Depuis un moment, j'avais des vues sur le Pech, au pays de Fred
J'avais donc demander des tuyaux au seigneur des lieux, Fred-the-Cathare
Je voulais y amener ma fille, afin de poursuivre son éducation montagnarde, et avant de lui faire attaquer les" gros morceaux" de chez nous
Alors nous voilà parties sur les chemins cathares, par la voie de la Fenêtre:
Grand beau, mais ce foutu Eole ne nous lâchera pas d'une semelle. On démarre sur la D45, au point côté 601m.
Le chemin monte dans la forêt, traverse une prairie puis monte de nouveau; en fait ça ne fait que grimper; paysages magnjfiques, sortis de je ne sais où
:
serpentant parmi qq petits couloirs raides, où ils faut s'aider des mains.
600 m de déniv plus haut on est au sommet; malgré le vent ( l'anémo enregistrera des pointes à56 km/h) il y a foule; entre 2 rafales on mange au sommet, puis on prend le chemin qui traverse horizontalement le sommet :
qd soudain, juste avant d'arriver au replat, une personne m'interpelle : "attention, un hélico va arrive, un monsieur a fait un malaise". Bien; je me mets contre un rocher avec ma fille afin de ne pas gêner Dragon.
5 mn se passent, rien, pas d'hélico en vue; je choisis de continuer à descendre; un peu plus bas je vois effectivement un homme à terre,sur le chemin, avec 4 personnes autour de lui, dont une en train de faire un massage cardiaque.
Je leur demande si elles ont besoin d'aide; une des personnes me répond " oui svp", presque dans un cri de soulagement.J'écarte ma fille et la fait asseoir un peu plus loin.
Ils se relaient au massage cardiaque, mais fatiguent; ça fait 15 à 20 mn qu'ils massent et insufflent, les secours ont été prévenus immédiatement, mais ne sont tjrs pas là.
Je masse alors le randonneur inconscient pendant que le jeune homme l'insuffle; en même temps je demande s'il a des antécédents médicaux : non, rien, il n'est pas cardiaque, marche régulièrement, bonne hygiène de vie etc...Sa femme est là près de lui, lui tient la main, et ne cesse de lui parler, de le soutenir.J'ai une couverture de survie ds mon sac, il y a du soleil mais le vent est frais, une des personnes le couvre avec.
L'homme, qui s'appelle Pierre a fait le malaise à 12H50, il est 13H20 lorsque j'arrive; une des personnes qui a commencé le massage est infirmière; elle me dit que lorsqu'elle s'est portée à son secours (ils avaient marché, elle et 2 autres personnes présentes, une 10zaine de mn ensemble, avant de continuer seuls)il clignait des yeux mais avait du mal à respirer, et avait convulsé; puis ensuite ça s'est mal passé; qd je suis arrivée, je ne sentais pas de pouls et les pupilles de Pierre étaient fixes....je croise le regard du jeune homme : on pense la même chose... Je lui dit " on continue; insuffle, je masse; il faut continuer jusqu'à ce que les secours arrivent"
La 4° personne téléphone de nouveau aux secours " ils arrivent, ils sont en route; c'est Dragon34, il vient de Montpellier".
ça fait presque une heure que Pierre est en arrêt cardiaque, plus de pouls, pupilles fixes;ça fait presque une heure qu'on le masse; sa femme est en face de moi, et ne cesse de lui parler; je ne sais pas si elle se rend compte que tout est déjà fini. Néanmoins, nous aussi on encourage Pierre à tenir, que l'hélico va arriver....
Et puis finalement l'hélico arrive; il est 13H45...
Les secouristes sont étonnés de trouver "autant de monde - 2 personnes qui se relaient au massage et 1 qui insuffle - auprès de la victime".
Ils perfusent Pierre, me demande de continuer à masser; les 2 autres jeunes femmes soutiennent à l'écart la femme de Pierre. Puis j'alterne le massage avec un des sauveteurs ; l'hélico en dépose 2 autres avec le matériel lourd ( défribillateur, etc).Pierre est intubé
Ils choqueront 3 fois; rien, pas de pouls, aucune réaction.le doc me fait un signe de dénégation; appel radio de l'hélico : un des sauveteurs lui dit d'attendre encore 5 mn; il ré-injecte une autre dose d'adrénaline.
Puis à 14H05, le doc prononce le décés...Très dur moment pour tout le monde un des secouristes prévient sa femme que c'est fini; j'aide le doc a rajuster les vêtements de Pierre, afin me dit-il " qu'il soit présentable devant sa femme" ( ils avaient découpé ses habits pour placer les électrodes, on avait au début, massé à même le tee-shirt et la chemise).
Les secouristes nous disent que l'ont a fait tout ce qu'on pouvaient, ils nous remercient;
oui, mais malgré tous nos efforts on n'a pas pu ramener Pierre à la vie, et eux non plus avec leur matériel;
la vie est bien fragile.Et à cet instant là on a tous le coeur brisé...
l'infirmière me dit qu'à l'hôpital avec tout le matériel sur place ça aurait été si facile, mais là sur le terrain....
L'hélico revient, se pose sur le replat ; les secouristes récupèrent la barquette et la monte jusqu'à Pierre; sa femme est effondrée; on la laisse seule qq mn avec son mari, puis on fait ce qu'on peut pour la soutenir dans ce drame; mais quels sont les mots justes dans ces situations là ? On ne se connaît pas, et pourtant pdt qq mn, on a été si proche, se battant tous ensembles pour qu'un miracle arrive.Elle me demande " vous êtes sûr que c'est fini ?"...Quoi répondre à cette femme dont le mari vient de mourir sous ses yeux? Que les secouristes ont mis tout en oeuvre pour sauver Pierre, mais que malheureusement ....
On la soutient pour la redescendre au replat; elle est choquée et peut à peine marcher.
L'hélico fait une première rotation au col de Linas, où les pompiers attendent, puis reviennent chercher l'épouse; elle n'est pas en état de faire 1H30 de descente.
On se sépare, les secouristes nous remercient encore; je récupère ma fille lui explique ce qui vient de se passer.
Elle me demande de lui apprendre demain les gestes qui peuvent sauver...
On se remet en route et passons sous la Pique Grosse:
La descente au col Linas étant très longue, je décide alors de couper à travers champs, mais à un moment donné, c'est la jungle; finalement qq égratignures plus loin on reprend la route mais la voiture est encore à qq km ( on a fait la boucle); ayant eu notre lot d'émotions et ma fille commençant à montrer des signes de fatigues, j'arrête une voiture et demande au conducteur( un couple de toulousains ) s'il veut bien nous pousser plus loin; ce charmant homme s'exécute et nous dépose devant notre véhicule.
merci à lui.
Voilà une journée qui ne s'achève pas dans la liesse que l'on peut éprouver ds tte sortie montagne.
Ce soir , c'est à la femme de Pierre que je pense.
les photos, pour la forme :
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