But aux Pez... mais Abeillé

[néthou]

Donc je paye aussi la tournée à tous ceux du forum qui randonneront avec moi

Tu vas où, ce week-end ?

[LukeSmith]

Bon, depuis quelques semaines, je ne randonne plus le week-end, de peur de passer ma paye en alcool...
Du coup je suis sorti aujourd'hui... et j'ai croisé personne... en tentant à nouveau les Pics du Port de la Pez...

Ce matin, réveil très tôt.
En prenant mon pti dèj, je me dis que ces heures ne sont définitivement pas les miennes... mais bon, on dit toujours qu'un bon montagnard part tôt... donc si un jour je veux espérer en devenir un...
Dans la voiture, je réfléchi... je me dis que j'aurais pu partir plus tard, en anticipant un poil l'heure d'hiver...
Arrivé au Pont de Prat... 7h00... nuit noire, un camping-car... bon si j'étais parti 45minutes plus tard, j'aurais pas eu besoin de la frontale au départ... Frontale que j'enlève à la sortie de la forêt, juste avant la cabane Jean Forgues.
Cabane de laquelle j'aperçois de la glace dans les parois exposées au nord sous le Pic du Port de la Pez... erf... bon, on verra bien, je passe pas dans cette paroi... mais pas loin... je monte tranquille, alors que les sommets du Lustou, Parraouis et Estos commencent à prendre le soleil.
Je monte, je monte... je surveille mon alti, je me suis fixé un maximum à 9m/min... 1800m de D+, faut les tenir. et ces 9m j'y suis en me tenant sur la réserve... cool!
Quand j'arrive à proximité du tunnel avorté, je sens les semelles qui patinent un peu sur les cailloux... hum... bon, je vais éviter les cailloux. je suis à 2100, soit 350m sous le col... ça doit pas se dégrader tant que ça en si peu de temps...
Juste après, faut traverser le ruisseau... méfiat maximum... mais c'est plutot propre.
Et plus je monte, plus je doit faire gaffe.

Jusqu'à un moment ou le moindre petit caillou sur le chemin est glissant, et là je me surprend à faire deux mètres dans le gispet mêlé à des résidus de neige, pour éviter le chemin trop glissant. Et là je reprend vite mes esprits, je me dit qu'il est l'heure de faire un petite pause, histoire de réfléchir un peu...
Je suis à 2300m, il me reste 150m jusqu'au col, et je sais que la sortie du col se fait uniquement sur du cailloux versant nord. Je me dit que vu les températures annoncées, ça pourrait dégeler vers les 13 ou 14h00... il est 9h30... d'un il sera trop tard pour faire le sommet si j'attends autant, de deux je n'aurais jamais la patience d'attendre jusque là... P****n pourquoi je suis pas parti plus tard!!!! grrrr!

Tout ça est vite réfléchi, je commence à redescendre une petite minute plus tard. J'ai plein de temps, alors je le prend sur la portion glissante... et après aussi.
A 11h20 je suis à l'embranchement de la Soula...1350m... je vais pas manger dans la vallée quand même... pas à l'ombre non plus... Du coup je remonte à la Santette... et même un peu au dessus, au replat sous la gare de téléphérique, à 1650m. il est 11h50 et je suis en plein soleil. Je casse la croute, mais il fait trop chaud pour moi... nan mais c'est quoi ce b****l je viens d'abandonner un sommet à cause du gel y a 3h....

Je repart donc rapidement, et rejoins la tuture en un clin d'oeil, en prenant tous les raccourcis, même ceux qui ne sont pas indiqués (15 minutes pour descendre... en mode trail ça doit faire beaucoup moins)

Dans la voiture, je repense à cette décision... et si j'étais parti plus tard?...

Main non, en fait je suis fier...
Fier d'avoir fait ce choix au bon moment car si j'avais continué un petit peu, j'aurais pris des risques.
Et surtout, très fier de ne pas laisser quelqu'un graver sur du marbre ce que j'ai un grand plaisir d'écrire ici:
Luke Smith, partit trop top le 18-10-2021
En plus des ptis jeunes auraient pas compris, vu mon âge...

(mais bon, deux buts sur un même sommet en une seule saison... y en a qui collectionnent les 3000, moi c'est les échecs)

[Dalmatien]

Tu as bien raison
L'objectif ce n'est pas le sommet c'est d'en revenir

[néthou]

Et ce n'est pas le premier coin dans les Pyrénées où on arrive à un col sur des pentes très raides orientées nord.
C'est pareil pour le port d'Urets dans le Biros, qui compte un nombre conséquent d'accidents sur un terrain identique.

[dinosaure]

en tentant à nouveau les Pics du Port de la Pez...

Je me dit que vu les températures annoncées, ça pourrait dégeler vers les 13 ou 14h00... il est 9h30... d'un il sera trop tard pour faire le sommet si j'attends autant, de deux je n'aurais jamais la patience d'attendre jusque là... P****n pourquoi je suis pas parti plus tard!!!! grrrr!

Dans la voiture, je repense à cette décision... et si j'étais parti plus tard?...

(mais bon, deux buts sur un même sommet en une seule saison... y en a qui collectionnent les 3000, moi c'est les échecs)

c'est pas des échecs c'est de l'expérience !!!
ce qui a d'étonnant chez l'être humain c'est qu'il oublie vite...
on est tous pareils....on le sait que l'automne ça glisse...
et pourtant il faut que saisons après saisons...on y soit confrontés à la première sortie qu'on fait à cette saison...pour que ça nous revienne !!!
l'heure ne change rien...en versant nord...même si au mieux ça dégèle à peine...ça ne sèche pas...et le problème reste entier...
donc en dehors du syndrome..."je reviens trop vite sur un pic où j'ai buté" et donc toutes les conditions ne sont pas réunies pour une réussite mais plus pour un nouvel échec...j'ai expérimenté aussi...
il vaut mieux s'appliquer dans le choix des expositions....
c'est pour ça que j'ai privilégié l'espagne ces derniers jours...même en versant nord...c'est un peu plus sec qu'en france...
après l'exposition...j'ai pris un vol pas plus tard qu'hier en mettant le pied sur un caillou verglassé (sans conséquences..) allez comprendre pourquoi celui là l'était et pas tous les autres autour !!!!

le versant nord de la suelza était tapissé de glace...en milieu d'après midi...j'ai bien entendu tomber quelques cailloux...mais très peu...ce qui prouve que ça dégèle à peine...

faites gaffe en Ariège où il y a une "petite humidité résiduelle"
je me souviens d'une sortie au dessus d'Orlu avec montée effectuée sur un sentier particulièrement glissant...retour moi qui croyait naïvement que ça sècherait....j'ai du mettre plus de temps à descendre que j'en avais mis à monter...j'ai failli finir à la frontale...

le mieux c'est bien sur du versant sud...comme au printemps quand on cherche du déneigé !!!

PS : et puis tu as toujours fait le pic de la pez et pas moi
ça n'aurait pas été la route et la piste...je l'aurais bien tenté par l'espagne
quoique question piste celle d'urdicetou est vraiment pourrie de chez pourrie...
au bout de 3km 5 j'ai eu pitié de la voiture...

PS 2 tu noteras qu'on est sorti le même jour....tu aurais pu te retrouver à payer à boire

[Bouquetin Boiteux]

En dehors du fait que j'adore le ton plus ou moins ironique du texte (et surtout l'épitaphe de fin ), je trouve vraiment bien de lire ce genre de retour (et les commentaires qui suivent).

Et même si on lit partout qu'il faut savoir renoncer blablabla... au final, le jour où on y est confronté on se rend compte que c'est vachement dur à faire.

[LukeSmith]

c'est de l'expérience !!!

Ha oui, on apprend plus de ses échecs que de ses réussites... mais ça reste des échecs

on le sait que l'automne ça glisse...
et pourtant il faut que saisons après saisons...on y soit confrontés à la première sortie qu'on fait à cette saison...pour que ça nous revienne !!!

Ha mais non, je le savais parfaitement! Je m'étais juste dit que le col à 2450 avec un sentier ça devait encore passer... (et puis dans mes souvenirs la pente n'était pas si raide...)

syndrome..."je reviens trop vite sur un pic où j'ai buté"

hum... si j'y suis si vite retenu, c'est que je le repousse depuis déjà trois ans... et que c'est le dernier 3000 vraiment facile des HP qu'il me reste à faire...

je trouve vraiment bien de lire ce genre de retour (et les commentaires qui suivent)

Je suis d'accord! La plupart des gens racontent longuement leurs réussites et s'attardent très peu sur leurs échecs (quand ils ne les taisent pas)... alors que c'est souvent plus intéressant (voir épique des fois!)

[dinosaure]

Et même si on lit partout qu'il faut savoir renoncer blablabla... au final, le jour où on y est confronté on se rend compte que c'est vachement dur à faire.

ça dépend un peu ce que l'on fait...mais en fait c'est courant...tu cherches des voies, tu abandonnes...tu recherches...et si tu parviens à tes fins...tu considères celà comme une réussite et tu oublies tous tes renoncements...ou errements...
la météo aussi rentre dans le "renoncer" et c'est vrai qu'après quand tu te retrouves en plein dans l'orage...tu regrettes de t'être obstiné

on le sait que l'automne ça glisse...
et pourtant il faut que saisons après saisons...on y soit confrontés à la première sortie qu'on fait à cette saison...pour que ça nous revienne !!!

Ha mais non, je le savais parfaitement! Je m'étais juste dit que le col à 2450 avec un sentier ça devait encore passer... (et puis dans mes souvenirs la pente n'était pas si raide...)

les sentiers...pas un gage...à cette époque..
je garde un souvenir d'une montée au port du marcadau...et un peu avant je voyais des gens en sens inverse qui avaient l'air d'aller très doucement...quand je suis arrivé...j'ai compris...sentier verglassé...donc à l'altitude dont tu parles et pas sur un truc pentu....
pas de crampons...à moitié à 4 pattes....et déjà juste près du col c'était sec...
j'ai sorti le projet de faire la pointe de la muga (pico marcadau en espagne) par la crête frontière en voyant que même les isards avaient l'air de faire gaffe où ils mettaient leurs sabots....
et c'est monté en versant espagne (sud) comme une fleur sur de l'herbe assez raide mais sèche !!!

[néthou]

...j'ai failli finir à la frontale...

(dans ses pérégrinations pyrénéennes, la frontale est pour Dino ce que les crampons sont au glaciairiste... )