Roc Blanc, accident...
Modérateur : Pteam
Roc Blanc, accident...
Bonjour,
J'en reviens à l'accident de Régine et à ce que l'on peut supposer de ses causes.
Comme nous avons pu le constater un tel accident soulève beaucoup d'émotions avec une idée générale de fatalité : "on a fait comme tout le monde et cette fois ça n'a pas marché".
Pour la victime le message implicite est bienveillant : "ce n'est pas de ta faute" tu as fait "comme il faut" mais "tu n'as pas eu de chance".
Mais cela laisse planer un doute "si ce qui marche pour les autres n'a pas marché pas pour toi, c'est peut-être que tu n'es pas douée, tu n'es pas chanceuse, etc...". Voilà de quoi lui faire perdre confiance en elle.
Il me parait donc nécessaire d'apporter un éclairage différent.
La technique adoptée par Laurence et Régine pour traverser ce névé est effectivement la plus communément pratiquée dans ces cas là. Elle est même enseignée très officiellement dans des clubs. Il n'y a donc aucune faute qui puisse être reprochée ni à l'une ni à l'autre. Régine avait peut-être de moins bonnes chaussures, un peu moins d'entrainement ?...
L'accident était-il évitable? En restant dans son canapé, c'est sûr ! En contournant le névé aussi, mais qui donc l'aurait fait?
En s'y prenant autrement? :
Crampons : Les réactions furent nombreuses à dire, "on ne m'y reprendra plus, je vais chausser les crampons systématiquement".
Pour faire bref, je dirais : la neige n'étant pas gelée (voir traces de la glissade sur la photo du névé) les crampons n'étaient donc pas nécessaires or, les crampons augmentent le risque de trébucher donc ils eurent été néfastes dans un tel cas.
Piolet : cela eut été l'idéal (à condition de s'être exercé à s'en servir).
Bâtons : Pouvait-on faire plus sûr avec cet équipement ?
Mon avis personnel est oui : selon mon expérience, si Régine avait utilisé la technique de l'Appui-Ramasse, très probablement :
-elle aurait été plus sereine (et Laurence aussi !)
-elle ne serait pas tombée même si son pied avait glissé ou qu'elle ait trébuché
-dans le pire des cas, si elle était tombée quand même (peu probable) elle serait restée maitresse de sa glissade qui aurait été moins rapide et elle aurait encaissé le choc avec ses pieds.
(Bien sûr on ne refait pas l'histoire. Je prend cet exemple pour illustrer qu'on peut améliorer l'avenir.)
Régine et Laurence ignoraient cette technique parce qu'elle n'est pas ou mal enseignée et déformée ou dénigrée par des personnes influentes dans le milieu montagnard qui, ignorantes, croient que la ramasse est un jouet !
Ainsi, l'accident de Régine est un grand classique, cet été on peut prédire avec tristesse qu'il y en aura d'autres et des pires. J'aimerai que cela s'améliore.
La description précise de cet accident par Laurence et les réactions nombreuses qu'elle a suscité m'ont amené à compléter mon site internet et ce que j'y explique de l'usage des crampons et des bâtons :
http://alpinismes.free.fr/ Chapitre "Neige et terrains glissants" Rubriques "Ramasse" et "Crampons"
En résumé je dirais : les crampons ne sont pas une panacée, l'appui-ramasse est une technique fondamentale. Vous ne connaissez pas? alors étudiez là !
Je reste disponible pour faire une démonstration probatoire de ces techniques sur le terrain si ça intéresse quelqu'un...
N'hésitez pas à m'écrire pour m'indiquer vos critiques ou les erreurs que vous remarqueriez.
Bonnes randonnées
J'en reviens à l'accident de Régine et à ce que l'on peut supposer de ses causes.
Comme nous avons pu le constater un tel accident soulève beaucoup d'émotions avec une idée générale de fatalité : "on a fait comme tout le monde et cette fois ça n'a pas marché".
Pour la victime le message implicite est bienveillant : "ce n'est pas de ta faute" tu as fait "comme il faut" mais "tu n'as pas eu de chance".
Mais cela laisse planer un doute "si ce qui marche pour les autres n'a pas marché pas pour toi, c'est peut-être que tu n'es pas douée, tu n'es pas chanceuse, etc...". Voilà de quoi lui faire perdre confiance en elle.
Il me parait donc nécessaire d'apporter un éclairage différent.
La technique adoptée par Laurence et Régine pour traverser ce névé est effectivement la plus communément pratiquée dans ces cas là. Elle est même enseignée très officiellement dans des clubs. Il n'y a donc aucune faute qui puisse être reprochée ni à l'une ni à l'autre. Régine avait peut-être de moins bonnes chaussures, un peu moins d'entrainement ?...
L'accident était-il évitable? En restant dans son canapé, c'est sûr ! En contournant le névé aussi, mais qui donc l'aurait fait?
En s'y prenant autrement? :
Crampons : Les réactions furent nombreuses à dire, "on ne m'y reprendra plus, je vais chausser les crampons systématiquement".
Pour faire bref, je dirais : la neige n'étant pas gelée (voir traces de la glissade sur la photo du névé) les crampons n'étaient donc pas nécessaires or, les crampons augmentent le risque de trébucher donc ils eurent été néfastes dans un tel cas.
Piolet : cela eut été l'idéal (à condition de s'être exercé à s'en servir).
Bâtons : Pouvait-on faire plus sûr avec cet équipement ?
Mon avis personnel est oui : selon mon expérience, si Régine avait utilisé la technique de l'Appui-Ramasse, très probablement :
-elle aurait été plus sereine (et Laurence aussi !)
-elle ne serait pas tombée même si son pied avait glissé ou qu'elle ait trébuché
-dans le pire des cas, si elle était tombée quand même (peu probable) elle serait restée maitresse de sa glissade qui aurait été moins rapide et elle aurait encaissé le choc avec ses pieds.
(Bien sûr on ne refait pas l'histoire. Je prend cet exemple pour illustrer qu'on peut améliorer l'avenir.)
Régine et Laurence ignoraient cette technique parce qu'elle n'est pas ou mal enseignée et déformée ou dénigrée par des personnes influentes dans le milieu montagnard qui, ignorantes, croient que la ramasse est un jouet !
Ainsi, l'accident de Régine est un grand classique, cet été on peut prédire avec tristesse qu'il y en aura d'autres et des pires. J'aimerai que cela s'améliore.
La description précise de cet accident par Laurence et les réactions nombreuses qu'elle a suscité m'ont amené à compléter mon site internet et ce que j'y explique de l'usage des crampons et des bâtons :
http://alpinismes.free.fr/ Chapitre "Neige et terrains glissants" Rubriques "Ramasse" et "Crampons"
En résumé je dirais : les crampons ne sont pas une panacée, l'appui-ramasse est une technique fondamentale. Vous ne connaissez pas? alors étudiez là !
Je reste disponible pour faire une démonstration probatoire de ces techniques sur le terrain si ça intéresse quelqu'un...
N'hésitez pas à m'écrire pour m'indiquer vos critiques ou les erreurs que vous remarqueriez.
Bonnes randonnées
-
Gérard
- Pyrénéiste
- Messages : 2033
- Inscription : 15 avr. 2007 21:13
- Localisation : Hautes-Pyrénées
- Contact :
Merci Ytterbium,
Je n'ai pu m'empêcher de mettre le lien de ton post sur le sujet :
http://www.pyrenees-team.com/forumpteam ... highlight=
De bons croquis valent mieux qu'un long discours
A bientôt
Gérard
Je n'ai pu m'empêcher de mettre le lien de ton post sur le sujet :
http://www.pyrenees-team.com/forumpteam ... highlight=
De bons croquis valent mieux qu'un long discours
A bientôt
Gérard
Mes deux petits sites en un Pyrénées, chemins de traverse et La Haute Randonnée Pyrénéenne (H.R.P.) à contre-courant
Sincèrement, je souhaite bien du courage à Régine (et à toi). Elle est sauve, mais il reste de sacrées épreuves. J'espère qu'elle n'aura pas de séquelles physiques.
Merci de partager le récit.
Je voudrais juste apporter ma pierre à l'édifice, une fois, un 15 août en fin de rando on déjeunait sur les aires de bivouac près du refuge des oulettes en se délectant de la vue. Soudain j'ai entendu un "À l'aide" très très lointain, très faible, mais avec quelque chose de désespéré dedans... Cela ne sonnait pas "petit plaisantin"... Mais c'était tellement faible que je me suis demandé si je ne l'avais pas rêver... Quelques secondes après je l'ai ré-entendu et un de mes compagnons aussi... Je peux vous garantir que ça calme sévère de savoir que quelqu'un a besoin d'aide dans la face Nord du Vignemale et qu'on est peut-être les seuls à pouvoir intervenir. Ce jour là, j'avais des jumelles et j'ai commencé à chercher pendant que le copain partait dire au refuge qu'on entendait des appels (On a su qu'après que le refuge disposait d'une longue vue)... Un type me voyant avec des jumulles m'a rejoint, il avait croisé une cordée qui partait sur une course qui ne lui semblait pas bonne. On a fini par localiser 2 gars qui gesticulaient comme des fous et un troisième était allongé immobile à leurs pieds dans une zone improbable.
Au bout d'un moment ils ont utilisé un miroir pour se faire repérer. Nous leur avons répondu avec un sifflet. Leurs cris se sont calmés.
L'hélico a bien mis 45 min à 1h pour se pointer... c'est long et très angoissant. Et encore, on ne connaissait pas ses personnes, nous ne leur avons jamais parlé mais on était très stressés !
(Quand à nous, nous n'aurons jamais le fin mot de l'histoire... cause, conséquence etc)
Peut-être qu'avec ton expérience, Laurence, tu n'as pas vraiment eu le temps d'avoir peur, de céder à la panique, tu as peut-être utiliser le bon côté du stress mais dans tous les cas je te tire mon chapeau ! Et pis pour avoir su rester calme avec tes interlocuteurs aussi ! Grand respect.
On revient juste d'un TMB avec un pote... un raccourci nous plaisait bien... mais trois névés à enchainer nous ont dissuadés... En lisant ton récit j'en suis bien content !
FAb
Merci de partager le récit.
Je voudrais juste apporter ma pierre à l'édifice, une fois, un 15 août en fin de rando on déjeunait sur les aires de bivouac près du refuge des oulettes en se délectant de la vue. Soudain j'ai entendu un "À l'aide" très très lointain, très faible, mais avec quelque chose de désespéré dedans... Cela ne sonnait pas "petit plaisantin"... Mais c'était tellement faible que je me suis demandé si je ne l'avais pas rêver... Quelques secondes après je l'ai ré-entendu et un de mes compagnons aussi... Je peux vous garantir que ça calme sévère de savoir que quelqu'un a besoin d'aide dans la face Nord du Vignemale et qu'on est peut-être les seuls à pouvoir intervenir. Ce jour là, j'avais des jumelles et j'ai commencé à chercher pendant que le copain partait dire au refuge qu'on entendait des appels (On a su qu'après que le refuge disposait d'une longue vue)... Un type me voyant avec des jumulles m'a rejoint, il avait croisé une cordée qui partait sur une course qui ne lui semblait pas bonne. On a fini par localiser 2 gars qui gesticulaient comme des fous et un troisième était allongé immobile à leurs pieds dans une zone improbable.
Au bout d'un moment ils ont utilisé un miroir pour se faire repérer. Nous leur avons répondu avec un sifflet. Leurs cris se sont calmés.
L'hélico a bien mis 45 min à 1h pour se pointer... c'est long et très angoissant. Et encore, on ne connaissait pas ses personnes, nous ne leur avons jamais parlé mais on était très stressés !
(Quand à nous, nous n'aurons jamais le fin mot de l'histoire... cause, conséquence etc)
Peut-être qu'avec ton expérience, Laurence, tu n'as pas vraiment eu le temps d'avoir peur, de céder à la panique, tu as peut-être utiliser le bon côté du stress mais dans tous les cas je te tire mon chapeau ! Et pis pour avoir su rester calme avec tes interlocuteurs aussi ! Grand respect.
On revient juste d'un TMB avec un pote... un raccourci nous plaisait bien... mais trois névés à enchainer nous ont dissuadés... En lisant ton récit j'en suis bien content !
FAb
bonsoir,
tous nos voeux de corrèze pour le rétablissement de Régine.
Merci à Ytterbium pour son site que nous connaissions pas. Dans une autre vie j'étais skipper pro et une fois par mer belle, suite à la rupture d'une manille j ai eu un homme à la mer, je comprends ces minutes où l'on voit l'autre s'eloigner sans le quitter des yeux tout en prenant des décisions en se demandant si ce sont les bonnes, pour nous cela s'est bien terminé,juste une réanimation au ti'punch.Mais ce sont des minutes qui sont toujours gravées dans ma mémoire.
Courage à vous deux et continuez à faire rêver ceux qui sont un peu loin des pyrénées
tous nos voeux de corrèze pour le rétablissement de Régine.
Merci à Ytterbium pour son site que nous connaissions pas. Dans une autre vie j'étais skipper pro et une fois par mer belle, suite à la rupture d'une manille j ai eu un homme à la mer, je comprends ces minutes où l'on voit l'autre s'eloigner sans le quitter des yeux tout en prenant des décisions en se demandant si ce sont les bonnes, pour nous cela s'est bien terminé,juste une réanimation au ti'punch.Mais ce sont des minutes qui sont toujours gravées dans ma mémoire.
Courage à vous deux et continuez à faire rêver ceux qui sont un peu loin des pyrénées
