirmer que la cohabitation est impossible, être incapable de faire face à ce genre de problèmes et seulement proposer comme solution l'enfermement ou l'éradication de la faune sauvage ? (juin 2007)
Catherine Brunet, éleveuse en Ariège
"(...) Le renforcement de la populations d'ours dans les Pyrénées ajoute de nouvelles contraintes. L'histoire pourrait s'arrêter là . Les bergers éleveurs pourraient, par exemple, se battre contre l'ours. Ils tiendraient enfin un coupable. Et derrière les leaders, chacun prêcherait pour son exploitation en vantant les mérites d'un monde pastoral qu'une poignée d'hommes, silencieux eux, s'évertuent à maintenir par leur travail quotidien. L'ours finirait peut-être par disparaître. Mais rien n'aurait vraiment changé.
Alors oui, un autre avenir est possible. Il nécesite de concevoir la montagne comme un tout, où les résidents pastoraux cohabitent avec les forestiers, les chasseurs, les randonneurs, les citadins, et avec une montagne sauvage en équilibre avec leur activité.
En choisissant cette voie, le monde pastoral pourra retrouver ses valeurs. En s'ouvrant et non en s'opposant aux évolutions inéluctables de la société, il passerait outre le clivage ville-campagne qui certains revendiquent pour justifier intolérance et immobilisme.
En s'adaptant aux impératifs de préservation de la biodiversité, le monde pastoral, les communes propriétaires des estives et toutes les autres composantes de la montagne y trouveraient également leur compte.
Les troupeaux seraient de nouveau gardés, les bêtes mieux suivies et soignées, grâce à l'emploi supplémentaire de bergers. Leur travail de conduite guidée contribuerait à un meileur entretien de la montagne. (...)
Abdesselam Lagrissy, éleveur, Juillet 2006
"Fondamentalement, profondément, en tant qu'être humain et pyrénéen je crois que nos montagnes ne seront plus les mêmes; qu'elles perdent un peu de leur magnificence à chaque fois qu'un ours meure. Il est mythe et symbole de notre pays, il en est partie intégrante depuis toujours. Plus concrètement, il est aussi la preuve que nos paysages restent naturels où une biodiversité est encore possible et pas simplement un semblant de nature fait pour et par l'homme." "(...) Le monde agricole a souvent été caracterisé par son immobilisme, son refus de changement. En cela aussi l'ours dérange. Il est difficile d'admettre l'idée de devoir changer ses pratiques pastorales, et pourtant les pratiques ont déjà plusieurs fois changées. Que de différences entre les fruitières d'antan et la gestion actuelle où l'on trouve un pâtre pour 1000 à 2000 brebis, un vacher pour 100 à 300 vaches! N'y a-t-il pas là matière à réflexion, d'imaginer un partage de la montagne avant que celui-ci soit imposé de l'extérieur avec tous les inconvénients que cela induira automatiquement?(...)"
Francis Chevillon, éleveur, 2004
"(...) ces réintroductions d’ours doivent bénéficier au pastoralisme, elles doivent permettre une meilleure prise en compte des besoins du pastoralisme, doivent lui permettre de moderniser ses équipements, de mieux faire vivre les bergers, de mieux entretenir la montagne.
Nous pensons que ce sont sur ces thèmes qu’il faut réfléchir, agir, revendiquer ; si demain les ours étaient tous retirés des montagnes, est-ce que pour autant tous les problèmes du pastoralisme seraient résolus ? Évidemment non.(...)" "(...) Le maintien de l’agriculture de montagne et de la faune sauvage pyrénéenne n’est pas impossible. Des éleveurs, des groupements pastoraux ont déjà franchi le pas, les résultats sont là . Oui, les moyens de protection des troupeaux face aux prédateurs sont efficaces.(...)" "(...) Le principal problème, c’est le prix à la production de l’agneau, actuellement en chute libre, de -15 et -20 % par rapport à la même période en 2006, alors que les prix de l’année 2006 n’étaient déjà pas brillants. Les cours sont actuellement à des niveaux qui sont inférieurs de plus de moitié aux coûts de production, tandis que les prix à la consommation de la viande d’agneau eux ne baissent pas. La plus grande des prédations actuelles n’est-elle pas le peu de valeur accordée à l’agneau produit dans nos montagnes?"
Association de Cohabitation Pastorale (La lettre de l'ACP, aout 2007)
Si tu souhaites aussi un autre point de vue sur l'ours, je te propose aussi cela :
http://www.pyrenees-team.com/forumpteam ... php?t=2172
Bonne lecture