Jour 2:6h00: Le chant des oiseaux monte crescendo, des petits bruits de clapotis se font entendre, la lumière commence à baigner la toile de tente, nouveau jour, monde nouveau !
Petite routine matinale, empaquetage du duvet, roulage du matelas, une gorgée ou deux d'eau. Enfilage des vêtements de marche et de la polaire, et ziiiiiip ! Voyons voir ce que Mme météo nous a servi aujourd'hui...
Grand ciel monochrome nuancé, que rêver de mieux ? On fait sécher la tente, quelques étirements, une barre de céréales et andiamo, 6h30 !
Je commence par longer l'étang, arrosé par la lumière de l'aube, c'est magnifique, pour commencer on peut pas faire mieux.
Bon ça durera 4 minutes, car la suite, c'est 2h de descente dans la forêt sur une longue piste défoncée. On suit les piste de ski de fond, on croise les pistes de ski alpin, c'est un peu monotone, mais ça permet de se réveiller tranquillement.
Si j'avais su, j'aurai longer la têt jusqu'à Mont Louis, ce sera pour l'année prochaine.
Arrivé à Bolquère, je libère l'eau récupérée dans la Pradeille pour la troquer contre l'eau du boulodrome puis bifurque sur ma gauche afin de traverser par un chemin les champs en hauteur de route.
Sur ma droite s'élève la crête où je poserai les pieds cet après-midi ou demain.
Mon attention est happée par ce pic/cratère. On a l'impression qu'un gros morceau de montagne s'est écroulé pour laisser une béance accrochée à son flanc.
(Je n'avais jamais vu le Cambre d'Aze, c'est fait)
Après le col de la Perche, on continue à travers champs, villages, ce n'est pas très passionnant, on continue l'avancée.
Puis c'est Planès, très joli petit village pour une première pause, grosses gorgées d'eau fraîche à la fontaine, SMS pour dire que tout va bien et on continue.
Cette fois-ci, c'est plus sérieux, passé le refuge de l'Orry, ça grimpe. Fort. Dans la forêt, le long des marques du GR 10.
Après 400m de dénivelé, je débouche dans la vallée de la Riberole, très jolie, très chaotique, il y a de tout partout. On dirait qu'un gros bébé géant a joué dans la vallée et a oublié de ranger. (d'après ma première impression évidemment)
C'est très beau, on monte dans une pente assez douce, le long de la rivière, sur 500m de d+ pour arriver à l'Estanyol, une grande mare accueillante nichée au fond d'un petit cirque.
Il est autour de 13h30. J'avais prévu de peut-être m'installer ici pour le bivouac, mais que nenni, il est bien trop tôt.
Bien que l'endroit s'y prête, je décolle après avoir fait le plein d'eau.
La suite est simple, droit dans la pente, 300 de d+ pour atteindre le col d'en Bernat, très belle montée qui débouche sur un "faux-col" mais qui donne un point de vue très intéressant, à la fois sur la crête plein est , et la suite du chemin au sud.
On trace ensuite à flanc une courbe digne de ce nom:
pour poser le pied sur le coll de Nou Fonts. Magnifique, vue sur les deux versants.
vue du coll après un demi-tour:
La suite est un yoyo de col et de pics rasés, de la caillasse, c'est enivrant !
Je rencontre un traverseur dans la montée du pic de Noucreus qui est parti de la cabane de Rotja ce matin, ça fera un peu trop loin pour moi vu qu'il est déjà 15h. Je vise plutôt le refuge Ull de Ter (ce nom me fera toujours marrer, forcément, ça me fait penser à pomme de terre).
Je survole les lacs glacés de la Carança , posés quelques centaines de mètres plus bas
et descends ensuite dans la vallée où s'amusent des dizaines d'izards.
Passant à côté du refuge de Tirrapitz, j'hésite, je découvre ou je découvre pas ? Bon, je préfère me garder la surprise pour l'année prochaine quand j'y reviendrai, sacrée construction !
Un petit coup d'oeil sur la droite pour admirer la magnifique vallée de Freser.
(Faudra que j'aille y faire un ptit tour un jour) et je mets le pied sur le coll de Marrana. (qui doit être un coin réputé pour les traileurs ibériques courant et criant dans les descentes...)
Puis c'est la descente vers le refuge gardé d'Ull de Ter, rien de passionnant à déclarer.
Je me libère enfin de mon sac et commande un pierrier et une pierre en terrasse.
Le premier pour désaltérer, le deuxième pour le plaisir...
Il est 17h30. Il fait bon, mais interdit de planter la tente aux abords du refuge (par contre ce n'est pas interdit de mettre des chaises criardes en plastique, de construire des routes dégueues et des parkings immenses).
Bref, je n'ai pas envie de chercher un terrain plat dans ce bel endroit en devers. Je refais le plein d'eau, remets mes chaussures et mon sac et je continue pour atteindre le mamelon pelousé que j'aperçois devant moi à 1h30 tout au plus.
Je descends jusqu'à la route dégueue, monte jusqu'au parking dégueux dépasse les bâtiments dégueux et grimpe vers la porteille de Morens en guettant des potentiels lieux de bivouac.
Pas grand chose à se mettre sous la dent, je continue et débouche sur la steppe de Morens battue par les vents (bon, y a pas de vent aujourd'hui) qui font plier les milliards de brin d'herbe. Ils ne rompent pas et moi non plus !
Petit regard en arrière pour admirer l'oeuvre de l'Homme:
Bonne nouvelle, du plat:
ça faisait longtemps, et mon corps remercie chaleureusement cette ligne de courbe côté 2400 qui épouse mon trajet pendant 5km pour rejoindre, tadaaa, enfin, le cabane de Rotja. Jamais je n'y aurais cru mais la voilà , il est dans les 20h.
Bon, elle est déjà prise par 3 randonneurs, mais un toit plus quelques bouches et oreilles ne feront pas de mal !
Un bonne fondue savoyarde lyophilisée avec ses petits croutons, quelques petits crackers partagés, quelques discussions sur les itinéraires de chacun et au lit. Demain, réveil 5h30.
Hop là , j'allais oublier, la vue sur la côte et ses villes éclairées, que j'allais retrouver quelques jours plus tard.
Dans la nuit, un vent à décorner toutes les vaches de Pla Guilhem soufflant sur la tôle et deux espagnols débarquant vers 23h pour s'insérer dans nos couches (mais très discrets, je les remercie) ne m'empêchent pas de passer une bonne nuit reposante après cette rude journée.
A demain pour la suite !