Il était aussi comme ça:
J'habite au bord de la Loire, les montagnes sont rares mais il y a malgré tout des dénivelés de quelques mètres (3 à 4 m)
C'est Alain qui m'a initié à la randonnée, d'abord la Corse puis les Pyrénées.
Lorsque nous faisions une rando, dès le début il me distançait, peut-être parce qu'il était le plus fort
de nous deux ou il en avait marre d'entendre " Alain attend moi et c'est quand la pause "
. Il faisait rarement d'arrêt juste pour prendre des photos. Parfois il me laissait être devant lui pour me faire plaisir mais il savait que ça n'allait pas durer car je me trompais souvent d'orientation lorsqu'il y avait un changement, j'entendais un coup de sifflet donc demi tour, et là , il était amusé car il reprenait la tête de la rando
. Le soir, il faisait un compte rendu de la journée à mes petits enfants, le titre était souvent "les aventures du GLDN et de mamie JO".
Il me nommait tous les sommets, il les connaissait tous, puis il se faisait un plaisir de m'interroger sur les noms des montagnes, et moi, je les retenais rarement: j'étais nulle; il était désolé!!!
Il connaissait également tous les coins et recoins des sentiers même les rochers où l'on pouvait se reposer ou manger quelques fruits secs ou rondelles de saucisson: le luxe
.
Très souvent, il me demandait de choisir la rando du jour. Il était rarement d'accord avec mon choix car je choisissais les randonnées "marcheur" et lui "randonneur" donc nous tirions au sort et comme par hasard c'est lui qui gagnait très souvent.
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Pour Alain les randonnées que je choisissais étaient de l'échauffement.
Il vivait principalement pour la montagne, c'était un défi pour lui. Il tenait absolument me faire découvrir cet été le panorama depuis le Pic de Sacroux.
Après sa 1ère opération, les premiers mois il pensait toujours aux randonnées et ça le motivait à faire une rééducation active, mais après sa 2ème opération, il avait compris qu'il n'en ferait plus, cela a été très dur pour lui, son moral avait beaucoup chuté. Par contre, lorsqu'il avait des nouvelles des amis de PT ses yeux brillaient.
Il était très content d'avoir de vos nouvelles et visites malgré ses longs silences dû à la fatigue.
La semaine dernières, pendant 4 jours de suite j'ai pu le sortir au soleil. Il n'avait pas été dehors depuis la fin Février. A travers les arbres du parc de l'hôpital nous regardions le Cagire sans rien dire. Il pleurait....
Maintenant, je vais reprendre mes randonnées " promeneur" au bord de la Loire sans mon guide préféré.
Alain aimait également beaucoup ce paysage serein.