Hautes-Pyrénées
: Un projet à l'initiative du Parc national des Pyrénées
actuellement à l'étude.
" Nous voulons réintroduire le bouquetin ibérique
(" capra pyrenaica ") sur le versant français,
plus précisément sur les massifs de Cauterets, d'Estaing
et sur celui de Néouvielle. Une race qu'il ne faut pas confondre
avec la sous-espèce pyrénéenne qui, elle, n'existe
plus. La dernière femelle a été tuée
par la chute d'un arbre, pendant l'hiver 2000. Elle vivait sur la
zone du parc espagnol d'Ordesa ", raconte Jean-Paul Crampe,
technicien du Parc national des Pyrénées, à
l'initiative de ce projet.
" Actuellement, ajoute-t-il, les seuls animaux restant que
l'on pourrait réintroduire, côté Pyrénées
françaises, sont les bouquetins ibériques. Ils vivent
en Espagne, où on en recense environ 10.000. Le problème,
c'est que, pour l'instant, la sous-espèce pyrénéenne
n'a pas encore été déclarée officiellement
éteinte. Seuls les Espagnols sont habilités à
le faire puiqu'ils détenaient les derniers spécimens.
Or, ils s'y refusent et expliquent que l'on ne peut réintroduire,
sur le sol français, une espèce différente
de celle qui existait au préalable, et ce pour des raisons
génétiques. A ce jour, la situation est bloquée
".
A cornes en forme de lyre, le bouquetin ibérique se distingue
de cette façon du bouquetin alpin, seule espèce reconnue
vivante sur le territoire français. Cet animal a impérativement
besoin de rochers.
" Son habitat idéal est assez souple puisqu'il peut
vivre aussi bien à base qu'à haute altitude. On le
trouve au bord de la mer comme à 3200 m. Sa disparition est
véritablement liée à une chasse excessive au
début du XXe siècle. Les bouquetins s'étaient
alors réfugiés en altitude ", explique Jean-Paul
Crampe.
En ce qui concerne sa réintroduction, le Parc national des
Pyrénées espère un minimum de dix bouquetins
au départ, avec une population de femelles plus dense pour
optimiser la reproduction. Dès lors, un important programme
de protection et de surveillance sera mis en place. Ils auront un
statut d'animal protégé et la chasse en sera, bien
sûr, interdite. Ce qui n'est pas le cas en Espagne où
une tête de bouquetin vaut dans les 6000 € environ.
" Ce projet passe par un partenariat avec l'Office national
de la chasse, la Direction départementale de l'agriculture
et les chasseurs. Et tout le monde est d'accord. Il faut que ce
soit une action concertée sur les deux versants, français
et espagnol. Lorsque la situation sera débloquée,
pourquoi ne pas envisager une relation directe entre les parcs nationaux
de ces deux pays! Pour l'heure, le problème est essentiellement
politique. Mais je reste optimiste et ai bon espoir de voir, prochainement,
ces animaux arpenter nos montagnes en toute sérénité
", conclut Jean-Paul Crampe.
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