Je fais une petite pause sur le récit de la traversée pour faire un petit CR sur mon ascension du pic de l'Aneto.
À la base, c'est un sommet qui ne m'attirait pas des masses.. Déjà, je partais du principe qu'il était hors de ma portée... Des glaciers, des cheminées, le pas de Mahomet... Bref, je ne pensais pas être capable de braver ses difficultés techniques. Ensuite, bah c'est loin! Et enfin, je n'avais pas envie de le faire! Je voyais l'Aneto comme le boss final à vaincre et j'ai encore plein de mini-boss à battre avant ( oui désolé, je suis très jeux vidéo! ). Le soucis, c'est que j'ai des gens pénibles dans mon entourage ( ma cousine Lisa et son copain) qui était vraiment motivé à le faire et m'ont convié à cette aventure.
Comme on ne s'attaque pas à un tel sommet sans un minimum de préparation, on est allé s'entraîné un peu en faisant des petits sommets tranquilles. Deux semaines auparavant, on est monté au Balaïtous sur une journée en passant par Laribet et la brêche des ciseaux ( ça pique!). Puis la semaine suivante, le Mont Perdu sur une journée depuis le col de Tentes ( ça pique aussi!). Juste pour ce dernier, on l'a fait le dernier week-end d'Août, je m'attendais à ce qu'il y ait du monde... Mais en vrai, c'est une véritable foule qu'on a trouvé là-haut! On devait bien être une soixantaine sur le sommet et des files entières de randonneurs, à la montée comme à la descente!
Pour l'ascension de l'Aneto, j'ai choisi de passer par les lacs et col de Coronas. Cet itinéraire me semblait plus sympa et esquive une majeur partie des glaciers. On hésitait entre le faire en 1 ou 2 jours, mais la météo a décidé à notre place puisque la météo pour le Dimanche était assez mauvaise. Cela nous a obligé du coup à prendre la navette depuis le plan de Senarta pour rejoindre le refuge de Coronas.
L'aventure a commencé pour moi dès le vendredi puisque je n'avais pas moins de 6h de route pour aller jusqu'à la vallée de Benasque. Heureusement je retrouvais mes 2 acolytes à Oloron-Sainte Marie, j'ai pu lâcher le volant pour la suite. Ce n'est pas pour autant que le trajet n'a pas été fatiguant pour moi... J'étais malade et ça a rendu le périple un peu long! Et ça m'a un petit peu inquiété pour la rando le lendemain! Lorsqu'on est arrivé à Benasque, le soleil était déjà passé derrière les montagnes. On a passé la nuit à l'ermitage de San Sadurni.
Vue sur le pic de Turbon ( 2491m), mais je n'en suis pas sûr.
 
 La nuit a été très compliqué pour moi! À cause de ma crève, je n'ai dormi à peine 3-4 heures. En plus de ça, j'ai ajouté à ma crève des maux de ventre. On est parti assez tôt car le départ de la navette était prévu à 5h30. La navette évidement était pleine à craquer... On a eu tout juste des places. Puis on est parti pour une demi-heure de bus. C'était juste l'ENFER! 60 espagnols enfermés dans 10m²... J'ai cru que ma tête allait exploser! En plus, mes maux de ventre commençaient à être difficilement supportable... Au terminus, on a rapidement pris nos sacs. J'ai attendu que les gens s'éloignent un peu et je suis rapidement allé me cacher dans un buisson pour "évacuer une partie des problèmes".
 
 On a ensuite rapidement commencé la montée en direction des lacs de Coronas. Marcher m'a fait beaucoup de bien car ça m'a permis de faire cracher un peu mes poumons et de libérer mes bronches. La montée est assez rude, avec quelques passages pénibles sur des rochers en dessous du premier lac. On a finalement atteint le lac supérieur après 2h15 de marche.
La vallée de Vallibierna.
 
  
  
 Le lac de Coronas ( 2750m), le col de Coronas ( 3201m) et le pic de l'Aneto ( 3404m).
 
 Nous avons attaqué ensuite la montée du col de Coronas. On m'avait prévenu que son ascension n'est pas particulièrement agréable. Je m'attendais donc à 500m de monter dans de la pierraille bien croulante! Mais au final, j'ai été surpris de trouver un sentier relativement propre sur une bonne moitié de la montée. Après ça en effet, ça devient moins agréable mais ça reste correct. Comparé à la brèche des Ciseaux que nous venions de faire peu de temps auparavant, j'ai trouvé cette montée moins pénible. Dans les derniers mètres, il faut mettre un peu les mains et ça devient un peu plus raide. Une fois au col, je n'ai même pas profité du décors magnifique. Mon esprit était concentré sur la prochaine difficulté qui se présente directement à partir du col: le glacier d'Aneto. Du moins, ce qu'il en reste...
La tuca d'Aragüells ( 3048m).
 
 Vue depuis le col de Coronas.
 
 On s'est assis, on a repris notre souffle et calmé les émotions. J'ai essayé d'expliquer l'utilisation des crampons à mes 2 acolytes. Mais ayant moi-même une expérience très limité des crampons, c'était un peu comme si un gosse de 4 ans apprenait à lire à des gosses de 3 ans... Je me suis lancé en premier sur le glacier, une portion d'une cinquantaine de mètres en dévers. Une vague trace était déjà présente. Par contre, la glace qui n'avait pas encore vu le soleil, était encore bien dure. Au final, on a réussi à la traverser sans trop mourir. Donc je me dis que mes explications n'étaient pas si mal! On a continué à monter très doucement au milieu des rochers. Malheureusement pour moi, mettre un pas devant l'autre commençait à être une véritable torture. La maladie, l'altitude et les 1250m de montée commençaient à avoir raison de mon endurance. Mais pas moyen d'abandonner, je ne lâcherai pas si proche du but!
Nous avons ensuite atteint la 2ème portion de glacier sous l'arête Nord de l'Aneto. Cette fois-ci, c'était une cinquantaine de mètre à grimper. Nous nous sommes rééquipés et nous nous sommes attaqués à cette nouvelle difficulté. La trace était belle et cette portion étant un plein soleil depuis un petit moment déjà, c'était plus de la neige molle que de la glace. Par contre, ça restait raide et chaque pas devenait de plus en plus compliqués! Nous sommes ensuite arrivés sous la cheminée qui permet d'accéder à la partie finale de l'Aneto. Comme d'autres avant moi, j'ai posé mes crampons dans un coin, histoire de m'alléger un peu. La cheminée ne nous a pas posés de difficulté, si ce n'est qu'il y avait certainement myen de prendre un chemin plus optimisé. Après ça, ce n'était plus qu'un sentier tout ce qu'il y a de plus banal jusqu'à l'antécime! Mais ça n'empêche qu'il me faudra une éternité et de nombreux arrêt pour l'atteindre!
Le glacier de l'Aneto.
 
  
  
 Une fois à l'antécime, il nous restait LA dernière difficulté: le pas de Mahomet! J'avais déjà prévenu mes acolytes, je soupçonnais fortement que ce passage allait me mettre en échec. Il y avait beaucoup de monde. On s'est assis et on a pris le temps d'observer comment les autres s'y prenaient. Le fait d'avoir pris ce temps m'a également fait beaucoup de bien, j'ai pu reprendre mon souffle! Puis ça a été notre tour. Le stress était bien présent. Nous avons soufflé un coup, géré nos émotions et nous nous sommes lancés. Et au final... Une vrai merveille! J'y ai même pris du plaisir, ça m'a redonné de l'énergie et j'ai redoublé d'effort pour atteindre ce foutu sommet! Sauf que, alors que tout se passait bien, des gens qui descendaient ont voulu forcer le passage. J'ai eu de la chance et j'ai pu les esquiver facilement. Ma cousine n'a pas eu cette chance et il a fallu limite se fâcher pour qu'ils la laissent passer... Après cette incident, il nous restait plus que quelques mètres avant d'atteindre la croix sommitale ! Et enfin, après 6h de marche, nous avons enfin gravi l'Aneto! Entre le fait d'avoir gravi le toit de l'Aneto et le fait de l'avoir fait en étant malade et en repoussant mes limites à la fois physiques et techniques, je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher quelques larmes de fierté!
 
 Vue Est depuis l'Aneto.
 
  
  
 Vue Sud.
 
  
  
 Vue Ouest, avec le lac et le col de Coronas.
 
 Vue Nord.
 
 On a eu de la chance car il n'y avait que 2 autres personnes sur le sommet, qui sont repartis assez rapidement. On a eu l'Aneto rien que pour nous pendant une quinzaine de minutes. D'habitude, j'ai horreur qu'on me prenne en photo. Mais là clairement, il fallait marquer le coup! On a profité encore un petit moment de la vue incroyable, puis on est redescendu. La descente s'est fait tranquillement, personne n'arrivait en face et personne derrière, on a pris notre temps! Une fois sur l'antécime, on a pu prendre notre pause casse-croûte. On est ensuite redescendu par le même chemin. On a perdu pas mal de temps sur le premier glacier car il y avait 2 trailers français qui n'avaient pas de crampons et qui avaient beaucoup de mal à descendre.. On a ensuite de nouveau franchi le col de Coronas pour entamer la très longue descente jusqu'au refuge de Coronas. On est finalement arrivé au refuge vers 16h45.
Le pas de Mahomet.
 
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
 Pas de bol, nous avons raté la navette de peu. On a été obligé d'attendre 18h pour prendre la dernière navette. Comme à l'aller, le trajet dans la tazinière ( je surnomme les espagnols les "Taz") a été un enfer pour les oreilles! À la différence que cette fois-ci, on pouvait observer l'immense vide au bord de la piste, ce qui a ajouté une petite atmosphère angoissante à cet enfer.
On est ensuite reparti, on a fait une pause pour manger dans un restaurant à Ainsa. On est finalement arrivé à Oloron-Sainte Marie vers 23h.
Bonne journée à tous!


 
  
  
 Je pense que c'est quelque chose dont je vais garder le souvenir également!
 Je pense que c'est quelque chose dont je vais garder le souvenir également!