jicer22 a écrit :Merci Senpertar,
Et tu confirmes aussi pour Laberouat ou ça ne te dit rien ?
Pour Labérouat je donnerai la langue (basque) au chat quand j'aurais publié l'article que je prépare depuis quelques temps sur sa signification.
En béarnais-gascon, ça ne tient pas :
1- L'Abérouat ou Abérouat ne tient pas : à Lescun l'article gascon LO = > ETH
2- Aberou = noisetier : les scientifiques donnent 1500 m comme limite, Labérouat est à 1440 m... et je cherche encore des noisetier à cette altitude.
3- A Lescun environ 50% des toponymes sont de racine basque.
Lescun, à 900 mètres d'altitude, est un village pyrénéen de la vallée d'Aspe. Il est bien entendu qu'en basque, c'est le pays des ruisseaux : Lats (ruisseau) gune (endroit, site, lieu), ce qui donnera Lascun puis Lescun, Lascùn pour les Espagnols. L'un d'eux jaillissait d'une source d'eau chaude, sur les hauteurs, à 1440 mètres d'altitude. Les habitants y prenaient des bains supposés les guérir des rhumatismes, ou du moins leur faire du bien.
Le lieu des bains de Lescun, selon les auteurs et les époques était appelé Labéourat, Labourrouat, Laberouet, Labérou, Labérout, Labérou, Labérouat, l'Abérouat ou Abérouat.
Pour Théophile de Bordeu, l'Ossalois, en 1746, aussi loin que nous ayons pu remonter le temps, comme pour les Lescunois du XIXe siècle ou d'aujourd'hui, il s'agit de Labérouat.
Labérouat est le nom donné aujourd'hui par la commune sur les panneaux indicateurs, nom repris sur la carte IGN de 1997 et d'usage commun parmi les pyrénéistes. Mais un l'Abérouat persistant, entêté, est apparu depuis les années 1950... faisant céder les cartographe de l'IGN, si bien que sur la carte de 2013 Labérouat est devenu l'Abérouat ! Et le Guide du Routard, comme d'autres auteurs, introduiront l'apostrophe et jusqu'à faire l'ablation du L, avec aberouat.fr pour un site internet.
Pour les lecteurs gourmands du sens des noms de lieux, pour les toponymistes académiques ou amateurs, cette apostrophe, insignifiante pour le passant qui cherche son chemin, est un source de questions. Celle de la racine du nom du lieu est posée.
Mais, nous sommes prévenus, la toponymie n'est pas une science exacte. [Wikipedia]
Face à la diversité des écritures, au désordre orthographique (A. Meillon) signe d' incompréhensions, tentons de retrouver le sens premier, avec quelques partis-pris.
1-"L'abbé Rouat", l'abbé rusé (!), serait le constructeur des bains. Le nom devient compréhensible, la démonstration [dans Passage en Aspe, AMCB] parait argumentée, à quelques détails près : le curé concerné s'appelait Lacaze.
2- Il est difficile de reprocher aux locuteurs gascons ou béarnais, ces derniers maîtres dans l'art du sous-entendu, et le patois jouant encore un rôle essentiel il y a deux ou trois générations, d'entendre dans Labérouat la racine béarnaise "aberou" à Lescun, selon G. Rohlfs, c'est-à-dire le noisetier, le Corylus avellana. Et pourtant...
3- L'historien local G. Bedecarrats rappelle que Aspe ou Lescun sont de racine basque, comme la moitié des toponymes lescunois. Lescun est donc le lieu des ruisseaux (Lats), ce que tout visiteur ne peut que confirmer.
De même racine basque, Lats + bero + ate (petit ruisseau + chaud + passage) a donné Labérouat, c'est-à-dire le passage du petit ruisseau chaud. En effet, avant le tremblement de terre de 1778, l'eau de la source qui alimentait les bains était chaude.
Jean-François Le Nail dit bien de [...] se rappeler combien, même face aux noms les plus transparents, la toponymie reste une science conjecturale et révisable en permanence.
Mais, de l'avis de Jean-Baptiste Orpustan, cette conjecture est sur le chemin de la vérité.