Traverser les Pyrénées, oui ! Mais comment ?

[Bourdon]

Le point de vue historique, en effet, relativise la représentation que l'on se fait habituellement d'une traversée des Pyrénées Est-Ouest ou inverse. Et c'est tout bon pour l'humilité dans nos pratiques montagnardes, car il importe de ne pas se prendre pour des géants lorsque l'on monte sur leurs épaules.

[Bourdon]

Le plaisir de fréquenter tel ou tel massif préféré, à la journée, de cent manières différentes, en marchant, en courant, en pédalant, en glissant, en grimpant, en volant...n'a pas empêché de s'intéresser aux enchaînements de plusieurs jours. Chaque pratique a mis au point des préparations spécifiques plus ou moins sophistiquées. Par exemple, le grimpeur Alex Honnold a mis dix ans avant d'avoir suffisamment élargi sa zone de confort pour escalader El Capitan par la voie freerider (914m) sans autre assurance que psychologique.https://hu-hu.facebook.com/brutofficiel ... 761914874/. Ce sont peut-être les marcheurs qui sous estiment le plus l'intérêt d'une véritable préparation mentale car ils se contentent souvent de miser sur leur forme physique et leur enthousiasme pour surmonter les difficultés de cheminement en montagne.
Personnellement, j'ai moi aussi longtemps compté sur mes jambes pour soutenir mon moral, mais depuis 1985, au contraire, je m'appuie davantage sur le mental pour encourager les jambes.
Mais c'est quoi un bon mental pour traverser les Pyrénées ? Et comment l'acquérir ?
Avouons tout de suite, que je n'en sais presque rien !

[Bourdon]

Il peut paraître paradoxal de s'intéresser à la préparation mentale pour la pratique de la marche contemplative en montagne, mais de même que le corps mal entraîné gâte la marche en montagne, le mental ne s'adapte pas toujours spontanément aux difficultés intérieures ou extérieures rencontrées.

[dede]

le mental commence a être important quand le corps commence a dire stop ...et c'est difficile a expliquer, je pense que ça dépends de la motivation que l'on a pour faire les choses

[Bourdon]

le mental commence a être important quand le corps commence a dire stop ...et c'est difficile a expliquer, je pense que ça dépends de la motivation que l'on a pour faire les choses

Bonjour dede,
C'est vrai que lorsqu'on fatigue physiquement, on cherche à s'aiguillonner en recourant au mental. Parvenu au bout du rouleau, il m'est arrivé de compter les pas avant de m'autoriser une pause... et de recommencer encore et encore jusqu'à atteindre l'objectif.
Mais l'expérience m'a montré aussi que le moral peut s'effondrer en l'absence de fatigue, en sciant les jambes, après par exemple une monumentale erreur d'itinéraire...
J'ai l'impression que forme physique et force mentale sont assez souvent découplées.

[Bourdon]

A titre d'information, voici un extrait de mes notes de 1885 à critiquer, corriger, amender...
" Le stress:
L'usure nerveuse du randonneur solitaire en montagne, consécutive à la fatigue accumulée, peut brusquement s'aggraver en cas de très mauvais temps rencontré dans un endroit exposé, en cas d'erreur sévère d'itinéraire dans le brouillard, en cas de souffrance trop prolongée de la chaleur ou du froid. L'endurance nerveuse s'émousse au fil des jours et un simple coup de soleil sur les épaules peut transformer le portage du sac à dos en calvaire insupportable. Une préparation mentale axée sur l'appropriation des buts et de la signification profonde de la tentative de traversée, sur la résistance aux difficultés incontournables de la randonnée, sur la remotivation, est nécessaire."

Aujourd'hui, cela me semble bien incomplet !

[Eterlou]

le mental commence a être important quand le corps commence a dire stop ...et c'est difficile a expliquer, je pense que ça dépends de la motivation que l'on a pour faire les choses

C'est ben vrai !

A titre d'information, voici un extrait de mes notes de 1885

Respect à l'ancien .

[Bourdon]

A titre d'information, voici un extrait de mes notes de 1885

Respect à l'ancien .

Bonjour Eterlou
Un vieux qui a échappé au Covid... et pas à la relecture !

[Bourdon]

Il peut paraître paradoxal de s'intéresser à la préparation mentale pour la pratique de la marche contemplative en montagne, mais de même que le corps mal entraîné gâte la marche en montagne, le mental ne s'adapte pas toujours spontanément aux difficultés intérieures ou extérieures rencontrées.

L'idée, c'est de tirer profit des recherches consacrées à l'amélioration des performances pour s'en servir autrement, être disponible profondément aux ambiances, aux paysages, aux multiples facettes des Pyrénées... se libérer d'émotions "négatives"... au risque de perdre ce qui fait le sel de l'aventure.

[Jean-Robert]

Il peut paraître paradoxal de s'intéresser à la préparation mentale pour la pratique de la marche contemplative en montagne, mais de même que le corps mal entraîné gâte la marche en montagne, le mental ne s'adapte pas toujours spontanément aux difficultés intérieures ou extérieures rencontrées.

L'idée, c'est de tirer profit des recherches consacrées à l'amélioration des performances pour s'en servir autrement, être disponible profondément aux ambiances, aux paysages, aux multiples facettes des Pyrénées... se libérer d'émotions "négatives"... au risque de perdre ce qui fait le sel de l'aventure.

Oui , oui , afin que tous les sens soient en éveil afin d'être en osmose maximum avec les éléments et aussi être aux aguets pour anticiper au cas ou....
Personnellement et à titre d'exemple je suis adepte de la baignade dans les lacs de montagne , même dans les eaux les plus froides et à haute altitude , c'est ma façon de pénétrer les éléments et y rentrer dans leur intimité . Comme une forme d'entrer en hypnose qui a l'avantage de faire oublier la froideur . Voilà un autre avantage de travailler aussi son mental .

[dinosaure]

Personnellement, j'ai moi aussi longtemps compté sur mes jambes pour soutenir mon moral, mais depuis 1985, au contraire, je m'appuie davantage sur le mental pour encourager les jambes.
Mais c'est quoi un bon mental pour traverser les Pyrénées ? Et comment l'acquérir ?

je n'ai pas la réponse à la question....
mais...
une anecdote...

Je suis le soir à une table de l'auberge de bujaruelo avant d'aller le lendemain à l'Otal...

Je me retrouve avec à coté un solide montagnard basque petit mais costaud d'une grosse quarantaine d'années...qui fait le GR 11
en face un couple d'une bonne soixantaine d'années qui font aussi le Gr 11 en intégralité vers l'océan...
Ca fait 2 jours que le basque marche avec eux (alors que sans doute il n'a pas le même rythme)
il s'est pris manifestement d'affection (ou d'admiration ?) pour eux...pourtant il ne parle pas français et les autres pas espagnol...donc la communication est à son minima entre eux..
Et Ce n'est pas avec mon espagnol que je peux bien approfondir la chose...

On discute ils ont une tente mais vont surtout en refuge...ont vécu quelques parties mouillées donc glissantes...
Ce n'est que quand la viande arrive....et que la dame se met à la lui couper....que je m'aperçois qu'il lui manque une main...
il suit mon regard....et me dira...
"j'aime bien avoir la montagne du bon coté".....

Dans ce que j'ai pu considérer comme des "exploits" pour des traversées....je le met à part celui là......

[Eterlou]

J'adore les récits et anecdotes de dinosaure. A prendre au premier degré.

En montagne,vers Barlonguere,j'ai rencontré un gars avec une jambe en moins. En short,surprenant. Mais je n'ai pas ce talent de relater cette rencontre.

[Bourdon]

Oui , oui , afin que tous les sens soient en éveil afin d'être en osmose maximum avec les éléments et aussi être aux aguets pour anticiper au cas ou....
Personnellement et à titre d'exemple je suis adepte de la baignade dans les lacs de montagne , même dans les eaux les plus froides et à haute altitude , c'est ma façon de pénétrer les éléments et y rentrer dans leur intimité . Comme une forme d'entrer en hypnose qui a l'avantage de faire oublier la froideur . Voilà un autre avantage de travailler aussi son mental .

Merci Jean-Robert pour ce témoignage qui illustre si bien la variété et la richesse des pratiques montagnardes autres que sportives.
Je ne méprise pas ceux qui recherchent l'exploit en montagne, ils m'éclairent sur les possibilités humaines spécialisées, mais clairement je préfère des réalisations personnelles plus complètes, et plus largement tout ce qui favorise le partage d'égal à égal. Dans un monde terriblement violent, avec la HRP, je me suis inventé un espace de paix, sans compétition, sans rivalité, véritablement fraternel, au sein des Pyrénées.

[Gilles-33]

une anecdote...

Bonjour Dino,
Bien plus qu'une anecdote, une très belle histoire…

Gilles

[Bourdon]

une anecdote...

Je suis le soir à une table de l'auberge de bujaruelo avant d'aller le lendemain à l'Otal...

Je me retrouve avec à coté un solide montagnard basque petit mais costaud d'une grosse quarantaine d'années...qui fait le GR 11
en face un couple d'une bonne soixantaine d'années qui font aussi le Gr 11 en intégralité vers l'océan...
Ca fait 2 jours que le basque marche avec eux (alors que sans doute il n'a pas le même rythme)
il s'est pris manifestement d'affection (ou d'admiration ?) pour eux...pourtant il ne parle pas français et les autres pas espagnol...donc la communication est à son minima entre eux..
Et Ce n'est pas avec mon espagnol que je peux bien approfondir la chose...

On discute ils ont une tente mais vont surtout en refuge...ont vécu quelques parties mouillées donc glissantes...
Ce n'est que quand la viande arrive....et que la dame se met à la lui couper....que je m'aperçois qu'il lui manque une main...
il suit mon regard....et me dira...
"j'aime bien avoir la montagne du bon coté".....

Dans ce que j'ai pu considérer comme des "exploits" pour des traversées....je le met à part celui là......

Dino
Avec de telles anecdotes, on rend la philo passionnante.
Tout l'art de la litote !