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MessagePosté: 23 Juil 2016 22:03 
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Hello,
Je relate ici au fur et à mesure les 8 jours que je viens de passer sur un bout de hrp : de Hendaye aux forges d’Abel. J’espère faire la hrp dans sa totalité en 5 fois une semaine, à raison d’une semaine par an. Enfin, quand je dis la hrp, une hrp un peu personnelle.

J0 : samedi 09 juillet 2016
Je pars le cœur gros à 13h42 de la gare de Vinça en voyant mes 2 enfants me faire signe de la main. Je les abandonne 9 jours à leurs 2 grands-mères pour faire un bout de la hrp. J’en ai tant besoin, un peu de temps pour moi, enfin.
Mon sac pèse 12 kg pile poil : 4,6 kg de matériel, 1 kg d’eau et 6,4 kg de bouffe pour 8 jours et demi d’autonomie complète.
La bouffe :
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Le sac :
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Après 2 correspondances à Narbonne et à Bordeaux, j’arrive à minuit à Hendaye avec ¾ h de retard. Je ne sais pas où aller dormir. Je m’installe dans la salle d’attente de la gare en compagnie de 3 anglais mais un vigile nous demande de partir car il va fermer la gare. Bon, bah, où vais-je ? Je sors la boussole, la mer est au Nord, je file au Sud-Est pour m’éloigner un peu du centre-ville. Après 20 minutes de marche, je trouve un champ du côté d'Olhaso, où je m’installe confortablement sur de la paille. Il ne fait pas froid, il ne pleut pas, je dors à la belle étoile, enfin 3 ou 4 h de sommeil maximum.


J1 : dimanche 10 juillet 2016
Distance : 27 km (openrunner) D+ : 1650 m D- : 1430 m

Je me mets à marcher direction la plage à 6 h pétantes. Pas un chat dans les rues. Je m'installe sur un banc le long de la baie de Chingoudy à 6h20 pour prendre mon petit déj, il y a déjà 3 joggeurs qui me saluent, bin, ils sont matinaux ! J’arrive enfin sur la plage à 7 h, bigre déjà 5 ou 6 gars dans l’eau : paddle, surf…
Les 2 Jumeaux :
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le casino :
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Ca y est, c’est parti pour ma traversée du pays basque que je ne connais absolument pas, c'est la première fois que je mets les pieds ici.
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La baie de Chingoudy :
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La hrp et le GR10 coincident :
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1ère rencontre : 2 papys qui me disent qu’il va pleuvoir 3 jours de suite à partir de demain, super…
2ème rencontre, Mary, une canadienne anglophone, qui part pour un mois sur le GR10. On parle ensemble ¼ h puis je lui fait comprendre que je veux marcher plus lentement. En fait, je veux être seul. Enfin pas tout à fait seul, je veux être dans les pensées avec Caroline, ma douce, qui me regarde de Là-Haut. Je discute bien de temps en temps au fil des rencontres mais peu et souvent en anglais avec des estrangers, qui sont majoritaires aujourd’hui.

Biriatou :
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Coucou :
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Du Rocher des Perdrix, vue vers Hendaye :
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le mont du Calvaire :
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Xoldoko Gaina, où je rencontre un trailer qui n’a pas vu l’ours mais qui a hébergé Georges Véron en 1978 dans sa maison de Biriatou, sympa.
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Arrivée au col d’Osingo (Osingo Lepoa)
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Je grimpe sur les petits sommets côtés sur la carte : de l’Osingo Zelaia, vue sur le col des Poiriers (Pitare)
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Montée au Faalegi dans la forêt : un dolmen ?
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Manddale :
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Puis c’est l’horreur à Ibardin où je passe quasiment en courant. Beurk, ce lieu nauséabond n’a rien à faire sur le passage d’un sentier si renommé ( comme le Perthus d’ailleurs et d’autres…).
A la rigueur, une tolérance pour ce magasin qui appartiendrait à un éminent membre du forum ?
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Le joli petit sommet de Gartzin, côté espagnol :
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Je trouve de l’eau un peu saumâtre dans un tout petit ruisseau (Sagasti), il fait une chaleur à crever. Je veux aller sur la Rhune mais en passant par la petite Rhune. Du coup, je suis d’abord une petite piste vers le NE pour ensuite monter sur un petit sommet nommé Aritzmendi par son flanc ouest. Première galère : aïe, aïe,aïe, des fougères et des ronces hautes de partout. Je ressors amoché de cette escapade avec les jambes en sang, quelle idée à la con.
Je retrouve une piste que je suis 10 minutes jusqu'à une bergerie
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Puis je monte sur un petit sentier bien raide dans les fougères sur la crête
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puis sur la petite Rhune où je ne vois rien du tout, le brouillard étant tombé
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C’est ensuite le col Zizkuitz dans la brume puis le bout de route restante pour monter sur la Rhune.
Je suis seul au sommet, cool. Bon, il est 19 h
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Je ne vois rien, tant pis, je reviendrai en train avec mes enfants
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Je redescends de 50 m et je repasse sous les nuages.
J’ai compté : il y a exactement 542 cairns comportant chacun en moyenne 7 cailloux. 36% d’entre eux sont partiellement éboulés et 12 % en équilibre précaire.
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L’Ibantelli au Sud, que j’irai voir demain
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Je file à toute vitesse au col de Lizuniaga en suivant la frontière
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pour enfin me reposer devant un verre de bière coûtant 2€30. Bon, on ne m’y prendra plus mais au moins, je peux mettre mon bivouac sur la belle herbe devant l’auberge. Je suis nase, j’ai eu très chaud et très soif aujourd’hui.
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MessagePosté: 24 Juil 2016 06:29 
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:hello:
Haaa! Youpi! (J'aime bien les récits d'aventure)

Enfin un remplaçant au fourbe de Zorey qui nous a lâchement abandonné depuis 3 ans! ::d

Je valide le format (une semaine par an) qui a été le mien aussi... même si avec le recul et les expériences, deux semaines c'est physiquement mieux (en fait au bout d'une semaine on commence à bien avoir la patate, alors que les 3 premiers jours c'est plus dur). Mais une semaine, ça permet d'avoir un ou deux jours de recul complet sur notre vie et la société avant de retrouver tout ça, et de trouver le côté artistique de ce qu'on a du mal à supporter au quotidien (et le tout c'est de garder cette vision en mémoire en redescendant)

medinenko a écrit:
2 papys qui me disent qu’il va pleuvoir 3 jours de suite à partir de demain
ha non, c'est pas une prédiction, c'est un dicton local (et quand il pleut pas, c'est qu'il fait trop chaud... et des fois c'est les deux...)


Dans les années qui viennent tu préviendras, on s'organisera un ravitaillement en vol.

_________________
« Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux. Elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine. »
Alexandra David-Néel


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MessagePosté: 24 Juil 2016 06:41 
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Merci pour le partage ;
les récits d'itinérance sont toujours passionnants
j'attends la suite avec impatience !

_________________
" quand la montagne vous a pris votre âme , tout vient d'elle et tout vous ramène à elle "
Franz Schrader

http://montcalm.over-blog.com


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MessagePosté: 24 Juil 2016 11:45 
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merci c'est bien sympa, je note je note pour plus tard au cas où...
t'arrives à trouver assez de flotte sur le parcours ? parce que partir avec seulement 1l d'eau c'est limite je trouve... au début ça doit sûrement aller, après ça doit se corser..


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MessagePosté: 24 Juil 2016 12:18 
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Aupa Medinenko ::d
Superbe et émouvant récit à tous points de vue...
Je garde un souvenir particulier de la bergerie de Lizuniaga près de laquelle où nous avions également campé pour la dernière étape de notre HRP Bask...et dégusté un peu avant une délicieuse sopa de caldo à la venta, entre potes. .

Sinon la venta d Ibardin ne m'appartient pas hélas. ..je serais plus riche :happy1:


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MessagePosté: 24 Juil 2016 12:49 
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medinenko a écrit:
pour enfin me reposer devant un verre de bière coûtant 2€30. Bon, on ne m’y prendra plus mais au moins, je peux mettre mon bivouac sur la belle herbe devant l’auberge. Je suis nase, j’ai eu très chaud et très soif aujourd’hui.
:hello: :hello: medi

quand on se rencontrera, je te rembourse la bière ;)
parce que les aubergistes je les aime ::d
viewtopic.php?f=2&t=2734&p=45745&hilit=lizuniaga#p45745
PS : même par semaines....la HRP c'est sympa !
:super: :super: :amen: :amen:

:hello: :hello:


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MessagePosté: 24 Juil 2016 13:25 
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Très joli récit il'me tarde de lire la suite
Frédéric


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MessagePosté: 24 Juil 2016 14:42 
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Merci pour vos messages :hello:

LukeSmith : J’avais aussi adoré le récit de Zorey !
Comme tu le dis, j’ai commencé à bien avoir la patate au 4ème jour pour les montées mais j’ai, je pense, fait un peu trop de km (pour ma condition) pour en profiter pleinement. Allier itinérance et sommets est fatigant !
Pour le format, j’aurai bien continué davantage… mais je ne me plains pas, une semaine, c’est déjà pas mal, et ça dépayse bien !!
Pour la météo, les papys ont malheureusement eu raison
Merci pour l’idée du ravito :super:

Jean-Robert : J’essaierai de mettre le 2ème jour ce soir (tard je pense)

Sebcazes : non, 1 litre dans le pays basque, c’est largement insuffisant !!! Je m’étais calqué sur ma semaine en Ariège il y a 2 ans, où il m’arrivait de n’avoir que 50 cl dans ma gourde pour la cuisine du soir, je buvais à chaque ruisseau que je croisais, c’est-à-dire tout le temps !
Au pays basque, quand il fait chaud, bah ça fait pas semblant et j’ai beaucoup souffert de la soif alors que je remplissais les 2,4 litres de ma gourde à chaque fois que je le pouvais (dès le 2ème jour, le 1èr a été une belle leçon). Et j’ai refait la connerie de ne pas trop me soucier de l’eau lors du 7 ème (aux Trois Rois) et là, j’ai vraiment souffert :pleur4:
PS : je ne mets jamais d’aquapur ou autre dans l’eau pyrénéenne et je n’ai (aujourdhui) jamais été malade

Lagrole : Aupa :hello:
Oui, cette enseigne m’a fait sourire alors que je n'étais pas spécialement heureux de descendre les rues d’Ibardin. ;)
Je n’ai rien spécialement contre la venta de Lizuniaga, la dame a été très gentille mais j’avais l’idée de faire la traversée sans aide extérieure donc ça a été la seule et unique fois que je suis rentré dans une venta

Dino : avec plaisir pour la bière :amen:
Je ne connaissais pas ce fil de 2010, je vais le lire à tête reposée ce soir, je suis sûr que je vais me régaler et surtout mettre enfin des images sur ces lieux

Fred31 : merci !


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MessagePosté: 24 Juil 2016 23:20 
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J2 : lundi 11 juillet 2016
Distance : 34 km D+ : 1840 m D- : 1520 m

Je décolle à 7h30. Le temps est mitigé. Je fais le plein à la fontaine à deux pas de l’auberge. 2,4 litres, je ne prends pas de risque aujourd’hui, même si ça pèse.
Un couple de canadiens sortent à ce moment-là de l’auberge et me disent qu’ils se sont endormis à la fin du temps réglementaire du match avec le score de 0-0 entre la France et le Pourtougaaal . Tant pis, j’attendrai pour savoir si on est champions d’Europe.
Je grimpe sur l’Ibantelli en suivant d’abord des pistes par l'Ouest. Elles me ramènent au Nord sur un sentier marqué de jaune bien raide. Oup punaise, acide lactique dans les pattes, vivement que je retrouve la forme.
L’ibantelli à peu près visible
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J’arrive au col et à la borne frontière mais je suis déjà enveloppé par la brume.
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Je cache le sac dans les fougères et monte rapido au sommet. Pas de bol mais je m’y attendais, je ne vois rien du tout.
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Je croise un français dans la descente, la seule personne que je croiserai aujourd’hui (!), qui m’apprend qu’on a paumé 1-0 : et merde ! Et que Contador a abandonné au Tour : re-merde ! Bon, passons à autre chose.
J’arrive au col de Lizarriéta, je m’y arrête même pas, c’est glauque.
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Je file au col de Nabarlatz par la piste, inutile de passer par ces petits sommets sans noms.
En tous cas, ça ne manque pas d’indications :
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Et voilà qu’il se met à pleuvoir…. Je mets mon bout de carte IGN photocopiée couleur sur feuille A4 dans un ziploc et je laisse le GR11 à droite pour continuer sur la crête frontière. Je veux en fait faire les crêtes d’Iparla demain, et j’essaie de rester optimiste pour la météo, mais c’est pas simple.
Je veux en profiter pour faire l'Atxuria (Pena Plata) par le Sud-Ouest. Désolé, photo floue.
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(par beau temps, l’Atxuria est plutôt sympa à voir)
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J’arrive devant de petites parois où des chevaux m’accueillent.
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C’est à partir de ce moment là que je rentre dans le brouillard et j’y resterai quasiment toute la journée, sniff…
Par où passer ? Je trouve un cairn et je grimpe une petite cheminée facile mi-herbe mi-rocher.
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Je ne vois rien au sommet de l’Atxuria, tant pis !
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Je commence la descente par les traits jaunes plein Est quand j’entends chanter ! Véridique !
Je m’approche et je distingue à une vingtaine de moi un abri sous roche où chantent en espagnol deux personnes. Ca me semble être un chant religieux. Je me pince pour y croire mais je ne rêve pas.
Je laisse ces gens à leur méditation humide car la pluie fine au départ a redoublé.
Je suis trempé très vite mais comme je suis rarement en statique, je n’ai pas froid. Je garde précieusement mes 4 affaires sèches dans un sac étanche ultrasil Sea to summit 13 litres : sac de couchage, haut mérino, bas mérino, paire de chaussettes. Ca c’est précieux, pas mouillé surtout :ange:

Le sentier file vers l’Est puis bifurque au Nord. Je veux rejoindre le col 511, et décide, mouillé pour mouillé, d’aller au plus court et de ne plus suivre les traces : tout schuss dans les fougères. Erreur ! Je mettrai un très long moment pour sortir du bourbier et après m’être étalé 2 ou 3 fois de tout mon long dans ces « marécages », j’arrive tout crade au col avec beaucoup de chance car la navigation à la boussole était limite.
Je monte pour rien sur l'Antzuita et le Mendibil, où je reste 30 secondes, aucune visibilité et pluie et vent glacial :
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Je redescends en courant au collado Urbia :
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où je mange (à 15 h) sous une pluie fine : le choix est délicat, lyo pâtes bœuf paprika ou nouilles chinoises ?
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Finalement, ce sera nouilles chinoises, une pâte de fruits et un peu de pâte d’amande :
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Idée étrange malgré le mauvais temps, j'ai envie de grimper sur le petit pic indiqué au Nord-Est (Aizparaz). Après une petite montée, je trouve cet abri rempli de crottes de moutons, appuyé contre de belles parois où je n'essaie même pas de grimper tellement c'est glissant.
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Je contourne ces parois comme je peux sans sentier du côté Ouest et je me retrouve sur la face Nord sur des pentes raides au beau milieu de fougères aussi hautes que moi. Où est le sommet ? D'après la carte, 100 m plus haut donc allons-y. Le principe est simple : j'écarte d'abord les fougères avec mes mains, je regarde ensuite à leurs pieds où je mets les miens car il y a plein de cailloux bien glissants et je monte d'un mètre. Je mets un temps fou pour arriver au sommet où je ne vois strictement rien et où il n'y a même pas un cairn. Encore une idée à la con.
A la descente versant Nord-Est, j'en ai marre et je me mets à courir au milieu de fougères moins hautes et me gamelle au moins 3 fois. J'atteins enfin une piste au col Loiarako Lepoa. Inspection des jambes : une tique à la jambe droite qui essaie de rentrer dans la peau. Ejection immédiate avec le tire-tique. Cela arrivera 3 autres fois pendant les 8 jours.
Ras le bol de cette non-visibilité, je prends la piste direction Urdax/Urdazubi :
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Urdax est un charmant village espagnol où je ne rencontre personne.
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Je monte ensuite par une route cimentée à Telleria au Nord-Est :
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Je traverse une route importante (N121) puis prends immédiatement à droite sur une route qui deviendra une longue piste à partir de Bordaxuri :
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En passant cette ferme, un énorme chien fait un énorme bond vers moi à mon passage. Je suis surpris et lève par réflexe mes bâtons vers lui lorsque une chaîne stoppe le molosse net dans son élan. Ouff, j’ai failli avoir une crise cardiaque. Deux secondes après arrive un autre chien, non attaché cette fois, qui semble rouspéter le molosse de son mauvais accueil. Je m’éclipse vite fait sur la pointe des pieds.
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La piste laisse ensuite la place à un gros sentier à partir de Barrenekeko Borda :
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C’est ensuite un tout petit sentier bien boueux ( les pistes indiquées sur le Topo Espagne ne le sont pas toujours… des pistes) jusqu'à un croisement où je tourne à gauche (Larraldéa) en me fiant à la boussole. Mon but est d'arriver au col de Gorospil mais je me perds complètement. Après pas mal d’interrogations et de passages très boueux dans la forêt puis en dévers le long d’une cloture, mon alti m'indique enfin la bonne altitude : 650 m.
Problème : rien de coïncide avec la carte. Pas de croisement de pistes.
Je ne sais pas du tout où je suis. Ca ressemble à un col mais ce n’est pas celui de Gorospil :
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(Après coup, je pense que j’étais à un col au Nord-Est du pic Lizartzu).

Je lis trop vite la boussole et commence à marcher plus vite car j’en ai plein les baskets. Je ne m’aperçois pas que je file trop au Nord, descend ensuite trop bas et je me retrouve devant une batisse qui n’est pas la ferme Esteben comme je l’espère (ce sera en fait Jauriko Borda que je n'ai pas sur mon bout de carte photocopiée, celui-ci ne couvrant pas cette zone). J'ai l'intuition de devoir retourner vers l’Est mais cette direction est encombrée d'immenses fougères, ENCORE ! Rebelote, bataille contre ces monstroplantes aussi hautes que moi sous la pluie, je suis architrempé, il est 20 h, j'ai un peu le moral dans les chaussettes. Ce matin, j'espérais dormir au col de Méhatché mais j'ai maintenant simplement l'ambition de trouver 3 m² plats pour pouvoir poser ma tente et enfin me glisser dans mon sac de couchage. Après une heure de lutte, je tombe subitement sur un sentier que je prends vers la droite et qui me permet de monter sur une petite crête au Sud et de changer enfin de versant. Et là, tout est enfin clair, ou presque, car je pense reconnaître l’Artzamendi à l’Est. Je ne vois pas l’antenne mais j’en suis presque sûr.
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Je file en courant à l’habitation que j’aperçois plus bas en espérant que c’est la ferme Esteben : bingo. Enfin !!!!
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Je me retrouve du coup sur le GR10.Je me pose 10 minutes après sur le peu de plat que je trouve au col des Veaux. Il est 21 h 30, il pleut toujours et il me faut beaucoup de maîtrise pour me changer dans la tente sans pourrir mon sac de couchage et mes affaires sèches.
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Je mange une soupe forestière aux bolets bouillante et un lyo qui me réchauffent instantanément.
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Je suis archicrevé mais je n’ai pas eu de problème de soif aujourd’hui :) . Je mets pourtant du temps à m'endormir. Pas assez d'énergie pour trouver le sommeil...
Je n'ai vu qu'un seul randonneur aujourd'hui, ce matin sur l'Ibantelli. Demain, ce sera mieux, j’en croiserai six….


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MessagePosté: 25 Juil 2016 07:26 
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Bonjour Mehdi,

Superbe récit. On a l'impression de vivre cette aventure avec toi. Que de détails importants pour ceux qui envisagent cette HRP. En espérant bien un jour dégager du temps pour faire le même périple, sur ce même format...

David


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MessagePosté: 25 Juil 2016 08:21 
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ouais très sympa ce récit,
mais surtout ne jamais faire de roulades dans les fougères, jamais !
:happy1:
l'humidité c'est le pire truc quand même


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MessagePosté: 25 Juil 2016 08:54 
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C'est pas original comme commentaire, mais merci merci merci ! Déjà, pour le récit :amen:
En plus, on voit qu'on est pas seul à avoir des idéesàlacon, ca rassure, dans un certain sens :mrgreen:
et pour tous ces petits conseils distillés de-ci de-là (le sac étanche, la bouffe, ...) :super:


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MessagePosté: 25 Juil 2016 13:42 
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breizh09 : Merci. J'ai tellement lu et appris de récits d'autres hrpistes que j'ai eu envie de faire un peu pareil. Je ne sais pas si vous pouvez en retirez quelque chose, mais on peut aussi échanger sur le matériel, l'organisation, etc..

sebcazes : C'est clair que les fougères sous la pluie, ce sont de vrais châteaux d'eau ! On n'est pas habitué dans les PO :|
Bon, j'ai fait pas mal de bétises "contrôlées", ce n'était pas la haute montagne et les températures sont restées clémentes (8°C au plus froid la 5ème nuit)

tarlack : Welcome :)
Oui, des idées à la con, j'en ai eu beaucoup mais comme je le disais, elles étaient sans conséquence car basse montagne, etc, et puis je connais parfaitement les limites de mon matériel. Par contre, j'étais pas sûr du tout de mon niveau physique :mrgreen:


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MessagePosté: 25 Juil 2016 19:33 
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Bravo :super:

Merci du partage : récits et photos :amen:

Et oui la première couleur du Pays-Basques c'est le vert ;-)
et maintenant tu sais pourquoi :mrgreen:

on attend la suite ....

:hello:

_________________
Pourquoi le fait de ressentir dans nos jambes la distance parcourue nous procure un bonheur aussi intense ?


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MessagePosté: 25 Juil 2016 23:24 
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J3 : mardi 12 juillet 2016
Distance : 22 km D+ : 1540 m D- : 1270 m

J'ai l'ambition aujourd'hui de parcourir les crêtes d'Iparla mais, vu la météo ce matin (la même qu'hier), je suis pessimiste. Il fait bien gris, le plafond est très bas mais au moins, il ne pleut pas. Je peux ranger mon sac comme je le veux sans me presser.
La tente est trempée, je la ferai sécher si le temps s'améliore en cours de journée.
Je la mets dans une des deux poches latérales en mesh du sac à dos, en compagnie de la feuille de polycree qui me sert de tapis de sol. J’enveloppe ensuite le sac dans le sursac à dos Décathlon.
Je décolle à 8h30 et grimpe sans voir grand-chose en compagnie d’un troupeau de vaches, d’abord sur un sentier puis sur la route en direction du col de Méhatché, que je ne distingue même pas alors qu’il est à seulement 150 m de D+ :
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Au col, il n’y a aucune visibilité, je prends la pluie dans les yeux avec un furieux vent venant du Nord-Est qui me glace en un instant. Inutile de monter sur l’Artzamendi…
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Un peu décomposé, je ne regarde même pas la carte et me trompe en partant de suite à droite sur un sentier où je ne vois aucune trace rouge et blanche. Je regarde la boussole : forcément, je vais vers le Sud alors que le GR file à l'Est. Je rebrousse chemin, je retrouve le GR qui est pourtant ultra évident.
Le début de la descente n’est pas folichonne, même l’APN prend l’eau :
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Au col du diable d’Artzatey(altitude : 666 m), mon alti à 30 € n’a que 3 mètres d’écart :
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Je descends encore et enfin cela se découvre un peu.
Regard en arrière sur le col de Méhatché
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oui, oui, Philou, je comprends mieux pourquoi c’est si vert dans les Pyrénées-Aquati… pardon Atlantiques :
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Mais quand ça se dégage, ce coin est d’une beauté incroyable !
Je suis les bornes frontières puis file vers la bergerie Zelhaïburu où je rencontre 2 randonneuses aussi désabusées que moi. On ne se parle même pas mais on se comprend aux sourires échangés.
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Je vais voir à l'intérieur de la bergerie où une envie subite de m'allonger dans la paille sèche me prend.
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Non, pas le temps. Je m’oriente vers la descente et je découvre des paysages insensés, d’une beauté , d’un pentu incroyables. Et quelle verdure !
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J'entame la très sympathique descente devant les merveilleuses pentes du pic Itsusi. Je suis émerveillé !
En un instant, toutes les petites galères précédentes sont oubliées. Cette descente est un pur bonheur, je retrouve le sourire malgré la pluie, et je ne sens plus le vent sur ce versant.
Ca glisse un peu, faut faire gaffe sur quelques rochers :
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Le sentier passe en balcon :
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Pardon mesdames :
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Une petite prière au passage :
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J'arrive à la grotte du Saint-qui-sue (harpékosaïndoa) : je suis loin d'être un saint et de suer aujourd'hui !!
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(je viens de voir qu’il y a un retardateur sur l’APN, arff la technologie et moi…)

Je descends le bout de route jusqu'au pont sur le Bastan et enfin, la pluie s'arrête.
J'étale mes affaires sur le muret pour les faire sécher, je prends de l'eau dans le gave et je me restaure un peu.
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A chaque (courte) pause, j’enlève le t-shirt et j’enfile la polaire sèche et bien chaude.
En dynamique par ce temps, je suis toujours avec mon (seul) T-shirt et ma veste imperrespi coupe-vent hyper légère Haglöfs (240 g).

Que faire maintenant ? Les crêtes d'Iparla avec un plafond si bas, inutile, je n'y verrai rien...
Après 15 minutes de repos, je décide quand même d'y monter. Je décide bêtement de couper au plus court en grimpant directement dans la pente à l'Est quelques hectomètres après le pont. Grosse connerie : je me retrouve sur les ruines d'une bergerie (Agorretako Borda) empêtrées dans d'immenses ronces mélangées à des fougères. Oh non !!!!! Je ne vois pas où je mets les pieds et je sens à chaque pas 3 ou 4 épines me transpercer la peau. Je mets un bon moment à me dépêtrer de ce chantier et à arriver sur la clairière indiquée sur la carte plus au Sud. Je sors de cette propriété privée très vite, ayant les jetons qu'un chien ne déboule à ma rencontre.
J'arrive enfin sur le petit bout de route convoitée qui me mène très vite au hameau d' Iturxilenea.
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Pour la cartographie, je suis parti avec 14 feuilles A4 photocopiée recto-verso.
Pour cela, je trace mon trajet sur la carte à l’échelle 1/25000 sur Openrunner, fais une capture d’écran, finalise avec Paint en traçant un rectangle dont les sommets opposés sont deux points de mon trajet. Le problème est que si je dévie de mon tracé pour une quelconque raison, je peux vite me retrouver hors carte et … je ne sais plus où je suis. C’est plus léger que de porter des cartes mais c’est un gros inconvénient dont je vais réfléchir à l’avenir.
J'inspecte cette fois attentivement la carte : 2 sentiers partent de ce hameau vers le Sud pour grimper dans la forêt vers les crêtes d'Iparla. Sur le terrain, que nenni ! Impossible d'en trouver un seul ! Je dois être miro, pas possible autrement.
Je passe une clôture pour aller dans un champ bien pentue (point 247) pour espérer trouver le 2ème sentier, et… je le trouve enfin : un très vieux sentier non entretenu encombré d'arbres couchés et de feuilles bien glissantes, cool...
Finalement, cela ne se passe pas trop mal tant que je reste dans la forêt, mais à peine arrivé en amont à la lisière, le sentier m'abandonne dans un champ immense de fougères. Et merde ! Et c'est reparti ! Et v'là que la pluie se remet à tomber en plus …
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Regard en arrière, perdu dans mon océan de fougères :
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Je m'agace un peu et grimpe avec énergie dans ces fougères aussi hautes que moi pour atteindre quelques arbres esseulés où je trouve un peu d'herbe au pied de leur tronc. Je vois un peu plus haut une discontinuité dans cette immense champ de fougères et je m'y hisse : oui, c’est le sentier indiqué sur la carte. Son balisage est jaune.
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Je le prends vers le Sud-Ouest et il m'amène rapidement au col de Lacho au-dessus de la grange de Larantonaldeko.
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Cela monte ensuite très raide vers le Sud-Est et j'atteins une ruine.
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D'après le carte, le GR10 n'est pas très loin à gauche. Je grimpe la boussole à la main
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pour enfin atteindre les fameuses marques rouges et blanches que je suis maintenant facilement.
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Fini les fougères, l'herbe est bien rase, cela me soulage. Je suis dégoulinant de partout et j'ai faim (il est 14 h 30). Je croise brusquement 4 randonneurs frigorifiés et je n'ose même pas leur demander si on n'y voit quelque chose là-haut, vu leurs dégaines et leurs envies de redescendre à toute vitesse.
Plus je m'entête à monter, plus le vent forcit, et je dois enlever lunettes et bob à 900 mètres environ pour ne pas qu'ils s'envolent.
Soudain, je vois un brin de ciel bleu apparaître très furtivement. Je grimpe 50 m encore et miracle, les nuages se mettent à bouger à une allure folle et se désagrègent peu à peu.
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Les nuages bas restent bloqués le long des crêtes :
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Plus je m’approche du pic d’Iparla, plus l’espoir grandit d’y voir enfin quelque chose !
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Et là, le spectacle apparaît !
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C’est pour ces moments-là qu’on aime tant la montagne.
L'arrivée au pic est ahurissante : la vue s'est dégagée à 360 ° en 10 minutes et je me retrouve tout seul avec cette vue: VICTOIRE !
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Je ne suis pas monté pour rien ! Tout est beau : le pentu, le vert, les vallons basques et les maisons isolées :
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Je vois même en arrière l'Artzamendi qui m'a snobé ce matin
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Je suis époustouflé tout le long du repas que je prends contre le poteau cimenté du pic en contemplant ce qui m’attend pour le reste de l’après-midi. Bon, y a bien un peu de vent mais quelle chance quand même !
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Des rapaces ne cessent de me survoler. Non, non, je ne suis pas encore une charogne.
Je parcours ensuite avec joie et solitude toutes ces magnifiques crêtes. Regard en arrière depuis le pic de Toutoulia :
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Je descends au col d’Harrieta :
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Juste une question pour les basques? La terminaison -ko veux dire col ? Si oui, pourquoi rajoute-t-on lépoa alors ?

Puis je remonte sur l’Astate :
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Puis le Buztanzelhai :
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Jolie crête menant au col d’Ispéguy que je suivrai après :
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Je descends au col de Buztanzelhai et je quitte le GR10 qui file à Saint-Etienne-de-Baïgorri pour monter sur l’Aintziaga espionner quelques vautours :
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(je suis une bille pour la mise au point, …ou pas assez patient)

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le Buztanzelhai depuis l’Aintziaga :
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Que c’est beau ce vert entrecoupé de roche, on dirait un peu l'Ariège finalement :drapeaublanc: !
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Le col d'Ispéguy au fond, alors que l’Hautza est bouché. On voit tout à gauche à l’avant dernier plan le col Nekaitzeko où j’irai dormir:
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Je retrouve étrangement des marques rouges et blanches au col d’Aintziaga, sans doute une variante du GR10.
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Je longe la ligne de crête par le versant Nord pour arriver au col d’Ispéguy où je me ravitaille en eau dans les toilettes de la venta.
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Je ne me sens pas fatigué aujourd’hui malgré la longue journée, je sens que la forme revient.
Et puis, le poids de mon sac diminue d’environ 800 g ( de nourriture ) par jour. Avec le poubelle jetée à Ispéguy, je pense qu’il est plus léger de 2,5 kg par rapport à Hendaye et pèse maintenant aux alentours de 9,5 kg avec 1 litre d’eau.
Je crains 2 choses en rando : le froid (relatif à cette période) et le poids. Quand je croise un hrpiste qui traîne 20 ou 22 kg sur ses épaules…

Je marche encore 40 minutes jusqu'au Nekaitzeko Lepoa, où je plante enfin ma tente après une journée bien remplie. J’ai même droit à un peu de soleil qui me sèche mes affaires
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J’aperçois le col d’Elhorriéta mais pas le sommet de l’Hautza:
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Il fait beau ce soir, peu de vent, le bivouac est un bonheur.
J’ai cherché la borne 98 en vain. Peut être ce rocher brisé :
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Je n'ai croisé que 6 personnes aujourd'hui (hormis à la venta d'Ispéguy), je n'ai parlé à personne mais j'ai finalement passé une merveilleuse journée.


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medinenko

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30 Aoû 2017 13:07

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