Salut à tous!
Jour 7: Refuge de Mariailles - Refuge d'Alemany
Distance: 25 km.
D+: 1019 m.
D-: 798 m.
Pour ce 7ème jour, le but était d'atteindre la réserve naturelle de Mantet. Après le refuge de Mariailles, le GR10 redescend dans la vallée et passe par les villages de Py et Mantet. Je n'avais vraiment aucune envie de repasser par là. Je me rappelais de ce passage lors de ma 1ère traversée où j'avais énormément souffert sous une chaleur accablante, après une étape "refuge de la Batère - refuge d'Arago" qui m'avait vraiment complètement épuisée! Et puis surtout, ce n'est clairement pas une étape très passionnante. Donc pour éviter ce passage, j'ai décidé de passer par le pla de Guillem pour rejoindre la portella de Mantet.
Nous avons entamé notre journée encore une fois très tôt. Comme la veille, il y avait des orages de prévus en milieu d'après-midi, je voulais absolument avoir quitté les crêtes avant que ces derniers éclatent. Nous avons emprunté la piste qui mène à la collada de la Roqueta. Ma cousine m'a avoué, un peu honteusement, qu'elle connaissait cette piste. Ne comprenant pas du tout comment elle pouvait connaître cette portion, elle m'a expliqué que la veille au soir, en voulant aller chercher de l'eau à la source qui se trouve sur le GR, elle s'était trompée et avait remonté cette piste sur quasiment 1 km avant de réaliser son erreur...
On a atteint le col avec un peu de mal, les conséquences direct de l'ascension du Canigou la veille. Clairement, une pause s'imposait et c'est à même le sol qu'on s'est effondré pour manger un peu. Heureusement, la fatigue était éclipsé par la vue sur le massif de Mantet qui rougissait petit à petit.
Vue sur la réserve naturelle de Mantet depuis la collada de la Roqueta ( 2081m).
Après cette pause et devant la perspective d'une journée magnifique, nous avons repris la marche avec un nouveau souffle. Nous avons rapidement atteint le pla du Guillem, un plateau d'herbe immense, complètement dénudé. Si la veille, c'était la cohue sur les sentiers, ce jour-là, c'était le désert et le calme absolu! Nous avons continué en suivant tranquillement la crête, le calme de ses lieux uniquement troublé par quelques isards. Nous avons pris une 2ème pause sous les Esquerdes de Rotja, au milieu des étendus de rhododendrons roses et des petits sapins. Après la portella de Rotja, une petite erreur de sentier nous a fait perdre un peu de temps. Mais en compensation, on a pu observer un immense troupeau d'isards. On a continué à traverser les grandes étendues désertes du pla de Campmagre, puis on s'est finalement arrêté pour notre pause casse-croûte un peu avant la portella de Morens.
Le pla de Guillem avec son abri ( 2265m).
On peut voir le village de Py tout au fond de la vallée ( 1050m).
Les Esquerdes de Rotja.
Le pic du Canigou ( 2784m).
L'Espagne vu depuis la portella de Rotja ( 2377m).
Le pla de Campmagre.
Le puig de la Llosa ( 2457m).
Pendant notre pause, on pouvait voir les nuages apparaître au-dessus des sommets de Gegant et de l'Infern. Leurs tailles grandissaient rapidement, donc nous n'avons pas trop traîné pour notre pause. Lorsqu'on a atteint la portella de Mantet, le ciel était de plus en plus menaçant. À la base, j'aurais aimé passé par le pic de la Doma et redescendre par le coll del Pal. Le rêve aurait été de passer par l'Infern et descendre la vallée de la Carança qui a l'air juste magnifique... Mais c'était illusoire de croire que c'était possible pour nous... Au vu d'un éventuel orage de plus en plus probable, j'ai préféré revoir mes objectifs à la baisse et prendre la direction du refuge d'Alemany. De plus, Lili souffrait énormément à cause des ses ampoules, cela m'a paru plus judicieux d'écourter la journée. Nous avons attaqué la descente jusqu'au refuge, que nous avons finalement atteint vers 14h.
Vu sur pic de Tres Estelles ( 2099m) depuis la portella de Mantet ( 2412m).
Le refuge d'Alemany ( 1960m).
Nous avons eu le temps de nous laver, de laver nos vêtements et même de les faire un peu sécher avant que l'orage éclate. Une pluie torrentielle s'est abattue sur nous! Une pluie qui m'a conforté dans l'idée que mon choix de nous rendre au refuge d'Alemany était le bon! En plus, nous avons eu beaucoup de chance car le refuge sortait tout juste de son grand nettoyage annuel. Et surtout, il n'y avait que nous 3, nous avons seulement eu la visite de 2 gardiens du parc. Les filles ont refusé d'utiliser les matelas mis à disposition, chose dont je ne me suis pas privé! C'est une nuit parfaitement reposante qui m'attendait, au chaud et au sec! Et c'est une bonne chose car le lendemain, c'était les cols del Pal et Mitjà qui nous attendaient!
Jour 8: Refuge d'Alemany - Gîte de l'Orri de Planès
Distance: 22.57 km.
D+: 1369 m.
D-: 1797 m.
Comme prévu, la nuit a fait du bien! Et c'est tant mieux car la journée comportait quelques difficultés physiques! Pour la destination finale de cette 8ème journée, c'était un poil plus compliqué. J'avais estimé qu'on arriverait en début d'après-midi à Planès, dans la vallée de la Cerdagne. Le soucis, c'est que bivouaquer dans ce coin n'est pas évident et il n'y a pas de camping. Soit on s'arrêtait au refuge de l'orri ( ça aurait fait une journée très courte), soit on poussait jusqu'à Bolquère et l'estany de Tico ( ça aurait fait très long... ). Point de vue météo, les journées se suivent et se ressemblent puisqu'il y avait encore des orages de prévus en milieu d'après-midi, mais avec une chaleur toujours aussi accablante.
On a démarré tranquillement vers 5h du matin. Le premier objectif était le coll del Pal. Il n'y avait que 400m de monter pour s'y rendre en empruntant le GR10. Par contre, que 400m mais d'un coup bien violent, sur un sentier un petit peu sauvage! On a rapidement atteint les plateaux herbeux de la Serra de la Jaça Grossa. Mais après une montée pareil, on s'est tous assis sur le premier caillou qu'on a croisé! Le vent nous a vite refroidit. Mais heureusement, le soleil qui commençait à timidement sortir, nous a petit à petit réchauffé!
On a ensuite vite atteint le coll del Pal. depuis ce dernier, on pouvait voir la prochaine difficulté de la journée, un col qui m'avait fait extrêmement souffrir lors de ma première traversée et dont j'avais gardé un souvenir gravé dans ma mémoire: le coll Mitjà!
On a d'abord attaqué la longue descente jusqu'au refuge de la Carança. Durant la descente, nous avons croisé un couple de petit vieux qui devait avoir au moins plus de 70 ans qui faisait la traversée. J'ai toujours de l'admiration pour les gens de cet âge qui se lancent sur les sentiers de montagne! J'espère vraiment que j'aurai toujours la force d'arpenter les Pyrénées à leurs âges ( enfin si Poupou n'a pas rasé la planète d'ici là...

). On a atteint le refuge vers 8h30. On s'y est arrêté pour prendre quelques boissons revigorante ( avec pour ma part, le jus de pêche le plus cher du monde... ).
Le coll del Pal ( 2294m).
Vu sur le coll Mitjà ( 2367m) avec le pic Gallinàs ( 2624m) à sa droite et le puig Rodon ( 2677m) à sa gauche.
Je ne suis pas un expert mais c'est une Orchis Tacheté je crois.
La Carança.
La vallée de la Carança depuis le refuge du même nom.
On s'est rapidement attaqué au 525m qui nous séparait du col. Pour y monter, 2 possibilités: soit on suivait la piste ( plus tranquille mais ça allait prendre une éternité); soit on coupait à travers les lacets, par des sentes à peine visible dans la végétation ( et comme je dis toujours, si ça coupe des lacets, alors c'est un sentier de m....!). On a évidement décidé de couper. À 9h, la montée de ce col se fait en plein soleil et sans vent. Le sentier monte tout simplement tout droit dans le dévers. À mi-chemin, on a croisé les 4x4 qui allaient ravitailler le refuge. Bon là sur le coup, je dois bien avouer que je regrette que le col soit interdit à la circulation... Qu'est-ce que j'aurais aimé pouvoir monter ce satané col, le cul posé dans un 4x4 avec la climatisation!

Dans les derniers mètres, j'en avais tellement marre que j'ai limite couru pour atteindre le col, histoire d'en finir au plus vite! Heureusement, nous n'avons pas subit se calvaire pour rien! La vue depuis le col sur la vallée est magnifique! Le Carlit paraissait presque à portée de main! Lorsque j'avais atteint ce col la première fois, j'avais pris une unique photo de cette vue. Je me suis rendu compte à la fin de mon périple que cette unique photo avait été complètement parasitée par une satanée mouche qui était passée par là... Je vous laisse imaginer à quel point j'étais dégouté lorsque je m'en suis aperçu! Cette fois-ci, je ne me suis pas fait avoir!
Nous avons ensuite enchaîné avec la longue descente jusqu'au refuge de l'Orri. Lorsqu'on l'a atteint, j'avais déjà bu mes 3 litres d'eau et ça a été un réel soulagement lorsqu'on a trouvé la source à ce refuge. On s'est approché du torrent et nous avons profité de quelques troncs posés en rond pour y prendre notre pause casse-croûte.
Vue sur le coll del Pal depuis le coll Mitjà.
Vue sur la Cerdagne et le Carlit ( 2921m).
Refuge de l'Orri ( 1800m).
Notre objectif minimum était atteint. Il était encore tôt, nous avons donc décidé de continuer en direction de Planès. La montée au pla de Cedelles au-dessus de Planès a été assez longue. Heureusement, une grande partie de cette montée s'est faite à l'ombre, nous préservant un petit peu de la chaleur. Mais à travers les arbres, je pouvais voir le ciel qui s'assombrissait très rapidement. Lorsqu'on a atteint le pla, on pouvait voir une énorme masse nuageuse noire au-dessus de nos têtes. "Cette fois-ci, on va y avoir droit!", voilà ce que je me suis dit dans la tête. Si on voulait continuer jusqu'à Bolquère, on prenait le risque de se prendre le ciel sur la tête (par Toutatis!). Heureusement, le sentier sous le pla bordé de fleurs a eu un petit côté apaisant face à cette atmosphère angoissante. Puis en descendant sur Planès, j'ai finalement pris ma décision. J'ai dégainé le téléphone et j'ai contacté le gîte de Planès pour y réserver la nuit. Cela n'a pas échappé aux oreilles de mes 2 acolytes qui se sont tout de suite senties soulagé de pouvoir dormir une nouvelle fois au chaud et au sec. Puis bon, tant qu'on y était, on a réservé le repas du soir! Mais on n'était pas pour autant sorti d'affaires car on devait encore rejoindre le gîte avant que les festivités ne commencent! On a accéléré le rythme et au final, nos efforts ont payé puisque nous avons évité de justesse la fin du monde!
Le village au premier plan est Planès ( 1525m).
Beaucoup de monde au gîte! Bien sûr, nous n'étions pas les seuls qui voulaient éviter l'orage. Mais même en mettant les intempéries de côté, de manière général depuis le début de cette traversée, je trouvais qu'il y avait vraiment beaucoup plus de monde comparé à la première fois. La soirée a été plutôt agréable, le repas... Une vrai merveille! On a pu discuté avec d'autres personnes qui faisaient la traversée, notamment un couple qui la faisait avec un enfant en bas âge. Seul petit bémol, le gîte n'a pas voulu prendre les chèques vacances... Vu que je suis une pince, j'ai ruminé ça toute la nuit!
Bonne journée à tous!