Dimanche aprèm, cap sur les Encantats où je retrouve JC au parking de Prats d’en Pierro ( Espot).
Au départ on avait prévu de faire le Saborédo lundi et le couloir N de la Grande Encantat mardi avec Cécile, Alain et Nath.
Mais les dernières prévis mto changent nos plans
; au vue d’une iso zéro qui va crever le plafond mardi,et des averses prévues l’après-midi, finalement on préfère prendre les devants et faire le couloir le lundi
; quitte à le refaire le lendemain avec nos 3 compères.
Donc départ fin de journée du parking au-dessus d’Espot ; on arrive au refuge Ernest Mallafré en moins d’une heure ; refuge non encore gardé mais avec tout le confort : matelas, couvertures, oreillers et poêle à bois.
On s’installe, ou plutôt on s’étale, vu que nous sommes seuls.
On a une vue magnifique sur le couloir et la face que l’on va gravir ; c’est époustouflant
; on ne sait pas encore que l’on va vivre de grands moments !!
Le couloir est bien blanc, mais il a purgé.
On a bien du mal à faire partir le poêle, malgré les zips, mais une fois lancé, ce dernier ronronne à plein régime.
En soirée arrive un couple d’espagnol.
Le lendemain, réveil 5H ; on démarre à 5H45 ; en à peine ½ heure on est au pied de la face.
On cramponne et on remonte le cône de déjection ; le passage clé réside dans un ressaut d’une trentaine de mètres, en neige plus ou moins dure; un piton au pied de la voie permet d’installer le relais ; JC se lance, je le suis puis ensuite la pente est raide mais ça déroule bien ; 500m de déniv plus haut on arrive au col entre les 2 Encantats ; la face W de la petite Encantat est vertigineuse .
JC dans le ressaut :
On s’attaque ensuite aux vires » expos, mais facile »
dixit le topo.
Et ben qu’est ce que ça doit être quand c’est difficile !!
En fait c’est très gazeux ; on remonte d’abord un peu l’arête puis on travers sur des vires où l’on peut difficilement protéger. Tout faux pas est interdit : y a du gaz ; l’engagement est total ; petit bras et petit mental s’abstenir
.
vue sur l’étang de San Maurici :
On fait trois traversées dans une neige profonde, on passe des arêtes neigeuses pour se retrouver dans des pentes « plein gaz », bien expos ; des cheminées, certaines pierres qui tiennent moyen, bref, une attention constante ; on arrive enfin au sommet de la Grande Encantat, 2747m ; on vient de faire une 1° partie de course sublime !!!notre cordée fonctionne du feu de dieu !!!
Et on ignore encore que la suite va nous plonger dans l’extase
!!!
Panorama magique là -haut ; mais c’est vrai, n’oublions pas que nous sommes dans les Encantats, lieu enchanteur s’il en est ; et là , on est en plein cœur.
On s’engage ensuite dans la descente : on suit l’arête sud pour tomber sur un 1° rappel vertigineux à souhait ; 60m pour rattraper une vire neigeuse qui doit nous mener jusqu’à un col « bien marqué »
JC dans le 1° rappel :
le rappel vu du bas :
en fait on ne prend pas le bon col….et c’est tant mieux, parce que ce qui nous attend complète admirablement bien la course ; on tire un 2° rappel qui nous amène dans des pentes neigeuses puis à l’entrée d’un truc complètement démoniaque
!!!
Sujets au vertige, fuyez
Devant nous s‘ouvre une cheminée de pas loin de 200m de déniv, ou plus exactement de verticalité !!
Somptueux ; la cerise sur le gâteau !!! tout d’abord on désescalade des rochers prudemment .
On se demande alors si ça va passer, ou si l’on va être obligé de tout remonter !!
En contre bas, on aperçoit une sangle sur un arbre, mais bigre, c’est chaud pour y aller
Au moins on est sur le bon chemin, ou du moins sur un itinéraire qui « passe »
Alors on pose un anneau de corde sur un rocher, je commence à descendre, et soudain, 1m en dessous du rocher, se cache une sangle et une cordelette ; on replace le rappel et ensuite c’est une succession de rappels vertigineux, verticaux de 60m de longueurs ; on en fera 3 dans cette voie ; à chaque fois des sangles sont en place avec des maillons rapides.
Un des 3 rappels de 60m dans la longue cheminée :
le vallon de Monestéro, par lequel on reviendra, vu du dernier rappel :
Que du bonheur !!! Et le tout dans un cadre grandiose ! on prend pied dans le vallon de Monestéro qui nous ramènera en 1H15 au refuge.
On est subjugué par ce que l’on vient de vivre !!! une course splendide, soutenue du début à la fin, engagement total, sans concession, où le pied et la main ne doivent pas faillir.
Assurément, une des plus belles courses que l’on ait fait, si ce n’est LA plus belle
!!
Cécile nous rejoint au refuge peu de temps après que l’on y soit retourné, puis 1 h plus tard Alain et Nath sont là .
On leur explique qu’on vient de faire la course, parce que demain l’iso à plus de 3000m va changer la donne ; de plus une cordée de 3 dans de l’AD + sur des vires expos et avec 5 rappels vertigineux vaut mieux oublier !!!Sans compter les averses prévues.
On fera le couloir demain et on redescendra par le même chemin ; à savoir le couloir !!!
Il n’y a personne d’autres que nous ce soir là au refuge ; le lendemain, re-belote réveil à 5H ; mais déjà les conditions ont changé ; il fait doux et tombe qq gouttes ; puis ça passe et le ciel redevient bleu ; l’approche tracée nous fait arriver encore plus vite au pied du couloir ; la veille JC et moi avions repéré une sympathique petite goulotte ; on se dirige vers elle tandis que la cordée Alain/Nath/Cécile prend le ressaut .Côté goulotte, c’est pas en condition : semoule en haut ; impossible de passer sans prendre de risque ; on revient sagement vers le ressaut ; Alain est en dessus au relais, et Nath s’engage ; mais ce n’est plus vraiment en condition ; avec JC on prend la décision de renoncer et on l’annonce à la cordée d’Alain.
On retourne au refuge puis on installe un poste d’observation face à la voie, comme ça on a en visu les copains !!!
Vers 13H, ils sont de retour.
Voici les photos de cette course , qui fut sublime pour JC et moi
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