Madame, Monsieur,
j'ai sollicité les services de votre société "Transpyr, ca t'évitera de lire" pour effectuer l'ascension des Monts Rouch. Vous m'aviez dirigé vers votre meilleur guide, qui, selon vos dires, alliait l'oeil percant du rhinocéros à la puissance de la taupe. A vrai dire, je n'avais pas compris sur le coup, mais c'était bien vu. Enfin, bien vu, facon de parler. "Avec lui, aucun risque de nuages, regardez son portfolio !". Il est vrai que le bleu du ciel était plus présent que les montagnes, très discrètes au demeurant : au mieux des collines. "Et vous verrez, il cuisine divinement bien !". Parfait, vous dis-je alors, je prends ! Pour compléter, vous m'aviez précisé que le guide était plutôt grand et "avait beaucoup d'expérience", et que nous serions accompagnés par deux géants catalaudois dans la fleur de l'âge. "Ah, je serai donc le plus petit et le plus jeune de la troupe, et de loin !". Avec le recul, je pense que c'est là que j'ai commis une gaffe, il y a dû avoir comme une confusion sur "le plus jeune et de loin !".
A mon arrivée vendredi soir par le train, quelle ne fût pas ma surprise de me retrouver au beau milieu d'une tempête à peine passé le col de puymorens : rien en Ariège, des trombes d'eau dans les PO. Pour le ciel bleu, je repasserai, me dis-je...Une fois sorti du train, on m'emmena en barque jusqu'au bâtiment principal de la gare de Latour-de-Carol-Enveitg : on me reprocha presque d'avoir oublié de prendre un maillot de bain, parce que "les gens le savent qu'il pleut tout le temps dans les PO !". Votre guide, Dalmatien, m'attendait, à l'heure. C'est quand je l'ai vu s'avancer avec une poussette vers le pot de fleur en lui faisant des gouzis gouzis que j'ai eu mes premiers doutes. Enfin bon, peut-être est-ce parce qu'il est presque 20h et que d'habitude à cette heure là il est déjà au lit, me suis-je dit. La confusion effacée, j'ai quand même refusé de monter dans la poussette : malgré tous mes efforts, impossible d'y rentrer.
Je vous passe la conduite jusqu'à son domicile, assez calme au demeurant. Ce n'est pourtant pas l'appréhension qui manquait. Les deux géants audocatalans, Ludo et Yannick, étaient déjà arrivés, et se sont révélés extrêmement sympathiques dès le premier contact. Nous nous mîmes à table immédiatement, le réveil le lendemain étant à 5h. La chaise haute étant trop petite pour moi, je pris une chaise normale. Par contre, j'ai protesté quand, tout fier, Dalmatien m'amena du jambon de chez "Bonzom", une sorte de secte charcutière locale si j'ai bien compris, pendant que le reste de la troupe mangeait des joues de porc au rancio. Heureusement, Ludo m'a discrètement mis de la joue dans mon assiette. Je l'en remercie encore. J'ai vite compris pourquoi le guide avait fait de la joue : il n'y a pas besoin de mâcher. En tout cas, vous aviez raison sur la qualité culinaire du guide, c'était succulent !
Le repas se déroule très agréablement, avec des discussions de pyrénéiste où j'essayais de situer quelques noms par-ci par-là pour ne pas être complètement paumé. Au moins ca rassurait sur les connaissances du guide : avec de telles connaissances, il ne faisait aucun doute que l'itinéraire de demain avait été parcouru des dizaines de fois, que chaque pierre du cheminement portait les traces de ses précédents parcours. C'est donc serein que je m'endormais à côté du petit lit qu'il avait mis à ma disposition, regardant les étoiles projetées par la veilleuse. Et je me disais : c'est quand même bien la vie de bébé !
Réveil 5h05 du matin (5h07m36s pour Ludo, qui aime optimiser le sommeil et avait perdu deux heures de sommeil la veille à calculer l'heure optimale), difficile pour les plus jeunes, pour les anciens ca ne pose plus de soucis : Dalmatien était guilleret avant même d'avoir avalé sa bouillie...Petit-déjeuner de bonne humeur, Ludo me verse du café dans le biberon, il me faudra bien ça ! Je stresse un peu pour les 2h30 de route qui nous attendent : avec une mauvaise vue et une réputation de pilote fou, va-t'on arriver vivants ? Ludo a prévu les longes pour se vacher aux portes, le casque pour les chocs, et des petits sachets en plastique sont distribués. Finalement, ca n'est pas si terrible. Certes, j'ai mal aux bras à force de m'accrocher à la poignée, mais nous sommes arrivés entiers, c'est pas mal. Un petit transfert en taxi pour éviter 1h30 de piste à remonter, et la rando commence (enfin !).
Le premier panneau que je vois indique l'estanh Gola en 1h15, le col Curios en 1h55. J'ai entendu ces noms là hier, on doit passer par là . Autant on est bien passés à ces endroits, autant pour le timing, Dalmatien a un peu forcé le pas. Estanh Gola en 40 minutes, mais la récompense est là : pas un pet de vent, lac miroir.
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1h15 depuis le parking, on arrive au Col Curios. Pendant tout ce temps, Yannick et Ludo ont discuté comme si de rien n'était, Dalmatien était devant à marcher d'un pas lent, mais lent...mais toujours devant, et toujours irratrapable ! Et moi je haletais entre les deux groupes. Mais bon, on m'avait prévenu, pas de pause, le dernier à en avoir demandé, on ne l'a jamais revu, il s'est soi-disant perdu dans un canal.
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Au col, on se sépare en deux groupes : Ludo et Yannick partent sur l'arête des pics de la Gallina, nous on va contourner ces pics par l'Ouest pour aller chopper une arête qui monte au pic de Tarterat.
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Je la vois, l'arête, elle me parait quand même très raide, ce dont je fais part au guide : "bah, mais non, c'est large ! On verra bien, Véron dit juste qu'il faut les mains." Véron, Véron, c'est nous qui verrons, pas lui ! Et c'est là que je me suis rendu compte de l'horreur : à partir de là , le guide n'est jamais venu dans le coin. Ca s'est vu aux 4 ou 5 demi-tours qu'on a fait sur les 200 premiers mètres à partir du col Curios. Arrivés au pied de l'arête, il est parti devant, pour bien faire tomber tous les cailloux afin que je ne glisse pas. Le soucis, c'est que quand on a la vue un peu basse, on ne sait pas s'il y a quelqu'un en dessous....
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Enfin bref, on est montés, rangeant les batôns pour la partie la plus raide, suivant les conseils de Dalmatien pour certains passages : "appuie toi sur le gros caillou en face de toi là ...ah c'est un arbuste ? Bon, c'est pas grave, tu as une dalle qui accroche bien juste à côté de ton pied gauche, comme ca tu ne risques pas de tomber dans le précipice qui est juste dessous. Comment ca, pas une dalle mais du gispet mouillé ?". En tout cas, elle était bien raide sur la fin, cette arête.
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Enfin, et grâce à sa patience, il faut bien le dire, je suis arrivé en haut. Et c'était beau.
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Ensuite, et bien ensuite ce fut l'arête plate jusqu'au Mont Rouch, l'austérité abrupte du côté ariégois, les étangs étagés de la gallina, les nuages qui montent et transforment une crête chantante au milieu d'un paysage d'automne en une arête hostile en plein hiver. Les aucadotalans nous ont rejoins, tout émerveillés d'une rencontre avec des bouquetins sauvages (enfin, sauvages mais ils ont un collier wifi pour être à jour sur fesse de bouc).
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Je finis l'aller-retour avec eux, Dalmatien est parti devant pour pouvoir commencer à prémacher son pique-nique : c'est que le fromage de brebis c'est dur. Ludo nous fait un cours de coiffure en palmier, personne n'a été très convaincu, même Dalmatien : "les tresses ca fait longtemps que ca se fait plus, voyons !".
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Le retour se fera plus au calme, je louperai bien le chemin une fois ou deux et serai en retard de temps en temps, mais on rentrera à l'heure prévue. Mon seul regret est de n'avoir pas été assez rapide pour les tres estanys et d'avoir empêché le groupe d'y aller...
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Quelques photos supplémentaires de cette journée, qui, vous vous en doutez maintenant, a été une joie ininterrompue !
La crête empruntée à l'aller, qui a de la gueule quand même !
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En résumé,
Avec Transpyr, il y a toujours du rire !DSC02240 by
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