Un gardien de refuge se doit d’accueillir ses « clients » de la meilleure des façons possibles, et cela en toutes circonstances, c’est (une partie) de son dur boulot. Cependant, ils n’en restent pas moins humain et j’ai pu voir une différence notable de l’accueil selon le moment. En 2004, au Pinet, je bivouaque au bord du lac. Je décide de prendre un petit déj’ (5€) au refuge, qui est bondé à ce moment-là : accueil lamentable, nourriture insuffisante, pas un mot sympa. Je me dit : « ce gardien-là n’aura plus un sou de ma part ». 10 ans plus tard, il y a 3 semaines, j’arrive au Pinet sous la pluie et dans le brouillard tard le soir pour bivouaquer au bord du lac. Je me change sur la terrasse en bois, remarquant par la fenêtre que le refuge n’est occupé que par 4/5 personnes (en fait, il était attendu une trentaine de personnes mais toutes ont déclaré forfait). Le gardien (le même qu'en 2004) sort m’accueillir malgré le froid et la pluie et on tape la causette un bon quart d’heure, bien que je lui ai dit d’entrée que j’étais autonome. Il me propose de rentrer au chaud, m’offre une soupe et me dit que, si le temps se dégrade trop la nuit, je peux rentrer et dormir gratos sous la mezzanine au dessus de la pièce centrale avec des couvertures. Forcé d’attendre une journée et demie (mauvais temps), le gardien m’a offert durant ce laps 3 soupes et un dessert et surtout j’ai pu rester bien au chaud à l’intérieur du refuge tout le temps, sauf les deux nuits où je regagnais ma tente, alors que je n’ai pas dépensé un centime (je sais, c’est pas bien). Le lendemain, au Certascan (plutôt rempli), dès que j’ai dit que j’étais autonome, je n’ai plus existé aux yeux du gardien. Les 2 moments et les circonstances n'étaient pas du tout les mêmes. J'ai pu converser avec le gardien du Pinet un long moment dans sa cuisine (on n'était plus que 2 à ce moment-là - très mauvais temps, tout le monde annulait-) et j’ai retenu deux choses de sa part : - Même si cela est "anormal", le (bon ou moyen ou mauvais) accueil dépend beaucoup du nombre de « clients » présents ce jour-là , car souvent, le gardien est très, très occupé. Rien que pour répondre au tél, il faut une standardiste. - Pour être gardien de refuge, il faut une solide préparation à plusieurs métiers : cuisinier, hoteliers, technicien de surface, standardiste… « si t’aimes la montagne, tu ne deviens pas gardien de refuge car quand tu y vas, c’est pour bosser, gérer l’eau, réparer un truc, etc. » dixit Patrick. Je n’aime pas refuges gardés je n’y dors jamais, je n’y laisse pas d’argent. Mais je compatis un peu plus au dur métier qu’est gardien. La « faute » est sûrement partagée : à mon avis, les refuges sont beaucoup trop grands, trop « hôtels », il faut satisfaire toutes les envies des clients embourgeoisés. J’hallucine quand j’apprends qu’on peut prendre une douche chaude à 2240 m d’altitude… bientôt le wi-fi, la balnéo …
Vive les vieilles cabanes glaciales !!!! Pour ceux qui connaissent, la cabane de Martérat est pour moi le plus grand luxe que je m’accorde à la montagne. Bon, j’ai dû faire un peu de hors-sujet par rapport au post initial, mais pour conclure, je rejoins Zorey. : il faut laisser une chance au gardien, y revenir quand il y a beaucoup moins de monde, et voir le vrai comportement du gardien ce jour-là car je pense que 100% des gardiens sont foncièrement des gens très agréables ( sauf peut être … celui du Certascan ?)
|