Je m’étais dit que quand je serai sans chien je repartirai à travers les Pyrénées pour aller voir des endroits mal connus ou pour revoir des endroits que j’aime bien.
Je n’avais pas le temps de faire une traversée complète. Donc j’ai choisi un itinéraire du Canigou au pic d’Anie (grosso modo) à faire essentiellement en deux épisodes, juin et août.
J’avais aussi dans l’idée de vous faire un compte rendu a postériori, en réécrivant l’histoire, mais je me suis dit que livrer mes impressions du jour était peut-être plus intéressant (et psychanalytiquement plus utile pour moi !).
Soirée donc avec un éminent Pteamiste le vendredi 10/06.
J1 2000m positif 500M négatif et pas mal de kms, 8h de marche
Départ fort tôt le matin pour commencer à marcher à 7h15 depuis los Masos de Valmanya à 1030m.
Le sac est lourd et le soleil donne de suite de la force et ça va durer !
En 1h15 on grimpe les 600 de sentier pour atteindre l’abri de Pinatell, semble-t-il sans punaises désormais (ou sans le panneau !).
Trente minutes de balcon et hop un cairn à droite indique le départ d’un itinéraire (le mot sentier serait trop fort !). Mehdi prend la tête et ne la lâchera plus !
Je tente vaguement de suivre (le pas et les traces de sentier !) la chaleur est lourde et je m’épuise bêtement dans un faux rythme mais vraiment trop rapide à ce moment lÃ
Enfin au bout de 3 heures depuis le départ on arrive aux Molleres Larges où je m’effondre sans forces, c’est bizarre, le sac, les ans, le mental, il y a quelque chose qui ne suit pas.
Un litre d’eau plus loin (et donc un kg de moins dans le sac !) on repart direction le col 2509. Rien de bien dur dans ce hors sentier mais ça ne va pas bien.
Et hop 20m sous le col une crampe bloque l’ischio-jambier droit, ça ne va vraiment pas ça ne m’est jamais arrivé même pendant de longs matchs de rugby en plein cagnard (mais c’était il y a longtemps !). Mehdi gentiment me prend mon sac et je me hisse doucement sur les 20 derniers mètres.
Je récupère un peu et on repart direction le Gourg de Cadi supérieur. L’endroit est magnifique mais j’avoue que je n’en profite guère, occupé à gérer l’ischio-jambier droit et, patatras le gauche aussi !
Enfin on se pose, j’ai tellement mal que je suis incapable de manger un truc solide donc opération soupe !
Mehdi me suggère de rester bivouaquer là mais le corrézien est têtu. Une petite sieste, une séance d’étirements et on repart Mehdi garde mon sac et direction le col des Gourgs d’où Mehdi, pour vérifier si mon sac a une bonne structure de portage, fait la crête jusqu’au pic des Gourgs, de mon coté je file (si j’ose dire) vers le Rougeat. Ça va mieux !
Au sommet du Rougeat, photo de rigueur (pour une fois que je suis devant Mehdi !) et séparation. Merci à toi l’ami sans toi je serais surement resté en rade quelque part vers les Gourgs de Cadi ! (PS je reprends mon sac et je lui rends le sien – vachement lourdes tes clés de voiture ! )
Continuation de la crête (ça monte et ça descend tout le temps !) des 7 Hommes et là , bêtise classique quand on est fatigué, je vais trop loin sur la crête et je rate la descente directe et balisée sur le col des Boucacers, il faut dire aussi que le brouillard marin commence à se mettre de la partie.
Résultat (deuxième bêtise) au lieu de revenir en arrière je pars dans une traversée pour rejoindre le bon itinéraire. C’est sans danger mais d’un chiant !
Ouf col des Boucacers d’où j’aperçois loin, mais loin, et surtout avec une étonnante illusion d’optique, beaucoup plus haut, le refuge du Pla Guillem (en fait il est exactement à la même altitude).
Petite remontée (re crampe brutale suite à un mouvement trop ample), et ouf ça y est je trouve le GR et aussi de l’eau pour refaire les provisions.
Il est 16h50, je suis seul au refuge, fatigué, et déprimé, je ne comprends pas cette fatigue et le chien me manque, nous étions toujours ensemble dans ces cabanes. Je suis frigorifié alors qu’il fait chaud.
Finalement re-soupe, un lyophilisé qui a du mal à passer, des photos du coucher de soleil, quelques sms (si, si ça passe) et dodo pas trop mauvais dans ce refuge à la propreté et l’aménagement plus que sommaire donc assez déprimant aussi !
Ceci étant il y a un beau coucher de soleil !
J2 1000m de dénivelé positif, 700 négatif, très beaucoup de kms, 8h15 de marche
Je suis prêt à 6h30 donc départ avec les photos de rigueur du lever de soleil en compagnie de quelques isards.
Pour une fois j’ai l’impression de ne pas être grand que par le talent !
Longue, longue traversée pour passer le long des roques Blanques, des Esquerdes de Rotja, de Roc Colom et enfin arriver à la porteille de Mantet.
Je n'arrête pas de ressasser des images des randos précédentes avec le Tacheté. C’est con mais c’est comme ça…..
Les fleurs sont jolies quand même (gentianes de Koch) !
J’essaie de me reprendre et je fais le plein d’eau sous Roc Colom à une providentielle source. A la porteille de Mantet un groupe d’espagnols bruyant me dissuade de m’arrêter et je m’enfile dans la foulée le pic de la Dona puis le col qui suit et je m’arrête juste sous la montée finale du Bastiments/Geant à 2650m cela fait près de 5h que je marche et je ne me suis quasiment pas arrêté. Il fait déjà terriblement chaud.
Une barre et ça repart.
Sommet du Bastiments avec des hordes d’espagnols venant de ValTer. Après les photos je file sur la crête et je descends sur le col de Coma Mitjana.
Là en manque d’eau vu le soleil je fais fondre de la neige avec mon réchaud et je mange une soupe.
Banzai, le pic de Freser, courte mais rude remontée à 14h !
Descente directe et passage des dalles sans souci (mais à éviter si mouillé !) pour remonter au pic de l’Infern. Ouf ! vue magnifique quand même vers la Carança.
Continuation de la crête vers le col de Noucreus (il y a bien neuf croix et un éterlou !) et première hésitation sur le lieu du bivouac pourquoi pas l’étang supérieur de la Carança ?
Il est 16h je peux continuer un peu, donc arrivée au col de Noufonts (re ça monte puis ça descend !) là un magnifique spot à bivouac m’attend. Il est 16h30.
Montage de la tente, toilette dans la mare de fonte ! Préparation de la soupe etc….
Je me rends compte que la tente sans le chien ça n’a pas la même saveur, mais pas du tout ! Trop de souvenir reviennent. Je suis triste et fatigué !
Au lit à 20h et accompagné du somnifère ad hoc dodo.
J3 500m de de dénivelé positif, 1700 négatif, beaucoup de kms, 4h45 de marche
Réveil vers 5h30 il fait déjà jour.
Je finis le lyophilisé de la veille que je n’avais pas mangé en entier, je plie le camp et à 6h45 départ pour le Noufonts. Montée hyper facile mais qui m’a toujours faite souffrir je ne sais pas pourquoi !
Suite de la crête avec le pic d’Eyne puis la rencontre avec un éterlou, un vrai, qui me laisse m’approcher à 5m. Plongeon sur le col d’Eyne, remontée au pic de Finestrelles et arrivée au col du même nom.
LÃ on voit Saillagouse tout au fond, loin ! Il est 9h40.
J’avais imaginé grimper au Puigmal pour descendre par la crête du Puigmal de Llo et le col Ségalera mais je n’ai pas la pêche et il fait déjà chaud, trop chaud. La descente par les gorges du Sègre a le mérite d’être directe, ombragée et d’avoir de l’eau partout donc ce sera mon choix (oui Jean Pierre c’est mon choix !). Une pause à mi-hauteur pour profiter d’un peu de réseau et hop la plongée continue !
A 11h50 j’arrive aux bains de Llo. Ce serait tentant d’y manger et de se baigner mais le risque est grand d’être incapable de repartir. Je continue donc et j’arrive à Saillagouse à 12h30, Maison !
Bière avec la marque qu’il faut !
Douche, petit repas que je suis bien en peine d’avaler, je suis très mal, physiquement comme mentalement/ En fait c’est surtout un bon début d’insolation et l’âge avouons le !
Je n’y arrive plus tout à fait comme avant !
Donc changement de programme pour la suite, abandon de la tente et allègement du sac. Comme j’ai avancé plus vite que prévu deux jours de repos à la maison avant de repartir avec le Bison ariégeois pour la traversée de la Sierra de Cadi. Mais je me réserve le droit de ne pas continuer, si le mental ne revient pas. On verra.
J4 1500m positif 1400 négatif 25 kms 6h35 de marche
Départ aux aurores pour rejoindre le Bison ariégeois puis, grâce à Aldo (le célébrissime taxi de Saillagouse), nous voici à la station de ski de la Masella à 7h du matin.
Pas d’échauffement vu la température et droit dans la pente pour atteindre plus que rapidement le sommet de la Tossa d’Alp et son refuge (fermé à ce moment là ).
C’est bien simple on va tout au fond entre le sommet blanc et l’espèce de rognon sur la droite couvert de forêt
A partir de là c’est simple, pleine crête !
Passage par les Penyes Altes de Moixero, tiens le fond s’est rapproché !
Et le point de départ semble déjà loin
Lemanque d’eau dans ce massif est dur pour le randonneur car il faut tout porter et comme en plus nous sommes en pleine « ola de Calor » c’est rude même si j’ai sérieusement allégé le sac pour ces deux jours.
Les pauses sont réduites pour essayer de ne pas mourir de soif.
Enfin, on arrive au Pas del Bou où l’on va pouvoir quitter la crête pour se diriger vers le refuge Prat d’Aguilo mais contrairement à ce qu’indique la carte Alpina ce n’est pas par un simple sentier à flanc, ça monte et ça descend !
On aperçoit le refuge
On passe sous le Comabona pour arriver
Et on y est quasiment
Soirée bien sympa et dîner tout autant en regardant l’orage de l’autre coté de la vallée
J5 1000m positif 1600 négatif 30kms 7h30 de marche
Lever tôt et départ à 6h30, nous voudrions éviter d’être lyophilisés ! Encore 3 litres d’eau dans le sac.
Montée rapide au Pas de Gosolans pour récupérer la crête que l’on ne quittera quasiment pas jusqu’à Adraen.
On nous observe
C’est ensuite un festival de montée et de descente pour admirer les « Canals » du versant nord, le spectacle est fabuleux.
On aperçoit la rude montée au pas de Cabirols et au Costa Cabirolera, ce coin est une friteuse, un dessicateur !
Les fameux « Canals »
Le seigneur des lieux le Vulturo ou pic de canal Baridana
Le Bison et sa légendaire agilité de rochassier essaie d’atteindre le pic de Gralleres
Le Vulturo est derrière nous maintenant, il est 12h00 et il nous reste plus de 3h de marche encore !
Il reste du chemin !
Mais c’est toujours aussi spectaculaire
Et à partir de là longue descente jusqu’à Adraen par le PRC122. Désolé plus de photos car tous les mouvements inutiles ont été proscrits afin de ne pas dilapider le peu d’énergie restante !
On ne trouvera de l’eau que 30mn avant d’arriver !
Par chance le taxi commandé par Transpyr nous attend bien, et 30mn plus tard nous voici à la Seu de Urgell.
Traversée splendide mais que je n’aurai (mentalement) jamais réussie si nous n’avions pas été deux (et quel deuxième participant !).
En revanche une chose est sure, je m’arrête à la Seu de Urgell car je ne supporte pas suffisamment bien la chaleur, or il est prévu encore pire dans les jours à venir.
Je change donc mon fusil d’épaule et je reprendrai plus tard cet été mon projet de traversée « originale », en visant plus de confort (refuge gardés ou cabanes) ce que j’avais fait dans mes traversées partielles précédentes. Cela apporte la légèreté mais aussi de la convivialité (du moins en évitant les refuges bondés en saison), c’est important quand on pense trop souvent à son vieux compagnon de rando qui drague au paradis des dalmatiens.
Ne tournons pas autour du pot, c’est un échec mais qui n’enlève rien à la beauté des paysages parcourus.