Jean-Robert a écrit:
" Es-tu en route pour les Pyrénées ?
Ah ! je t'envie , je les aime tant ! "
George SAND - lettre à Gustave Flaubert
Pardon de revenir sur la précédente citation, Jean-Robert, mais je ne résiste pas à en citer un peu plus :
"Es-tu en route pour les Pyrénées ? Ah ! je t’envie, je les aime tant ! J’y ai fait des courses insensées, mais je ne connais pas Luchon. Est-ce beau aussi ? Tu n’iras pas là , sans aller voir le cirque de Gavarnie, et le chemin qui y conduit ? Et Cauterets, et le lac de Gaube ? Et la route de Saint-Sauveur ? Mon Dieu, qu’on est heureux de voyager, de voir des montagnes, des fleurs, des précipices ! Est-ce que tout cela t’ennuie ? Est-ce que tu te rappelles qu’il y a des éditeurs, des directeurs de théâtre, des lecteurs et des publics, quand tu cours le pays ? Moi j’oublie tout, comme quand Pauline Viardot chante."
Gustave Flaubert, dans sa jeunesse (en 1840), est aussi allé sur les lieux dont parle George Sand et s'en est ému. Mais la lettre de Flaubert, 7 jours plus tard (le 12 juillet 1872) propose un silence éloquent quant aux questions de George Sand :
"Me voilà ici [à Luchon] depuis dimanche soir chère maître, & pas plus gai qu'à Croisset [la maison familiale où vit Flaubert] ! un peu moins même, – car je suis très désœuvré. on fait tant de bruit dans la maison que nous habitons qu'il est impossible d'y travailler. – La vue des bourgeois qui nous entourent m'est, d'ailleurs, insupportable ! Je ne suis plus fait pr les voyages. Le moindre dérangement m'incommode ! "
Devant le spectacle des Pyrénées, George Sand arrive à passer outre le monde et la fréquentation, alors que Flaubert, trente ans plus tard, ne voit que ça. Toute ressemblance avec des situations contemporaines ne serait que pure coïncidence...