J29 02/09/12 dimanche
Réveil à 7h44, la nuit a été très bonne comme d'habitude quoiqu'un peu perturbée :
Je me réveille vers 4h du matin complètement gelé avec tremblements, claquage de dents et tout le toutim. Mon premier réflexe est de regarder ma montre accrochée au sac à dos pour vérifier la température, elle est de quatre degrés sous zéro.
Après plusieurs tests, j'avais défini la température limite de mon système de couchage à dix degrés sous zéro (une très mauvaise nuit aux alentours de moins 13°C entre autres) donc là ma réaction est la suivante :
"Quoi ? - 4°C ?
Mais non, non, non, normalement je devrais avoir encore bien chaud...ce n'est pas la limite !
J'ai foiré mes tests ou quoi ?
Non, non, non ,non, non, je veux dormir et ne pas me cailler, moi !"
Je commence à envisager des solutions en étant toujours bien gelé, j'allume la frontale et là...
...je m'aperçois qu'en bougeant dans la nuit, j'ai complètement ouvert le sac de couchage depuis le bas !
Il doit rester quatre ou cinq centimètres de zip fermé près de la capuche du sac !
"Niguedouille va ! Refermes moi ça en vitesse !"
Ah okidac, je referme le tout, ressent direct une douce chaleur et me rendort comme une masse dans la foulée. (ce qui explique le réveil tardif)
Quelle andouille !
La nuit a été moins bonne pour Julien, le mot est faible.
Son sac de couchage ayant largement dépassé ses limites, il a dormi très bien pendant quatre ou cinq heures mais ensuite, même dans sa tente double-toit, dans son duvet avec tout ses vêtements et les jambes dans le sac à dos, il était complètement gelé et n'a pu que somnoler en boule par courtes périodes.
Au lever, il n'a qu'un désir, vite se mettre en route pour se réchauffer, ce qu'il fera vers 8h30 après un thé brulant.
Mais c'est une situation qu'il avait envisagé au vu de la faible capacité thermique de son duvet.
La force basque j'vous dis !
On avait pas vraiment prévu le même itinéraire à partir de là, il va passer au nord du Balaïtous alors que je vais passer au sud.
J'avais prévu sud pour moins de difficultés et éventuellement l'ascension de la grande Fache, je m'y tiens car d'une part je n'ai pas la carte pour passer par Larribet et d'autre part j'ai envie de marcher un peu seul même si c'était vraiment top avec Julien, donc on se sépare en se donnant rendez-vous mardi soir au refuge d'Ayous.
Ayant ce qu'il faut pour prendre mon ptit déj confortablement, je n'étais pas non plus obligé de filer dès le réveil comme Julien a du faire.
Et puis cette vallée du Marcadau est vraiment superbe et j'ai envie d'y trainer un peu.
Après avoir fait dégeler et sécher le tarp, je prend tranquillement mon ptit déj avec le soleil qui arrive sur le lieu de bivouac puis fait un petit rangement de sac. Je vais ensuite faire une longue toilette à la rivière et ne quitte les lieux que vers 12h30 !!!!
J'entame une longue marche pour rejoindre...le refuge Wallon

et m'offrir un petit café agrémenté d'une tablette entière de chocolat blanc, miam !
J'écris dans mon carnet et écoute un petit peu un des aides-gardiens du refuge et me remémore que pendant la formation de gardien, on tourne de refuge en refuge, après aussi ? Il dira qu'il est très content d'être à nouveau ici car il en a bien chié au mois d'Aout au refuge des Sarradets qui était tout le temps bondé et occupé par des clients pas toujours très sympas avec les gardiens :
"A la brèche, c'est l'usine ! On a jamais trop le temps d'aller se balader. "
Ecrit à 12h42 sur la terrasse du refuge Wallon
Je demande quelques infos sur la météo au gardien titulaire en train de rigoler avec une des aides-gardien qui vient de finir son service et rentre chez elle.
Sa réponse est très évasive sûrement pour épater la jeune mais je ne trouve pas ça très correct et quitte le refuge un poil énervé contre ce vilain monsieur.
J'entame tranquillement la montée évidente au col de la Fache, quelques vautours fauves et marmottes m'accompagnent.
La vallée du Marcadau vu de haut :
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Presque au col, la grande Fache avec un petit chapeau de nuages :
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Regards en arrière :
Un des lacs de la Fache avec en face (de d. à g. = du sud au nord) Meillon, Chabarrous, Gerettet, dans les nuages et pic Wallon et Pouey Laou qui percent. En gros le chemin emprunté la veille passe sous ce massif dans le vallon d'Aratille rejoignant ensuite la vallée du Marcadau, le col d'Aratille est caché en haut à droite.
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Suite de la photo précédente (vers la droite) grand pic de Péternelle au centre avec la crête qui traverse presque toute la photo, à sa droite le pic de Muga, et à sa gauche pics et col d'Arratille et Vignemale entre autres sont dans les nuages :
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Une fois arrivé au col, je laisse mon sac pour monter à la grande Fache :
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Je monte, monte et me retrouve dans le brouillard complet. Je m'arrête et me rend compte qu'il est bien tard pour débuter une ascension, qu'au cas où il m'arrive quelque chose, mon sac avec le matériel de sécurité, la nourriture et les affaires chaudes risquent de bien me manquer et en plus je risque de ne rien voir arrivé en haut.
J'y suis presque, le nuage se dégage un court instant et me permet de voir un petit bout de vue, bon allez ça me suffit, je redescend un peu fâché (

) de ne pas avoir pris mon sac mais résolu à ne pas prendre de risques inutiles, connaissant en plus l'expérience fâcheuse (

) par ici d'une illustre personne déjà maintes fois citée dans le récit (qui se reconnaitra, coucou

).
Dans la descente vers Campo Plano, je rencontre un couple d'allemands HRPistes qui m'apprennent qu'il a aussi bien caillé à Arrémoulit la nuit précédente, pas étonnant c'est environ quatre cent mètres plus haut qu'à Wallon.
Hallo !
La descente,le lac de Respumoso en bas :
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Campo Plano c'est vraiment très beau et le nom est bien choisi, ça doit faire une surface herbeuse plane de la taille de trois ou quatre terrains de rugby (minimum). Il y a énormément de marmottes et aussi quelques brebis rastas !
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Presque arrivé à Campo Plano :
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Un couple de marcheurs se repose au bord du lac, il ne tourneront même pas la tête vers moi lorsque je les saluerai au passage, bouh les vilains !
Campo Plano et pic de la Peyre :
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Avant d'aller dormir dans le val d'Arriel (avec la petite sirène !), je décide de chercher le refuge Alfonso XIII pour voir comment il est, il apparait sur ma carte mais je n'ai pris aucun renseignements à son sujet.
Un peu avant :
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Je passe plus d'une heure à le chercher car comme le refuge de Molières précédemment, il est noté au mauvais endroit sur ma carte.
Une fois trouvé, impossible de l'ouvrir mais il a l'air d'être assez vétuste et pas forcément waterproof !
Au moins je suis fixé, je m'y arrête un petit peu pour manger un bout de pain avec du fromage.
Reflets dans le petit étang sous Alfonso XIII :
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Contrairement aux infos que j'ai pu pêchées, je trouve le site de Respumoso très joli, les sommets qui l'entourent sont très impressionnants et le lac avec des arbres qui en dépassent a une couleur et des reflets enchanteurs avec la lumière de fin de journée.
Refuge et cirque de Respumoso, les Frondellas :
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Puis j'ai visité un peu en cherchant ce bon vieux Alfonso, ça m'a permis de voir des vues sympas sur le lac, à gauche pics Garmo et Musales et au fond/en face pics de Soques et Sobe :
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Je suis allé jusqu'à la petite presqu'île en face, y avait des vaches !

Le pic de la Foqueta, le plus haut à gauche :
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Belle crête de gauche à droite, de la Foqueta (qu'on voit pas là) au pico Garmo :
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J'ai perdu beaucoup de temps à batifoler à droite à gauche cet après-midi (et à chercher Alfonso XIII) et il est déjà tard quand je stoppe au refuge pour ma bière quotidienne. Je me pose sur la terrasse et le froid aidant je me décide à rester là ce soir (16,50€ la nuit) alléché par une bonne douche chaude, tant pis pour le bivouac avec la petite sirène !
Le mot usine a été évoqué pour le refuge de la brèche en été, on peut utiliser le même mot pour celui de Respumoso, c'est très grand, tout neuf mais à des années lumières du petit refuge authentique de montagne, je précise quand même qu'à leur grand avantage ils ont une tireuse à bière !
Je pose mes affaires dans le dortoir "Arriel" (si je me rappelle bien) pour bien finir de remuer le clou dans la plaie (

) et vais me doucher après avoir fait une petite lessive.
Je vais ensuite popoter dans la cuisine en gestion libre, j'y reste manger avec un espagnol chauve (pas si rare que ça en fait

voir jour 18 à Conangles).
Il est très sympa et est bien d'accord avec moi pour rester manger au calme dans la cuisine plutôt que d'aller dans le réfectoire ultra-bruyant, il me dit même qu'il trouve que les espagnols parlent trop fort !
Ce n'est pas la première fois que j'entends ça et que je le constate mais par contre c'est bien la première fois que c'est un espagnol qui me le dit !
Cela amplifie vraiment ma sympathie envers lui et on ira ensemble se faire un café/clope à l'extérieur.
Je rencontre ensuite les autres occupants du dortoir.
Un couple slovaquo-polonais très gentil, Mathias et Irina, ils sont en train de faire un tour d'Europe en stop (ça rime) et ont voulu faire un petit tour dans les Pyrénées mais ils sont impressionnés :
"Il fait froid et c'est dur de marcher sur ces sentiers caillouteux."
Ils vont à Arrémoulit demain et doute un peu de l'itinéraire avec leur carte routière !
Je leur montre ma carte qu'ils photographient et leur explique le cheminement en précisant bien qu'il faut grimper un pierrier chiant juste après le dernier lac d'Arriel.
Il y a aussi un vieux français qui s'est, comme les allemands rencontrés plus tôt dans la journée, aussi bien pelé la nuit précédente en bivouaquant à Arrémoulit. En même temps avec un duvet 10°C confort, fallait un peu s'y attendre et puis il faut préciser qu'Arrémoulit est environ quatre cent mètres plus haut que Wallon, il est donc probable qu'il y ait eu moins de quatre degrés sous zéro par là-haut.
Après cette très fraiche nuit donc, pour boucler la boucle il a aussi aujourd'hui bien galéré sur l'itinéraire, tout d'abord en descendant le col d'Arrémoulit (le fameux pierrier) et ensuite en prenant le sentier en balcon entre Arriel et Respumoso. Il s'est engagé sur ce sentier avec deux autres personnes et au bout d'un moment le sentier était effondré, ils ont donc rebroussé chemin et sont ensuite passé par le bas en descendant puis remontant trois ou quatre cent mètres de dénivelé avec apparemment encore un pierrier pas commode du tout d'après lui.
Donc sur ma carte, je n'ai pas un mais deux sentiers en balcon et d'après les explications un peu embrouillées du monsieur le sentier écroulé serait celui du haut, bon je prendrai donc celui du bas mais j'ai quand même l'impression qu'il plane un peu ce bon monsieur.
Quand je lui demande s'il n'y avait pas moyen de passer au dessus ou au dessous de l'effondrement, il me répond :
"Euh ben en fait je sais pas trop, on a pas essayé et on a pas trop regardé."
Mouais, on verra bien demain...
Dodo vers 22h15
Ecrit à 20h51 à Respumoso
La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.
Ourson Power