Salut Bentofarine
Voilà qui est déjà plus constructif, bravo. Je réponds donc à tes arguments.
Tu insistes sur l’idée que le thème de l’ours ne regarde que les « locaux » et les « locaux » en exclusivité, que ceux qui n’habitent pas les zones concernées n’ont qu’à se mêler de leurs affaires. C’est une vision quelque peu égocentrique. Le fait est que les choses ne sont pas si simples et puisque l’aspect économique semble être une de tes priorités je te rappelle que l’activité pastorale vit aujourd’hui en partie grâce aux subventions issues des impôts que payent TOUS les français.
Tu dis : « il (l’ours) ne me fait pas du tout rêver, tout comme la très grande majorité des locaux »
Faux. Un sondage IFOP réalisé sur un échantillon de 906 personnes représentatif des habitants de l’Ariège, de la Haute-Garonne et des Hautes Pyrénées montre qu’une grosse majorité est en faveur de l’ours : 84 % pour l’ensemble des 3 départements et
71 % pour la zone massif et Pyrénées centrales.
Pour en savoir plus :
http://paysdelours.com/images/Sondage_2005.pdf
Tu dis encore : « je ne vois donc pas tellement l'intérêt de gaspiller du temps et de l'argent pour quelque chose d'inutile (en parlant de l’ours) »
Le thème de l’utilité de l’ours a déjà été abordé sous tous les angles sur ce forum. Je me bornerai donc à citer Roland Guichard :
« Il existe plusieurs raisons de travailler au retour
de l’ours dans nos forêts :
Raison éthique : Il faut pouvoir mobiliser un respect, une attention pour ce qui est autre ou pour ce qui nous semble étrange, pour ce que nous ne comprenons pas. Accepter de partager un territoire, un espace avec une autre espèce qu’Homo sapiens et ses animaux domestiques n’est pas une attitude facile, elle requiert une réflexion sur notre place dans ces grands écosystèmes. (…) Cette réflexion peut nous permettre de sortir de ce nombrilisme exacerbé et de l’égocentrisme infantile qui caractérisent notre société (…)
Cet animal nous oblige à organiser une
politique de solidarité entre les éleveurs, les chasseurs, les touristes, les naturalistes et l’ensemble des collectivités. Induite par des valeurs éthiques, les aspirations européennes de conservation de la nature et notre réglementation nous obligent à
sortir de l’impasse dans laquelle se mettent ceux qui opposent gens des villes et gens des campagnes.
L’éleveur en zone de montagne est déjà subventionné par l’impôt de l’ensemble des citoyens. La présence de grands prédateurs devrait profiter encore plus aux éleveurs par des aides directement liées à la zone de présence régulière du plantigrade.
L’ours permet la revalorisation des fonctions de berger, leur formation aux techniques de prévention des dégâts des animaux prédateurs par la mise en place des chiens de protection.
Raison d’ordre sociologique : l’ours nous oblige à nous concerter, à débattre, à nous expliquer et nous organiser. Les différents usagers
d’un milieu naturel, qu’ils soient occasionnels ou permanents, doivent se retrouver dans cet effort de conservation. La confrontation entre protecteurs de la nature, chasseurs, éleveurs, bergers et personnalités scientifiques, politiques et administratives n’est certes pas de tout repos, mais nous oblige à regarder vers l’extérieur, à nous ouvrir vers l’étranger pour partager des expériences de cohabitations réussies.
La raison économique. L’ours est un symbole positif, un « marqueur » de qualité. Plusieurs régions dans le monde ont su habilement labelliser les productions agricoles et touristiques par la présence de cet animal. Tous les sondages d’opinions nous l’attestent :
une montagne habitée par l’ours est une région attractive pour les touristes . »
Pour le texte complet cliquez sur :
http://ours-loup-lynx.info/IMG/pdf/Edit ... tte_15.pdf
Et voici pour clôturer le chapitre du prétendu « gaspillage de temps et d’argent » et pour répondre à tes inquiétudes (« combien de temps l'état voudra bien payer des aides aux éleveurs pour les dédomager et les prévenir des problèmes causés par des ours ») :
« Le programme Ours représente en valeur annuelle
le coût de trois ronds-points sur une route nationale, c'est à dire un coût absolument négligeable pour le budget de l'Etat.
Certains demandent à l'ours de résoudre tous les problèmes de l'économie montagnarde.
La moitié du budget étant consacré à l'élevage, le programme ours contribue à résoudre des problèmes dont l'ours n'est pas responsable : manque de bergers, conditions de vie et de travail des bergers en montagne.
Avec
plus de 100 emplois financés ou cofinancés (équivalent à 55 emplois à temps plein), le bilan du programme ours est très largement positif pour l'économie pyrénéenne. Si le programme ours devait s'arrêter, la plupart de ces emplois serait instantanément supprimés. »
Source :
http://www.paysdelours.com/
Seb sur des sentiers broussailleux...