J'ai bien compris que si je voulais te rendre un dernier hommage, ce n'est en passant par ton maître que je pourrais le faire, alors je m'adresse directement à toi.
Je t'ai vu quelques fois, parce que ton maître le voulait bien sinon, toi tu aurais préféré te passer de ma compagnie. Pourtant, à voir défiler les nombreux invités que ton maître ramenait chez toi, il devait y en avoir des grands barbus, des petits rabougris et d'autres qui ne faisaient pas plus de 50 kg tout mouillé, et je pense que parmi eux, je devais être l'un des plus sympathiques lorsque s'approchait le repas. Tu te souviens Rex hein ? Tu savais qu'en ma présence, je ne toucherai pas à l'immonde mixture que ton maître t'avait préparé auparavant. Si ca se trouve, il te servait de ces vieux restes qu'il ramassait en montagne : berk ! C'était peut-être pour ça que tu ne voulais pas me "bouffer" lorsqu'une fois de plus, ton maître te l'ordonnait. Tu voyais en moi l'herbivore qui ne présentait aucun danger pour toi et ta gamelle.
Je revois encore tes yeux, et quels yeux, s'illuminer à l'approche de cette vieille soucoupe que ton maître avait déniché chez un vieux brocanteur dans le XXème !
Tu avais fière allure malgré les sévisses que ton maître te faisait endurées !
Tu portais haut les couleurs qu'aucun de nous portons : pas de jaune ni de orange, ni de vert ou de rouge, juste du noir et du blanc.
Alors voilà , tu grognais lorsque je te prenais ton canapé, mais c'était pour la bonne cause voyons, tu n'aurais pas laissé ton invité, herbivore et de surcroît béarnais, s'assoir sur l'autre canapé qui n'est pas exposé face à la cheminée. Il faisait bon et chaud sur ce canapé, veinard, j'aurais pris le même à ta place. Ton maître n'a pas besoin de ce confort, il voyage toute l'année en classe "Affaire" !
Tu étais brave, et tu nous l'as montré.
Même la nuit avant mon voyage, tu n'es pas venu me grogner lorsque je dormais dans ton autre chez toi là haut. Purée, tu réalises qu'avec ton maître, tu bourlinguais tout le temps, le pied, enfin la patte !
J'envie la vie que tu as eue. Je disais à ton maître, " à la fin de ma vie, je n'aurais sans doute pas visité autant de paysages et sommets que le tâcheté ". Preuve que ton maître s'est bien occupé de toi.
Dans le récit de ta vie, tu as laissé une emprunte sur ton maître qui sera indélébile. Je lui écrivais aussi " Les amis de mes amis sont aussi mes amis.", alors si tu le veux bien, écartons les querelles que nous avons pues partager, et laisse moi t'appeler ainsi.
Je suis certain que ton maître trouvera la quiétude et le moment opportun pour que tu t'envoles une dernière fois sur les hauts sommets pyrénéens.
Rex, Doudou, le tâcheté, Douguy (et oui ton maître ne révélait jamais ta vraie identité car il t'aimait trop !), repose en paix.
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