A Fred 31 (Chris 64,je te réponds ce soir si je trouve le temps, promis !)
Fred 31, tu écris :
je connais peu de bergers qui sont pour la réintroduction de l'ours , pas les bergers qui vont aux réunions ceux qui sont sur le terrain
mais bien sur tu vas me rétorquer que ce ne sont que des impressions et que je n'ai pas de preuves bibliographiques et tu auras raison
personnellement l'ours j'aimerais bien le voir ............. mais avec un bon zoom !
Non, Fred, les bergers qui sont pour l'ours ne vont pas qu'aux
réunions ( lesquelles d'ailleurs ?), ils sont avant tout sur le terrain, et c'est là l'un des intérêt de l'ours pour le métier de pâtre : s'il ya davantage d'ours, ils faut d'avantage de bergers, et l'Etat (donc toi et moi) met la main à la poche pour cela, parceque notre pays ne veut pas que l'ours disparaisse des Pyrénées.
Je ne te reprocherai jamais de parler de
tes impressions tant qu'elles ne visent pas à accuser quelqu'un de façon parfaitement injuste : tu as bien raison, on a l'impression d'entendre beaucoup de bergers opposés à l'ours. Mais ce sont avant tout de éleveurs (et beaucoup moins des bergers) qui sont opposés à l'ours. Les relations éleveurs/berger sont assez complexes et c'est souvent du "je t'aime, moi non plus", les premiers, en effet se passeraient bien de devoir payer un berger pour garder son troupeau l'été. Résultat, beaucoup d'éleveurs cherchent à enfermer "leur" berger dans un rôle minimaliste pour éviter de les rendre indispensable et de "gardien" du troupeau, le berger est souvent forcé de glisser vers le simple rôle de "surveillant", c'est à dire qu'il a un oeil sur le troupeau, certes, mais de plus loin, et dans l'espace, et dans le temps. Ceci sur consigne exprès de l'éleveur bien souvent. Je te parle là de vécu, sur le terrain, en Ariège pour être plus précis et pas il ya 10 ans : de nos jours.
Donc, oui, impressions parfois, ne pas confondre la problématique de l'élevage et celle des bergers même si elles sont imbriquées. Les bergers en réalité ont tout à gagner de la présence de l'ours.
J'ai parlé du staut de la profession, d'avancées sociale que la cohabitation avec l'ours a rendue possible, il y a aussi l'exemple béarnais avec des cabanes superbes retapées, aggrandies, assainies avec les budgets de l'ours, sans oublier l'héliportage du matériel en début et fin d'estive et bien d'autres choses...
Ensuite, oui, c'est aussi parfois une impression car ce sont ceux qui gueulent le plus fort qu'on entend le plus concernant l'opposition à l'ours. Bien souvent (en plus), cela cache une opposition (parfois légitime) à l'Etat, au fonctionnaire, au jacobinisme, à une tradition française d'un certain mépris du monde rural (pourtant à la fois idéalisé à outrance et de façon enfantine et infantilisante par les français) ou d'autres conflites : l'ours est bien pratique pour avoir l'impression de lutter contre tout cela.
Encore une histoire d'"impression" car l'ours est aussi fortement voulu par les pyrénéens, car ce sont des pyrénéens qui ont porté les lâchers de 1996-97 et 2006, car ce sont des bergers et des éleveurs (pyrénéens) qui ont réfléchi, choisi et appliqué les mesures de protection contre l'ours efficaces à plus de 90% sur toute prédation (donc bien au-delà de l'ours !). En creusant un peu, on voit combien l'ours est bien local et favorable au pastoralisme en réalité. On pourrait même creuser plus loin et voir que l'ours contribue à améliorer grandement la qualité de la production ovine pyrénéenne (le Broutard), ce en quoi Alain REYNES est devenu un expert. Je ne me lance pas là ce soir, on va dire que je fais dans le monologue ! Mais je le fais si on me le demande
Dernier point sur les impressions : ne pas oublier combien les médias aiment parler de brebis croquées plutôt que de patous protecteurs et d'estives réussies (et comment!) AVEC l'ours !
Et puis... il ya la composantes "élus locaux" qui jettent de l'huile sur le feu pour très facilement passer pour les défenseurs d'un pastoralisme pour lequel non seulement ils n'ont que bien peu d'idées audacieuses pour l'aider, mais qu'ils trucident parfois de l'autre par la politique qu'ils soutiennent sur le plan national ou européen...
Et surtout, Fred, ne crois pas que je sois parmi ceux qui te réclameront une
preuve "bibliographique" pour discuter : jamais de la vie ! Personnellement, j'apporte ces preuves à ce que j'avance car sinon, je suis systématiquement attaqué, mais je n'attend pas cela de mes interlocuteurs, sauf s'ils attaquent mes arguments (voir moi même!) sans preuve et de façon agressive ou faussement définitive. Non, soit libre de parler aussi de tes "impressions", pas de problème
Enfin, Fred, tu dis que tu aimerais voir l'ours
"avec un bon zoom". Pourquoi ? Pour avoir une chance de le photographier, ou par crainte ?
Personnellement, pareil que toi : pour le photographier et ...par crainte ! Mais ... crainte de le déranger uniquement

As-tu peur de l'ours ?
Merci pour le ton de ton message. (non, pas le thon !).
"On mesurera un jour le degré d'une civilisation non à ce qu'elle aura pris à la nature, mais à ce qu'elle lui aura laissé ou rendu." R.H
PHOTO (P.P 2005) : ours "Aspe-Ouest", mâle isolé depuis 2004, meurt en 2010. Honte aux coupables.