Bonjour jeanjacques et merci pour cette instructive contribution, sous l'amusant label de "Promeneur". Merci de soutenir cette démarche d'affichage de certaines de nos erreurs dans l'espoir qu'elles puissent servir à d'autres autant qu'elles nous servent encore.jeanjacques a écrit :.. sur la HRP, nous .... cherchons le col des Molières, beaucoup de vent et de brouillard, nous suivons les cairns, remontons les belles dalles caractéristiques du coin.
Si ces témoignages rassemblés, déjà consultés plus d'un millier de fois, s'étoffent encore et sauvent la vie d'un seul visiteur, nous serons récompensés du temps passé à narrer nos sueurs froides et nos chances.
Ton récit me touche particulièrement pour avoir vécu la même mésaventure aux alentours du col des Molières, mais sans abri ni vêtements de rechange. Le topo-guide, la carte, la boussole, l'altimètre n'ont pas suffi à me tirer du brouillard, d'autant que j'ignorais à l'époque la précieuse utilisation de l'erreur systématique en haute randonnée.
Piégeux, le mot n'est pas trop fortdinosaure a écrit : au final vous ne vous en êtes pas trop mal sorti...le coin est piégeux...
Lors des précédentes étapes sur l'itinéraire Véron, le sac m'avait ruiné la peau du dos au point de devoir m'en séparer pour porter un pansement géant, confectionné avec un tee-shirt gavé de pommade cicatrisante. Confiant en ma rapidité et mon aisance sur névé, j'estimais possible de rallier la sortie du tunnel de Biella en franchissant la crête des Molières avec quatre ou cinq heures de marge de sécurité. C'était sans compter avec le froid de la nuit, qui avait tellement durci le névé encadrant le col de Litterole, que mes chaussures armées furent impuissantes à l'encocher. Dès lors, laborieuse taille de marches au piolet pour progresser, renoncement à la ramasse pour descendre versant espagnol et lourd retard à la sortie du val de Remune.
La chaleur est accablante, étouffante, mais il faut foncer, d'autant que l'orage menace déjà. Par erreur, je monte au refuge du Portillon au lieu d'aller directement au Trou du Toro, aggravant mon retard. L'orage éclate au début de la montée vers le col des Molières et ma veste en Goretex ne fait pas le poids longtemps, puis le brouillard s'abat rapidement.
Bref, le même type de galère que toi pour tenter de franchir le col.
Au prix d'une marche forcenée, je parviens enfin à dénicher ce foutu col que dinosaure a bien décrit. La nuit est tombée, je suis coincé dans le brouillard, à environ 2900 mètres d'altitude, complètement trempé, sans rechange, sans lumière ( la lampe frontale étant restée dans le sac).
Il me reste à marcher lentement, sans visibilité, toute la nuit pour, sinon me réchauffer, au moins ne pas trop souffrir du froid.
Ce n'est pas du courage mais le fruit amer d'une suite de mauvaises décisions. Parfois, la frontière est bien mince entre l'obstination féconde et l'entêtement stérile.