3h...8h30 du matin, des conditions météo dantesques (crème solaire 50+ minimum obligatoire), des sacs lourds de matériel indispensable, l'expédition se lance sans savoir si elle reviendra. Objectif : le pic de St Barthélémy et ses redoutables pentes, en prenant au plus droit possible depuis le sud : on oublie la jasse, on passe par le sarrat des bosquets.
Au bout de 4h...1 minute de marche, le panorama s'offre enfin à nos yeux :
La question fatidique se pose alors : faut-il continuer jusqu'au sommet ? Est-ce-vraiment utile ? parce que vraiment, on y voit bien là ...On décide malgré tout d'y aller, pour la gloire. Après un sentier manqué, pas le choix, obligé de récupérer le bon itinéraire, et en cela les règles des direct-to-cime sont formelles : il ne faut surtout pas réfléchir, le plus direct est le mieux, et si ca grimpe, tant mieux, ca sera ca de moins à monter après !
On récupère la crête sud à 1700m, accueillis par une corniche d'au moins 20cm de haut en neige aussi dure que de la jelly anglaise. On décide de ne pas utiliser les crampons, mais c'était limite.
La partie champestre de cette expé, jusqu'au pic de Bugarell. L'utilité des raquettes semble incontestable, nous nous félicitons de les avoir prises avec nous.
Après le pic de Bugarell et ses corniches en neige béton, les choses sérieuses reprennent: l'attaque finale sur le sévère versant sud du pic de St Barthélémy. A nous deux, le St Barth !
L'ambiance se fait plus tendue, les gestes plus lents. Le défi est là , et bien là , les pentes se redressent nettement, si c'était encore possible.
L'altitude commence à jouer sur la respiration et les esprits. Arriverons-nous sains d'esprits en haut ? Une autre question apparaît dans le subconscient : déjà , est-ce-que nous étions sains d'esprits au départ ?
Les derniers mètres avant le sommet sont les plus durs : une pente de neige quasi verticale, requérant toute l'attention et engloutissant les dernières forces qu'il nous reste. La peur se fait sentir, le moindre faux pas et c'est la mort.
Les raquettes aident, par leur poids dans le dos, Ã bien s'ancrer dans la neige.
Et enfin, au bout de nos efforts, de notre volonté et de notre technique, c'est le sommet, et son panorama qui s'offre !
Et vraiment, ca vaut le coup de monter. Si d'en bas c'était déjà pas mal, d'en haut c'est encore mieux.
A peine le temps d'apprécier 3 sandwichs, du café, du chocolat et une sieste, qu'il est déjà temps de redescendre, afin d'éviter les trombes d'eau prévues par la météo à partir de 13h.
Pour des raisons d'esthétisme et parce que les boucles, c'est bien, on passera par la jasse de Sédars. Les raquettes là aussi furent indispensables, nous permettant de descendre rapidement, entraînés par leur poids dans notre dos.
Une bien belle sortie, dont l'extase des yeux et la douleur dans les mollets sont les éléments les plus importants, loin devant la recherche d'un itinéraire malin !