J20 24/08/12 vendrediNuit agréable (...18ème...
), réveillé naturellement avant 6h, j'attends le réveil à 6h15 pour me lever. La petite famille dort pendant que nous petit-déjeunons et bouclons nos sacs en silence avec les quatre jeunes allemands.
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ImageShack.usJ'ai la grande forme ce matin et ne ressens plus aucune gène au genou (même à froid), je largue donc vite fait mes compères. Les trois jours soft ont été judicieux. J'aurai cependant beaucoup de mal à ne pas m'arrêter toute les deux minutes pour me retourner contempler le levant.
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ImageShack.usLe "sentier" reste bien rive gauche assez éloigné du fond du vallon (orientation générale : O-N-O), la pente forcit un peu et j'aperçois les jeunes en contrebas qui ont malencontreusement dévié au plus près du thalweg.
Un poil plus haut, je surprends une dizaine d'isards qui filent sur ma gauche dans des barres rocheuses au dessus des allemands. Un petit bonus au spectacle déjà magistral qui s'offre à moi.
J'arrive à une portion relativement moins pentue mais toujours bien cairnée, la vue se dégage et il me semble maintenant deviner le passage menant au coret de Mulleres. La fausse impression de difficulté d'un passage vu de loin que l'on a souvent en montagne n'est pas présente, je ne suis pas vraiment impressionné, plutôt impatient de voir de plus près ce fameux passage d'escalade.
C'est le col de gauche
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ImageShack.usIl y a certes plusieurs lignes de cairns y menant, mais pour moi le cheminement a été clair depuis le refuge. Je me retrouve donc devant cette paroi, le départ de la "voie" est évident, il y a une sente bien visible qui donne la direction et la suite des cairns (vite fait) mais pas de "gros" cairn qui crierait "
c'est là .".
Je suis passé près de ce poteau si ça peut aider :
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ImageShack.usUn peu plus haut :
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ImageShack.usLà regard en arrière, on voit la sente au premier plan à gauche et le Tuc de la Tallada plus loin :
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ImageShack.usCrête de Feixan :
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ImageShack.usJe fixe mon bâton chéri au sac pour avoir les deux mains libres et commence à grimper.
C'est facile, très facile même, mais c'est bien sûr différent de la marche, je ne pratique ni escalade, ni alpinisme, j'adore grimper aux arbres et il m'arrive aussi d'escalader un rocher ou une petite paroi vite fait pour m'amuser mais ça s'arrête là .
Mais là ...je découvre une sensation qui s'avère être extrêmement jouissive...une sorte de valeur ajoutée à ce que je connais déjà ...
Arriver à un col et découvrir l'autre versant après s'être farci une bonne montée, ça je connais mais la même en ajoutant l'arrivée en escalade et en plus la découverte de la Maladeta et du seigneur Aneto pour la première fois de si près, ben la poussée d'adrénaline je l'ai bien bien bien senti. (je m'auto-modère pour éviter les envolées lyriques...
)
Voilà la vue vers la France :
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ImageShack.usSenor
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ImageShack.usSurexcité, je n'y reste que peu de temps et monte au sommet en courant sur la crête.
A 8h46 j'y suis, le Tuc de Molières, 3010m, mon premier "3000" en solo, ce n'est pas rien, j'en ai des frissons.
Beaucoup de pensées se bousculent dans ma tête, entre autres je pense à mes proches bien sûr mais aussi au chemin parcouru pour arriver ici au sens propre comme au figuré...
Personne en vue, je suis le premier de la journée qui s'annonce splendide, je suis bien ici, très bien.
Je penserais à poser mon sac seulement une bonne vingtaine de minutes après mon arrivée...
Val de Mulleres:
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ImageShack.usCairn sommital :
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ImageShack.usLà on voit le coret en bas à droite :
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ImageShack.usLe refuge brille !
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ImageShack.usA 9h32, après un deuxième ptit déj et une clope, mes quatre jeunes colocataires d'une nuit arrivent à leur tour et viennent joyeusement m'en tapé cinq.
Un petit tour (!) suivi de "La Photo De Groupe Au Sommet" réglementaire et puis chassés par le vent qui tabasse, s'en vont récupérer leurs sacs au coret.
Je les suis en tchatchant et m'aperçois au col qu'il était sûrement plus pratique de descendre direct du Tuc
en suivant la douce crête qui part nord-ouest jusqu'à environ 2920m et ensuite nord-ouest-nord en gros jusqu'aux étangs de l'escaleta (2624m).
On est d'accord pour rejoindre cette crête à flanc plutôt que de descendre tout droit dans le thalweg.
Pendant qu'ils mangent un bout et se préparent, je file "faire la trace".
Quoiqu'un peu fastidieuse, l'évolution est assez facile, il faut tout de même faire gaffe aux rafales de vent de plus en plus violentes en se rapprochant de la crête. Les "coups" de vent suivent le fil de la crête vers le bas, attention bonnes galtes de deux ou trois mètres possibles !
Encore une fois merci et longue vie à toi, ô bâton !
Une fois ladite crête rejointe, une ligne de cairns la suivant apparaît et rapidement plusieurs autres parallèles à gauche et à droite.
La visibilité parfaite et dégagée aidant, il est très aisé de trouver le cheminement le plus pratique, tout droit, toute crête !
Un peu après 2750m, j'arrive sur des dalles (non-labyrinthiques) et c'est un grand plaisir que d'y dévaler en courant avec le vent dans le dos (tatatin).
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ImageShack.usJuste avant les étangs de l'escaleta (plutôt le seul étang snif
), je croise un groupe d'espagnols un peu soufflé de me trouver là , seul en short/t-shirt avec mon petit sac, avalant à ce moment comme un fou le dénivelé négatif.
Notre brève discussion fut très agréable, le jeune couple venait de parcourir la HRP (ça rapproche) d'Hendaye à Bénasque et pour finir ils rendaient visite à la journée au "Gentilhomme" accompagnés d'un ami et du père de la fille.
Le vent en pleine poire dans la montée ne leur rendaient pas la promenade facile, je leur indiquaient donc le cheminement le moins chiant en précisant bien que c'était aussi le plus exposé aux rafales...
Salut vous !
Une petite clope à l'étang et c'est reparti !
La trace continue nord-est jusqu'à de petits étangs vers 2480m, un peu avant j'entends des pierres rouler au dessus, je m'arrête un long moment et finis par apercevoir mes allemands un peu plus haut, hallo !
Ils sont trop rive droite et au dessus de ça !
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ImageShack.usPar gestes et cris en anglo-germano-français
, je leur montre par où passer. Un d'eux tentera un itinéraire risqué et évitera plusieurs fois de justesse mais avec beaucoup d'adresse de se vautrer royalement.
Tchûss !
S'ensuit une descente folle où je m'enivre autant du décor que de la rapidité d'évolution et du choix presque intuitif de la trajectoire idéale (hommage à un ami qui se reconnaîtra : "la science de la descente...hum...le dernier au gîte Piton paye des bouchons à Cilaos !"
), coulée et radicale ???
Je commence à avoir bien chaud et m'arrête à la rivière dans le vallon de l'escaleta pour me laver et me rafraîchir longuement.
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ImageShack.usAprès le monde minéral le retour "au vert" n'est pas désagréable, les nuances en sont très variées.
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ImageShack.usLe paysage est vraiment saisissant par ici et l'Aneto omni-dominant.
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ImageShack.usLe site d'Aguallops est très chouette mais plus bas (re)commence la foule des samedis soirs, bon par rapport à Colomers, c'est moins contraignant car je descends et la plupart montent tranquillement mais il y a quand même de sacrés troupeaux.
Vers le plan d'estanys un autre troupeau, de bovins celui-ci, descend, il est très conséquent et guidé par de nombreux vachers.
L'agréable tintement des dizaines de sonnailles agrémentera ma pause à la buvette.
A l'ombre devant un paquet de chips et un demi-litre de bière, je réfléchis (à peine !) à mon système de couchage car même si j'ai encore bien dormi, j'ai souvent eu chaud avec mon duvet qui ne s'ouvre pas bien bas et ce n'est pas la première fois.
Il y a beaucoup de monde, je verrai deux bus amener des gens jusqu'ici par la piste venant de l'hospice de Bénasque. En même temps ils n'ont pas tort, ça vaut vraiment le détour.
Ecrit à midi et quart au bar"Fais attention à toi, gardes en toujours sous la pédale au cas ou mais surtout profites, profites, profites !"
"Oui, oui, oui !"
"Bon courage ! "
Plus ou moins les paroles du monsieur de la buvette.
Je lui rétorque qu'il a certainement besoin de plus de courage que moi pour rester dans sa cabane tout l'été et que j'accepte ses encouragements même si je pense que le courage me sera surtout nécessaire pour le retour à la civilisation.
Il rigole et est bien d'accord avec cette taquinerie.
"Hasta luego amigo !"
Salut à toi et merci l'ami !
Je repars une heure après, pas d'allemands en vue mais j'ai finalement décidé vu l'heure, le ciel et ma forme de suivre l'itinéraire qu'ils prévoyaient pour rejoindre Luchon.
Par contre, pas moyen de prévenir mon père par téléphone pour l'instant ni depuis le début de la journée, je renonce donc à regret et avec un certain doute (sur la disponibilité paternelle) au vallon de Rémune, au Perdiguère, au Royo et à l'arrivée au Portillon par le col inférieur de Litérole
pour monter vers le portillon de Bénasque.
Adieu Mulleres, à bientôt !
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ImageShack.usComptant sur les étangs dans la montée, je n'ai pas repris d'eau et ma poche est vide quand j'atteins le premier étang et constate qu'il est asséché....comme les autres d'ailleurs...
...heureusement que j'ai sifflé un demi-litre de bière moi !
"L'étang" et le portillon :
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ImageShack.usJe croise les premiers français depuis Colomers un peu avant le portillon, sympa d'entendre un "salut !" ou un "bonjour".
Coucou Perdiguère !
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ImageShack.usCoucou le gros !
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ImageShack.usEt bye bye !
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ImageShack.usCould you be loved ! And be looooooved !
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ImageShack.usPortillon passé, apparemment il devrait y avoir moyen de trouver de l'eau de ce côté chef !
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ImageShack.us14h19 : pit-stop au
refuge de VénasqueJe m'abreuve goulument au captage puis demande au gardien une omelette et un lait fraise (une envie du moment) !
"Un lait fraise ! Mais je le fais pas ça moi, bon je vais te le faire mais normalement je le fais pas ça, moi !"
"Merci et miam !"
Je décolle une heure après mon arrivée, le gardien (que je qualifierai de gentil et authentique
) m'a prévenu que la navette reliant l'hospice de France à Luchon part à 18h et que je ne dois pas trainer car il faut deux bonne heures pour descendre...
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ImageShack.us...16h14
: j'attends un deuxième lait fraise sur la terrasse de l'hospice de France (légèrement en sueur quand même...)...le jeune serveur est parti se renseigner pour voir s'il pouvait vendre ça...
Ecrit à 16h15 à l'hospice de France...18h07 : j'attends sur les allées à Luchon en terrasse devinez quoi ?
Un lait fraise bien sûr mais celui-ci sera suivi d'une grosse mousse, faut pas déconner quand même pis 18h07 c'est largement l'heure de l'apéro !
Ecrit à 18h07 sur les allées Etigny Après le lait fraise number dos (marrant de situer un évènement en le datant en "lait fraise" !
) et l'appel à mon père confirmant sa venue pour le lendemain (ouf !), j'ai été pris en stop au bout de dix minutes de bitume par une charmante dame avec quatre adolescentes rigolotes et pipelettes et un garçon plus jeune qui ralait de ne pas avoir été emmené par les "papas" rendre visite à mister Aneto car il était soi-disant trop petit !
Tous scouts, intéressés par ma grande balade, sensibilisés à la montagne et contents d'y être, véhiculage vraiment top !
Merci et coucou !
Changez pas et ptit gars, patience, bientôt, bientôt, si ça se trouve tu iras avant moi !
Wah la surprise en arrivant à Luchon : c'est le week-end de la fête des fleurs !
Un joyeux bordel, c'est blindé de monde sur les allées et j'y détonne pas mal.
Hirsute et bien cramé, en short et t-shirt douteux, avec fixés au sac ma poubelle et mon bâton qui dépasse d'au moins cinquante centimètres au dessus de mon crâne (entre autres), j'aurais droit à quelques retournements, évitements et autres regards intrigués (effrayés ?)...
J'ai croisé un gars qui semblait être lui aussi au long cours, juste un bref échange de regards complices même pas de paroles mais un moment apprécié, des deux côtés je pense.
Je contacte
le gîte Skioura que je connais mais il est complet, j'appelle donc
le gîte le Lutin et coup de cul, une personne vient de se désister dix minutes avant, il y a donc une chambre libre pour moi !
Mission dodo accomplie, je promène un peu emporté par la foule...qui nous traîne...
...Ã intersport !
J'ai acheté des chaussettes (croyant avoir perdu mes chaussettes de jour...) et discuté avec les vendeurs, débat très sympa : tiges hautes ou tiges basses ?
Accueil également cool à la savonnerie où je passe me réapprovisionner en savon d'Alep, un bon quart d'heure de discussion avec une dame qui me conseille sur les savons et qui à la fin dira :
"Bon c'est pas tout ça, j'y vais moi, salut, faut que j'aille bosser !"
C'était juste une amie du patron venue dire bonjour !
Je vais ensuite chercher de la garbure pour ce soir Ã
un magasin où j'étais passé à l'automne dernier, la Pierre à sel.
Le monsieur me reconnait direct et m'invite à déguster du bon saucisson arrosé généreusement de vin rosé, la cuvée "spéciale" du Tsar Nicolas qui apparemment n'est jamais arrivé en Russie !
Il y a aussi un couple d'amis à lui, l'ambiance est chaleureuse.
J'y passe presque une heure à discuter matos, montagne, voyages, etc...
Salut vous trois, merci pour l'accueil et l'apéro !
J'arrive finalement au gîte vers 20h15, les clients sont en train de finir de manger, le patron m'accueille et me montre ma chambre, très grande avec deux lits une place, une grande fenêtre et un lavabo, pour 17 euros c'est grand luxe.
Installation, lessive et grosse douche plus tard, je suis avec le patron en cuisine, on discute pendant qu'il range les derniers trucs avant de pouvoir clore sa journée de taf. Il m'offre du pain pour saucer mon kilo de garbure (!) et même une délicieuse crème brulée !
Merci !
Une petite balade digestive en ville (pas du côté où y a plein de monde et de bruits
) et je regagne ma chambre (s'il vous plaît) heureux de cette belle journée passée , fier d'avoir accompli si facilement ce parcours qui m'aurait paru monstrueux il y a peu et largement rassuré sur l'état du genou pour la suite de mes tribulations.
Tiens je me demande bien où ont atterris mes allemands, je pense bien qu'ils ont pu gagner l'hospice de France dans la journée mais avant 18h pour la navette pas sûr...aber warum nicht...un peu avant 17h, ils n'y étaient pas en tout cas...hallo jugend !
Je déplace le matelas sous la fenêtre et m'endors rapidement.
Ecrit avant 22h00 au lit