Louis Ramond, né le 4 janvier 1755, est le fils de Pierre-Bernard
Ramond (1715-1796), trésorier de guerre, et de Reine-Rosalie
Eisentraut (1732-1762). Il est considéré comme l'un
des premiers explorateurs de la haute montagne pyrénéenne
pouvant être qualifié de pyrénéiste.
Il commença à étudier le droit à luniversité
de Strasbourg en 1775 et devint avocat en février 1777. Il
se lia damitié avec un autre étudiant, Jakob
Michael Reinhold Lenz (1751-1792), écrivain du courant Sturm
und Drang. Ramond découvrit alors la littérature romantique
allemande et notamment les Souffrances du jeune Werther de Goethe
(1749-1832), ce qui le décida à se lancer dans lécriture.
Il publia en 1777 Les Dernières aventures du jeune dOlban.
Ramond entreprit, en mai 1777, un voyage en Suisse. Il y rencontra
des écrivains et des poètes, mais aussi des savants
: le théologien Johann Kaspar Lavater (1741-1801), les zoologistes
Albrecht von Haller (1708-1777) et Charles Bonnet (1720-1793) ;
il retrouva aussi son ami Lenz. Les deux hommes partagèrent
une expérience extatique en contemplant la vallée
du Rhin. Ramond se prit de passion pour la haute montagne. Quelques
jours plus tard, Lenz vécut sa première crise de démence.
En 1778, il fit paraître les Élégies, empreintes
de son amour pour la nature. Des extraits en furent publiés
la même année dans le Journal des Dames de Claude-Joseph
Dorat (1734-1780).
En 1779, Ramond et son père sinstallèrent à
Paris. En 1780, Louis publia La Guerre dAlsace pendant le
Grand Schisme dOccident, épopée romantique et
historique. Mais la capitale nétait pas encore sensible
au romantisme venu dAllemagne et il ne rencontra pas laccueil
quil espérait.
Il quitta alors Paris et retourna à Strasbourg, où
il se mit au service du cardinal de Louis René Édouard
de Rohan (1734-1803), prince de Rohan et cardinal-archevêque
de Strasbourg, célèbre pour avoir pris part à
laffaire du collier de la reine. Auprès du prince,
Ramond voyagea beaucoup et rencontra de nombreuses personnalités.
Le cardinal fut envoyé en exil à La Chaise-Dieu en
juin 1786. Il partit en Auvergne accompagné par son fidèle
secrétaire. Ramond découvrit la flore de cette région.
Le cardinal souhaitait aller dans une ville thermale dans les Pyrénées
et Ramond partit en éclaireur. Les deux hommes passèrent
lété et lautomne 1787 à Barèges.
Afin de mieux connaître la formation géologique de
cette montagne, qui faisait alors lobjet de controverses alimentées
notamment par la théorie de Déodat Gratet de Dolomieu
(1750-1801), et de savoir si elle était granitique, comme
les Alpes, ou calcaire, comme les montagnes que l'on croyait plus
anciennes, Ramond commença à explorer ce massif. Il
parcourut les zones les plus hautes de Gavarnie à la Maladetta.
Ramond quitta le cardinal en décembre 1788, lorsque celui-ci
fut autorisé à revenir à Strasbourg. Il sinstalla
à Paris et fit paraître en 1789 ses premières
Observations faites dans les Pyrénées, pour servir
de suite à des observations sur les Alpes. Pour se perfectionner
en histoire naturelle, il suivit alors les cours de Jussieu (1748-1836)
et René Desfontaines (1780-1831) au Jardin du Roi.
Il se lança également dans la politique et fut élu
en septembre 1791 député de Paris. Il appartenait
au club des Feuillants. Il défendit en 1792 les prêtres
réfractaires dont la déportation avait été
votée. Ramond soutint passionnément laction
de La Fayette, qui tentait dapaiser les ardeurs des jacobins.
Menacé, il préféra fuir Paris en août
et se réfugia dans les Pyrénées. Surveillé
et considéré comme suspect, il s'installa à
Barèges, où il multiplia les herborisations et les
observations géologiques. Il fut arrêté en 1794
et accusé dêtre un ennemi de la Révolution.
Emprisonné à Tarbes pendant sept mois, il échappa
de peu à la guillotine.
Il se consacra alors exclusivement à lhistoire naturelle.
Il correspondit avec Philippe Picot de Lapeyrouse (1744-1818) et
divers botanistes dont René Desfontaines, Jean Thore (1762-1823)
et Dominique Villars (1745-1814).
À partir de 1796, il enseigna, comme professeur d'histoire
naturelle, à la nouvelle École centrale de Tarbes[2].
Ses cours rencontrèrent immédiatement un grand succès.
Devenu un spécialiste en botanique et géologie des
Pyrénées centrales, il put enfin, en 1797, mener à
bien un projet qui lhabitait depuis longtemps : atteindre
le sommet du Mont Perdu (3 355 mètres) pour trancher la controverse
qui l'opposait à Dolomieu et Lapeyrouse sur l'âge primitif
des calcaires de la chaîne centrale.
Lexpédition, qui comprenait une quinzaine de personnes,
dont Picot de Lapeyrouse et plusieurs de ses élèves,
trouva de nombreux fossiles, mais natteignit pas le sommet.
Le récit de l'ascension parut en 1797 sous le titre de Voyage
au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-Pyrénées.
Le 7 septembre de la même année, toujours accompagné
de ses élèves dont Charles-François Brisseau
de Mirbel (1776-1854), Ramond de Carbonnières mena une seconde
tentative. L'administrateur et forestier Étienne-François
Dralet (1760-1844) participa aussi à cette ascension. Mais
ce nest quen 1802 quil atteignit enfin le sommet.
Ramond relata son expédition dans le Journal de Mines (en
thermidor an XI), ce qui lui valut une reconnaissance certaine des
savants de son époque. Il correspondait notamment avec René
Just Haüy (1743-1822), Alexandre Brongniart (1770-1847), Boudon
de Saint-Amans (1748-1831). Il devint membre de lAcadémie
des Sciences en janvier 1802.
Après la fermeture de l'École centrale de Tarbes,
en 1800, il revint à Paris en tant que membre du Conseil
constitutionnel.
De 1800 à 1806, il siégea à lAssemblée
et participa aux travaux de la Société des observateurs
de l'homme. En 1805, il avait épousé Bonne-Olympe,
veuve du général Louis-Nicolas Chérin, la fille
de son ami Bon-Joseph Dacier (1742-1833).
Ami de Napoléon, il fut nommé vice-président
du Corps législatif, puis en 1806, préfet du Puy-de-Dôme.
Il passa plus de temps à herboriser ou à faire des
relevés météorologiques quà soccuper
dadministration. Ce qui ne lempêcha pas dêtre
fait baron d'Empire en décembre 1809.
Il fit paraître en 1815 Nivellement des Monts Dores et des
Monts Dômes disposé par ordre de terrains. La même
année, il fut élu député du Puy-de-Dôme.
En 1818, il fut nommé au Conseil d'État et ne quitta
plus la capitale que pour se rendre en Auvergne. En 1821, il passa
lété en Auvergne avec René Desfontaines
et deux jeunes naturalistes Victor Jacquemont (1801-1832) et le
comte Hippolyte Jaubert (1798-1874). Il publia enfin, en 1825, Sur
létat de la végétation au sommet du Pic
du Midi.
Il meurt à Paris le 14 mai 1827. Il est enterré au
cimetière de Montmartre.
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