C’est un we assez particulier car j’accompagne pour la troisième fois Guillaume dans la réalisation de son projet « Des plaines aux sommets« . C’est la dernière étape pour lui qui se terminera au sommet du Balaitous, le 125ème et dernier 3000m de son défi. Mais avant d’atteindre cet emblématique sommet, nous devons d’abord réaliser l’ascension de tous les autres 3000m principaux du secteur « Argualas/Enfers/Grande Fache » 9 au total. Heureusement, nous avons déjà fait un repérage du secteur il y a deux mois. Ainsi, nous allons tenter de parcours ce secteur en deux jours et demi.
Comme la dernière fois, nous partons la vieille de Banos de Panticosa afin de gagner 600m de dénivelé ce qui au vu de l’étape du lendemain est le bienvenu. Nous connaissons le chemin et l’on sait qu’il monte raide dès le départ, la vue de l’Argualas et du Garmo Negro depuis le parking en témoigne. On s’engage tranquillement dans les bois qui s’élèvent au dessus du village, la nuit va être froide et nous ne voulons pas trop transpirer. Nous nous dirigeons en direction de « Mallata Alta de las Argualas, 2235m » . Cet emplacement stratégique a été repéré la dernière fois, c’est l’un des rares endroits plat dans la montée de l’Argualas, le second se trouve beaucoup plus haut. Nous nous rappelons qu’il existe un abri sous roche sans connaître son état. Un peu après la sortie de la forêt, nous atteignons notre emplacement de bivouac (1h), on retrouve rapidement l’abri, heureusement il est propre et suffisamment grand pour deux personnes.
Il est annoncé du froid et pas mal de vent pour cette nuit peut être même un peu de pluie, nous serons donc mieux à l’abri qu’à même le sol.
Après une nuit bien confortable, nous nous levons à 4h00 pour un départ à 4h35. Une très grosse journée nous attend, nous avons pour objectif de réaliser la traversée de l’Argualas jusqu’aux Enfers puis de changer de vallée pour aller chercher la Grande Fache et enfin revenir à Respumoso pour y bivouaquer. L’avantage étant que nous connaissons une grande partie de l’itinéraire.
Au fur et à mesure de l’ascension, le vent commence à se lever et il fait plutôt froid. Après une ascension très sèche dans les pierriers nous atteignons la crête menant à l’Argualas. Le vent souffle encore plus fort, il doit faire -8°C de ressenti. Ainsi, nous atteignons avec les doigts engourdis voir gelés l’Argualas 3046m (2h).
Pas de pauses au sommet car il fait bien trop froid pour s’arrêter, Guillaume à même du mal à bien tenir les prises. Nous continuons donc en direction de l’Algas par la crête, le soleil n’est toujours pas levé, nous espérons qu’il arrive vite pour réchauffer nos doigts.
Nous arrivons rapidement à l’Algas 3036m (2h35). Cette fois ci, nous ne continuons pas sur le fil pour aller chercher les deux sommets secondaires de l’Algas mais nous descendons directement au Col de las Argualas afin de gagner du temps sur cette grosse journée. Les Enfers que l’ont aperçoit droit devant ne sont qu’à la moitié de l’itinéraire, il ne faut pas traîner.
Le prochain sommet est le Garmo Negro, il y a une centaine de mètre pour l’atteindre. Heureusement, nous sommes un peu mieux protégés du vent et le soleil commence à faire son apparition. Mais les nuages à l’horizon vont sûrement retarder sa sortie.
A l’approche du sommet, sur la crête le vent est de nouveau présent. Nous arrivons au Garmo Negro 3066m (3h10) sans pouvoir à nouveau faire de pauses. J’arrive à peine à sortie mon téléphone pour prendre des photos. Derrière nous le soleil sort enfin avec le Vignemale au loin. Mais il va falloir être patient avant d’avoir de la chaleur.
On descend aussitôt en direction de l’Aiguille Pondiellos par une face en rocher pourri, nous connaissons déjà l’itinéraire à prendre ce qui nous fait gagner beaucoup de temps. Une fois cette difficulté passée, le jour est enfin levé ce qui nous remonte un peu le moral.
On continu sur la crête en direction du Col de Pondiellos où nous nous étions arrêtés plus d’une heure la dernière fois. Arrivé au Col (3h55), nous avons du mal à comprendre pourquoi nous avions mis autant de temps la dernière fois et pourquoi nous étions aussi fatigués. C’est peut être le vent et le froid qui nous pousse à ne faire aucunes pauses même pas cinq minutes !
Depuis le col, nous faisons notre première pauses, afin de réfléchir par où nous allons attaquer les Enfers. Pour être léger nous n’avons pas pris de corde sachant que nous passerons tous les pas d’escalades. Cependant, nous ne pouvons pas passer par l’Aiguille Arnales car il faut un rappel pour descendre dans la brèche menant aux Pics d’Enfer. Ainsi, après l’avoir observé, nous monterons dans le couloir menant directement à cette brèche.
Après ce repérage, nous partons en direction du quatrième pic de la journée, L’Arnales. La dernière fois, nous avons pris l’arrête Sud assez amusante qui s’avère être la voie la plus rapide.
C’est donc sans hésiter que nous la reprenons. On s’élève rapidement au dessus du sentier qui mène aux Pics d’Enfers par des passages d’escalades faciles.
On peut se rendre compte au cours de l’ascension du chemin parcouru juste avant, l’Argualas semble déjà bien loin.
Après un dernier gendarme, on atteint un premier sommet, l’Arnalas Sur , puis le Pic Arnales 3002m (4h45).
La vue sur la brèche à escalader est plus rassurante que de loin et ne semble pas poser de problèmes.
On doit redescendre de l’Arnalas pour retrouver la voie d’ascension de la brèche du même nom.
Mis à part un pas d’escalade à cause d’un rocher coincé (III), il n’y a pas de problème particulier.
A noter que la corde est recommandée à la descente pour descendre un rappel cette difficulté.
Une fois arrivé à la brèche qui est particulièrement étroite, nous franchissons un passage d’escalade pour rejoindre les Pics d’Enfer en commençant par le Pic d’Enfer Oriental 3076m (5h25).
La traversée se fait rapidement et nous atteignons le Pic d’Enfer Central 3082m (5h35), le vent est toujours présent.
On traverse la grande dalle blanche très caractéristique pour atteindre le dernier sommet des Enfers, le Pic d’Enfer Occidental 3073m (5h45).
A partir de se point, il va falloir changer de vallée pour aller chercher la Grande Fache. On commence donc une longue descente en passant par le Garmo Blanco 2982m (6h05), puis on plonge en direction du Lac Tebarray par un couloir scabreux. On commence à apercevoir à travers une trouée l’objectif final du week-end, le Balaitous.
Arrivé au Col d’Enfer, il y a beaucoup de monde qui remonte de Bachimana. On y fait une micro-pause pour remonter légèrement au Col de Piedrafita (6h50) qui marque le changement de vallée.
On revient à proximité de notre bivouac de la dernière fois où nous étions arrivé sur les coups de 16h30, on ne comprends toujours pas comment on a été aussi lent !
On s’accorde notre première vrai pause de la journée. Le décor autour de nous à bien changé et de belles crêtes nous entourent, ça donne des idées pour des sorties à venir.
Nous remontons au col à droite du Pic de Campoplano, une route peu commune pour faire la Grande Fache. Il y a deux mois, la neige recouvrait les pierriers, ce n’est plus la même chose et il faut batailler pour y arriver. Au col, la Grande Fache se dévoile, ce n’est pas vraiment un soulagement quand on voit ce qu’il reste à monter surtout que la fatigue ce fait ressentir.
De ce Col il faut descendre jusqu’aux Lacs de Campo Plano (8h10) pour remonter par des couloirs d’éboulis qui s’avèraient être une très bonne idée en neige mais beaucoup moins aujourd’hui.
On monte donc complètement hors sentier dans un infâme éboulis qui n’en finit pas, il nous tarde d’être au sommet.
A l’origine, nous voulions monter par l’arrête Sud depuis le Col Sud de la Fache. Mais nous avons pris le mauvais couloir et nous arrivons finalement à proximité de la Pointe Lagardère. Le sommet n’est plus très loin et l’arrête finale de comporte pas de difficultés et nous atteignons notre dernier sommet de la journée, la Grande Fache 3005m (9h35). Du sommet, on peut se rendre compte du chemin parcouru, les Enfers paraissent bien loin ! Et que dire du Garmo Negro ou de l’Argualas encore plus loin derrière, nous sommes tous les deux bien satisfait de cet enchaînement, il ne reste plus qu’à redescendre.
Et quelle descente, c’est peut être dû à la fatigue mais les 400m d’arrête bien que faciles m’ont parues vraiment longues. On arrive péniblement au Col de la Fache (10h15) où l’on ferra une nouvelle pause. On aperçoit tout en bas le refuge de Respumoso où nous bivouaquerons à proximité, mais il est encore loin. Heureusement le sentier qui y mène est bien tracé. En se retournant, la Grande Fache paraît bien loin et ne donne pas envie d’y aller.
Une fois à proximité du refuge, nous allons au vieux refuge Alfonse XIII (12h) avec un infime espoir qu’il soit ouvert mais il s’avère qu’il soit bel et bien condamné. Cependant, il y a quelques endroits plats autour où l’on pourra dormir confortablement. On installe rapidement notre bivouac pour faire une sieste bien méritée au soleil. Droit devant nous les Frondellas et le Balaitous. Nous nous endormons une bonne heure sans nous en rendre compte après 2700m de dénivelé.
Deux amis on prévu de nous rejoindre pour demain, il vont arriver sur les coups de 20h depuis le Barrage de la Sarra. On profite de notre avance pour se reposer et bien manger tout en admirant les pics qui nous entourent qui sont tous de véritables pyramides.
On retrouve nos amis qui sont un peu en avance et on ne tarde pas à aller au chaud dans le duvet, heureusement cette nuit il semble qu’il n’y aura pas de vent. Le réveil est prévu un peu plus tard qu’aujourd’hui, 5h00, ce qui permettra de récupérer un peu.
Après une bonne nuit, jamais assez réparatrice mais il faut faire avec, on se lève à 5h00 pour démarrer la marche à 5h45. On passe devant le refuge Respumoso pour attaquer par une montée bien efficace qui nous mène à gauche du Contrefort Ledormeur dans un immense éboulis. Au loin les Frondellas rougeoies mais le soleil disparaîtra bientôt.
On assiste quand même à un beau lever de soleil derrière les crêtes du diable et l’on espère avoir du soleil au sommet.
On se dirige ensuite en direction du couloir Vallot, par des pentes raides assez éprouvantes.
Pour l’avoir fait en hiver, je trouve que ce couloir est très croulant en été, je préfère le monter en crampons.
Nous atteignons la Frondella Centrale 3055m (2h15) juste à la sortie du couloir. Le Balaitous est droit devant, il est défendu par d’immense paroies et semble inaccessible.
La Frondella 3071m est vite franchie (2h40) , la vue sur les crêtes du diable et toujours aussi impressionnante, peu être une prochaine sortie.
On passe ensuite par la Frondella Norte 3062m (2h55). Il faut à présent redescendre au pied du couloir de la Brèche Latour par une succession de désescalades et une recherche d’itinéraire pas toujours facile. L’aspect du couloir en période estivale n’est pas très accueillant mais c’est l’unique accès de se versant.
Il faut être vigilant aux chutes de pierres pour les personnes derrières, les rochers sont très instables. Au milieu du couloir, il y a un rocher coincé délicat à passer (pas de III), la corde peu rassurer. Il y a un second pas d’escalade pour sortir de la brèche, des encrages et cordelettes présentes.
Il ne reste plus qu’à remonter le dernier versant pour atteindre le sommet du Balaitous 3144m. Très grande émotion pour Guillaume qui atteint son 125 ème 3000m en 43 jours ! Un grand bravo à lui.
On ne traîne pas trop au sommet car il commence à neiger et à cause du vent il fait très froid.
On redescend par la Grande Diagonale, n’ayant pas pris de baudrier, je m’étais méfié de la descente de la Brèche Latour bien que cela ne pose pas de problème en hiver, il y a des rappels à tirer en été, j’ai eu du flair ! On passage on peut admirer l’arrête NO du Balaitous et l’Aiguille Lamathe qui j’espère sortir un jour.
Il s’en suit une très longue descente par les Lacs d’Arriel, heureusement la descente est efficace.
Une fois les Lacs dépassés le Balaitous semble déjà bien loin derrière nous.
Nous rejoignons ensuite le long chemin de retour du Refuge Respumoso qui nous ramène au Barrage de la Sarra (8h55).
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