Bonsoir à tous !
Une correspondante m'a communiqué un article de Sud Ouest sur Pierre Inda, disparu au mois d'août:
http://www.sudouest.fr/2013/08/09/la-re ... 4-4187.php
Je le scannerai sous peu.
Il y est aussi question du Réseau comète, sur le site duquel on trouve bien des choses intéressantes concernant le passage par les Pyrénées.
http://www.evasioncomete.org/index.htm
À noter qu'il existe aussi un site des "Amis du Réseau Comète" au Pays Basque,
http://cometepaysbasque.blogspot.fr/
qui veillent à "entretenir la flamme" du souvenir:
http://www.sudouest.fr/2013/09/12/les-a ... 6-3944.php
Elle m'a aussi transmis ce texte, tiré des Entretiens de Claude Meyer avec Michel Mottay (p. 51-53), intitulés : "Être Juif à Saint-Jean de Luz pendant les années noires, 1939-1945". Ce fascicule semble ne plus être disponible en librairie.
Il y est question d'un passage de la frontière par Sainte Engrâce.
Le texte manque hélas de précision. Mais peut-être les frères Eyheramendy y ont-ils joué un rôle. L'itinéraire partant de Montory semble se rapprocher de celui de Pierre Durban.
(J'ai corrigé entre crochets [...] les erreurs de toponymie).
Le refuge en Espagne
"En février 1942, les époux Meyer préparent le passage en Espagne de leurs deux fils, Jacques et Claude, réfugiés dans une ferme, à Lambeye [Lembeye], près de Pau. La somme convenue avec le passeur est réglée (2 000 F), mais le passeur tait faux bond et les deux frères se retrouvent seuls, abandonnés, sans un sou vaillant. Le conducteur routier d'une scierie, compatissant et courageux, les cache sous le chargement de bois de son camion et, après avoir franchi plusieurs barrages allemands, il les conduit en lieu sûr. Avant de les quitter, il leur donne une importante somme d'argent. Après la libération, Claude et son frère ont recherché cet inconnu pour le rembourser … et le remercier. Ils n'ont jamais pu retrouver sa trace.
Toujours en 1942, Claude est rejoint par son frère Jacques, à Lembeye, pour tenter une seconde fois de passer ensemble en Espagne. Ils ont pris un car jusqu'à la côte de Montaurie [Montory], entre Oloron et Mauléon, où ils sont arrivés vers 19h 30. Après une sévère mise en garde du chauffeur, ils ont pris contact avec leurs quatre passeurs - des Basques, dans les cinquante ans - et le groupe constitué par huit Belges et un Hollandais, condamnés à mort par les Allemands, tous munis de fausses cartes d'identité établies à Limoges.
Ils se mettent en route et marchent toute la nuit, jusqu'à à 6h 30, vers la montagne, en zone interdite. C'était une bande de territoire, dans le département, au sud de la zone libre, le long de la frontière espagnole, de Saint-Jean Pied de Port au col d'Aubisque. À Saint-Engrace [Sainte Engrâce], à 150 mètres d'un poste de la gendarmerie allemande, les passeurs les quittent en les laissant aux bons soins d'un fermier qui les dissimule dans une grange, sous du foin.
La nuit suivante, avec un nouveau passeur, le groupe se remet en marche vers l'Espagne. Trois heures avant d'arriver, Claude, épuisé, est pris de vomissements. Il réussit à convaincre son frère de continuer sans lui et revient seul à la ferme. Il y restera enfermé quinze jours, occupé le soir à aider les enfants à faire leur travail scolaire.
Son frère Jacques, le Hollandais et les Belges ont réussi à atteindre l'Espagne où ils ont été incarcérés, d'abord à Saubron [Sobron], puis, en 1943, au camp de Miranda. Ils ont pu ensuite choisir de gagner l'Algérie par Gibraltar. Jacques a ultérieurement rejoint l'Angleterre, mais on l'a fait revenir à Alger. Hébergé par Paul Pichegru, un militaire originaire de Saint-Jean de Luz, il devint, à 23 ans, journaliste à Radio Alger. Claude Meyer précise que son frère parlait et écrivait avec beaucoup de facilité. « Dès l'âge de 16 ans, raconte-t-il, il participait activement aux meetings politiques à Socoa, avec Monsieur et Madame Hiriarborde, instituteurs communistes de Saint-Jean de Luz ».
Jacques Meyer, devenu journaliste-correspondant de l'année Leclerc, participa au débarquement des troupes alliées en Provence. Après la Libération, il devint directeur de l'information à Saint-Quentin. Il gagna ensuite Paris, où il devint reporter à Paris-Presse, puis à Combat, avec Albert Camus.
Comme journaliste sous le nom de Jacques Méry et comme témoin, il participa au voyage clandestin, dans des conditions précaires, de 620 Juifs immigrants, à bord d'un navire parti de France pour rallier clandestinement la Palestine. Il raconta cette odyssée, dans son livre " Laissez passer mon peuple ", préfacé par Albert Camus, publié en 1947 et dédié à son père. C'est lui qui, à Bordeaux puis à Biarritz, suivit l'affaire Da Silva Ramos, ce diplomate portugais qui sauva la vie de très nombreux Juifs en leur signant, jusqu'à sa révocation, des visas pour le Portugal.
Pour raison de santé, Jacques Méry-Meyer abandonna le métier de journaliste pour tenir à Saintes, comme son frère Claude à Saint-Jean de Luz, un magasin de prêt-à-porter. Il est décédé en 1993."
A bientôt.
Jidé