J3 : mardi 12 juillet 2016
Distance :
22 km D+ : 1540 m D- : 1270 m
J'ai l'ambition aujourd'hui de parcourir les crêtes d'Iparla mais, vu la météo ce matin (la même qu'hier), je suis pessimiste. Il fait bien gris, le plafond est très bas mais au moins, il ne pleut pas. Je peux ranger mon sac comme je le veux sans me presser.
La tente est trempée, je la ferai sécher si le temps s'améliore en cours de journée.
Je la mets dans une des deux poches latérales en mesh du sac à dos, en compagnie de la feuille de polycree qui me sert de tapis de sol. J’enveloppe ensuite le sac dans le sursac à dos Décathlon.
Je décolle à 8h30 et grimpe sans voir grand-chose en compagnie d’un troupeau de vaches, d’abord sur un sentier puis sur la route en direction du col de Méhatché, que je ne distingue même pas alors qu’il est à seulement 150 m de D+ :
Au col, il n’y a aucune visibilité, je prends la pluie dans les yeux avec un furieux vent venant du Nord-Est qui me glace en un instant. Inutile de monter sur l’Artzamendi…
Un peu décomposé, je ne regarde même pas la carte et me trompe en partant de suite à droite sur un sentier où je ne vois aucune trace rouge et blanche. Je regarde la boussole : forcément, je vais vers le Sud alors que le GR file à l'Est. Je rebrousse chemin, je retrouve le GR qui est pourtant ultra évident.
Le début de la descente n’est pas folichonne, même l’APN prend l’eau :
Au col du diable d’Artzatey(altitude : 666 m), mon alti à 30 € n’a que 3 mètres d’écart :
Je descends encore et enfin cela se découvre un peu.
Regard en arrière sur le col de Méhatché
oui, oui, Philou, je comprends mieux pourquoi c’est si vert dans les Pyrénées-Aquati… pardon Atlantiques :
Mais quand ça se dégage, ce coin est d’une beauté incroyable !
Je suis les bornes frontières puis file vers la bergerie Zelhaïburu où je rencontre 2 randonneuses aussi désabusées que moi. On ne se parle même pas mais on se comprend aux sourires échangés.
Je vais voir à l'intérieur de la bergerie où une envie subite de m'allonger dans la paille sèche me prend.
Non, pas le temps. Je m’oriente vers la descente et je découvre des paysages insensés, d’une beauté , d’un pentu incroyables. Et quelle verdure !
J'entame la très sympathique descente devant les merveilleuses pentes du pic Itsusi. Je suis émerveillé !
En un instant, toutes les petites galères précédentes sont oubliées. Cette descente est un pur bonheur, je retrouve le sourire malgré la pluie, et je ne sens plus le vent sur ce versant.
Ca glisse un peu, faut faire gaffe sur quelques rochers :
Le sentier passe en balcon :
Pardon mesdames :
Une petite prière au passage :
J'arrive à la grotte du Saint-qui-sue (harpékosaïndoa) : je suis loin d'être un saint et de suer aujourd'hui !!
(je viens de voir qu’il y a un retardateur sur l’APN, arff la technologie et moi…)
Je descends le bout de route jusqu'au pont sur le Bastan et enfin, la pluie s'arrête.
J'étale mes affaires sur le muret pour les faire sécher, je prends de l'eau dans le gave et je me restaure un peu.
A chaque (courte) pause, j’enlève le t-shirt et j’enfile la polaire sèche et bien chaude.
En dynamique par ce temps, je suis toujours avec mon (seul) T-shirt et ma veste imperrespi coupe-vent hyper légère Haglöfs (240 g).
Que faire maintenant ? Les crêtes d'Iparla avec un plafond si bas, inutile, je n'y verrai rien...
Après 15 minutes de repos, je décide quand même d'y monter. Je décide bêtement de couper au plus court en grimpant directement dans la pente à l'Est quelques hectomètres après le pont. Grosse connerie : je me retrouve sur les ruines d'une bergerie (Agorretako Borda) empêtrées dans d'immenses ronces mélangées à des fougères. Oh non !!!!! Je ne vois pas où je mets les pieds et je sens à chaque pas 3 ou 4 épines me transpercer la peau. Je mets un bon moment à me dépêtrer de ce chantier et à arriver sur la clairière indiquée sur la carte plus au Sud. Je sors de cette propriété privée très vite, ayant les jetons qu'un chien ne déboule à ma rencontre.
J'arrive enfin sur le petit bout de route convoitée qui me mène très vite au hameau d' Iturxilenea.
Pour la cartographie, je suis parti avec 14 feuilles A4 photocopiée recto-verso.
Pour cela, je trace mon trajet sur la carte à l’échelle 1/25000 sur Openrunner, fais une capture d’écran, finalise avec Paint en traçant un rectangle dont les sommets opposés sont deux points de mon trajet. Le problème est que si je dévie de mon tracé pour une quelconque raison, je peux vite me retrouver hors carte et … je ne sais plus où je suis. C’est plus léger que de porter des cartes mais c’est un gros inconvénient dont je vais réfléchir à l’avenir.
J'inspecte cette fois attentivement la carte : 2 sentiers partent de ce hameau vers le Sud pour grimper dans la forêt vers les crêtes d'Iparla. Sur le terrain, que nenni ! Impossible d'en trouver un seul ! Je dois être miro, pas possible autrement.
Je passe une clôture pour aller dans un champ bien pentue (point 247) pour espérer trouver le 2ème sentier, et… je le trouve enfin : un très vieux sentier non entretenu encombré d'arbres couchés et de feuilles bien glissantes, cool...
Finalement, cela ne se passe pas trop mal tant que je reste dans la forêt, mais à peine arrivé en amont à la lisière, le sentier m'abandonne dans un champ immense de fougères. Et merde ! Et c'est reparti ! Et v'là que la pluie se remet à tomber en plus …
Regard en arrière, perdu dans mon océan de fougères :
Je m'agace un peu et grimpe avec énergie dans ces fougères aussi hautes que moi pour atteindre quelques arbres esseulés où je trouve un peu d'herbe au pied de leur tronc. Je vois un peu plus haut une discontinuité dans cette immense champ de fougères et je m'y hisse : oui, c’est le sentier indiqué sur la carte. Son balisage est jaune.
Je le prends vers le Sud-Ouest et il m'amène rapidement au col de Lacho au-dessus de la grange de Larantonaldeko.
Cela monte ensuite très raide vers le Sud-Est et j'atteins une ruine.
D'après le carte, le GR10 n'est pas très loin à gauche. Je grimpe la boussole à la main
pour enfin atteindre les fameuses marques rouges et blanches que je suis maintenant facilement.
Fini les fougères, l'herbe est bien rase, cela me soulage. Je suis dégoulinant de partout et j'ai faim (il est 14 h 30). Je croise brusquement 4 randonneurs frigorifiés et je n'ose même pas leur demander si on n'y voit quelque chose là-haut, vu leurs dégaines et leurs envies de redescendre à toute vitesse.
Plus je m'entête à monter, plus le vent forcit, et je dois enlever lunettes et bob à 900 mètres environ pour ne pas qu'ils s'envolent.
Soudain, je vois un brin de ciel bleu apparaître très furtivement. Je grimpe 50 m encore et miracle, les nuages se mettent à bouger à une allure folle et se désagrègent peu à peu.
Les nuages bas restent bloqués le long des crêtes :
Plus je m’approche du pic d’Iparla, plus l’espoir grandit d’y voir enfin quelque chose !
Et là, le spectacle apparaît !
C’est pour ces moments-là qu’on aime tant la montagne.
L'arrivée au pic est ahurissante : la vue s'est dégagée à 360 ° en 10 minutes et je me retrouve tout seul avec cette vue: VICTOIRE !
Je ne suis pas monté pour rien ! Tout est beau : le pentu, le vert, les vallons basques et les maisons isolées :
Je vois même en arrière l'Artzamendi qui m'a snobé ce matin
Je suis époustouflé tout le long du repas que je prends contre le poteau cimenté du pic en contemplant ce qui m’attend pour le reste de l’après-midi. Bon, y a bien un peu de vent mais quelle chance quand même !
Des rapaces ne cessent de me survoler. Non, non, je ne suis pas encore une charogne.
Je parcours ensuite avec joie et solitude toutes ces magnifiques crêtes. Regard en arrière depuis le pic de Toutoulia :
Je descends au col d’Harrieta :

Juste une question pour les basques? La terminaison -ko veux dire col ? Si oui, pourquoi rajoute-t-on lépoa alors ?
Puis je remonte sur l’Astate :
Puis le Buztanzelhai :
Jolie crête menant au col d’Ispéguy que je suivrai après :
Je descends au col de Buztanzelhai et je quitte le GR10 qui file à Saint-Etienne-de-Baïgorri pour monter sur l’Aintziaga espionner quelques vautours :
(je suis une bille pour la mise au point, …ou pas assez patient)
le Buztanzelhai depuis l’Aintziaga :
Que c’est beau ce vert entrecoupé de roche, on dirait un peu l'Ariège finalement

!
Le col d'Ispéguy au fond, alors que l’Hautza est bouché. On voit tout à gauche à l’avant dernier plan le col Nekaitzeko où j’irai dormir:
Je retrouve étrangement des marques rouges et blanches au col d’Aintziaga, sans doute une variante du GR10.
Je longe la ligne de crête par le versant Nord pour arriver au col d’Ispéguy où je me ravitaille en eau dans les toilettes de la venta.
Je ne me sens pas fatigué aujourd’hui malgré la longue journée, je sens que la forme revient.
Et puis, le poids de mon sac diminue d’environ 800 g ( de nourriture ) par jour. Avec le poubelle jetée à Ispéguy, je pense qu’il est plus léger de 2,5 kg par rapport à Hendaye et pèse maintenant aux alentours de 9,5 kg avec 1 litre d’eau.
Je crains 2 choses en rando : le froid (relatif à cette période) et le poids. Quand je croise un hrpiste qui traîne 20 ou 22 kg sur ses épaules…
Je marche encore 40 minutes jusqu'au Nekaitzeko Lepoa, où je plante enfin ma tente après une journée bien remplie. J’ai même droit à un peu de soleil qui me sèche mes affaires
J’aperçois le col d’Elhorriéta mais pas le sommet de l’Hautza:
Il fait beau ce soir, peu de vent, le bivouac est un bonheur.
J’ai cherché la borne 98 en vain. Peut être ce rocher brisé :
Je n'ai croisé que 6 personnes aujourd'hui (hormis à la venta d'Ispéguy), je n'ai parlé à personne mais j'ai finalement passé une merveilleuse journée.