On part aussi du refuge de Laurenti.
A 2H de marche du départ ( 1616 m), altitude 2070m , un petit névé à traverser. Les crampons st sur le sac, j'ouvre la marche; la neige est dure mais ss plus, je trace avec les Asolo; La copine a des chaussures de montagne.Je lui donne les conseils habituels en cas de chute : " tu lâches un de tes bâtons, et tu le plantes ds la pente comme un piolet"Il lui manquait un mètre pour sortir et là : la chaussure qui dérape, la glissade, le bâton qui ne se plante pas; en bas, je sais ce qu'il y a : fin du névé, ruisseau et .....rocher; gros rocher; pas difficile de savoir qui, entre un corps humain et un caillou va gagner.....Je vois avec effarement ma copine disparaitre ds la pente. Pas de cris, pas de panique, elle s'évertue à enrayer sa chute; malgré ts ses efforts pour s'arrêter, elle file. et disparait à mes yeux...Arrêt brutal; je l'appelle, je crie son prénom, pas de réponses. Je redescends sur le côté ds la terre; enfin je la vois, une vingtaine de mètres plus bas; j'appelle, tjrs rien, elle bouge pas; les secondes les plus longues et douloureuses de ma vie; c'est pas possible, ça peut pas finir comme ça.
Elle est prostrée; puis ouf, me répond " j'ai le poignet cassé".Vivante, elle est vivante. Vite je me porte auprès d'elle; constatations des dégâts : Régine souffre du dos, le poignet, vu " l'ondulation " c'est clair, est cassé, fracture fermée.
Je ne veux pas la bouger : mal de dos, tout peut arriver. 2 dolipranes; " t'as envie de vomir, comment tu te sens, t'as mal où ?" Autant de question pour tester sa lucidité. Elle ne perd pas conscience mais n'est pas au mieux de sa forme.
Vite appeler les secours et là bien sûr, pas de réseau; aucun sur son portable et le mien. Je monte sur qq points hauts environnants pour capter : rien.Le 112 ne répond pas ; je me rends à l'évidence, je dois la laisser et descendre prévenir.
2 solutions, tt va très vite. Pdt qu'une partie de mon cerveau enregistre la scène ( heure de l'accident, blessures suspectées, localisation tt ce qui peut être utile au Pg,etc) la 2° partie est confrontée à un cruel dilemme : je monte ou je descends: je sais qu'en haut du Roc ça passe ( pour y être allée 8 jours auparavant); ce n'est pas tant la distance qui m'en sépare que la chance de rencontrer du monde qui me ft hésiter) Si je monte, à coup sûr j'ai du réseau mais comme il n'y avait personne devant nous impossible d'envoyer un soutien moral à Régine. Alors je descends; qq mn + tard je tombe sur une randonneuse; je lui explique en 2 mots, elle va retrouver Régine( finalement, ne la trouvera pas). Je dégage du vite que je peux, j'arrive au lac, je retrouve alors 2 personnes avec qui on avait discuté ds la montée au lac du Laurenti, par chance, le gars nous avait en visu et suivait notre progression; mais il pensait que Régine s'était remise sur ses pieds, en fait la personne qu'il voyait marcher, c'était moi qui descendait sur Régine; je lui explique que je descends prévenir les secours car pas de réseau; aussitôt, il me dit qu'il va rejoindre ma copine, je suis soulagée, je sais qu'elle ne sera plus seule très longtemps. Je continue ma course; à chaque personne rencontrée " vous avez du réseau?" La réponse est invariable :" non, désolé"Je file, j'avale la descente et bientôt suis au parking ( entre temps me suis débarrassée des sacs pour aller plus vite; je remonterais les chercher + tard.)Mais au parking ça ne passe pas non plus. Par chance juste avant de quitter Régine, je prends les clés de sa voiture ( une chance que j'y ai pensé!; parce que ds ces moments là, on cogite, on essaie de rester zen, mais pas tjrs facile; surtout ne rien oublier, aller vite, très vite, parer au plus urgent, ss se mettre soit même ds la galère; le chemin est truffé de cailloux et de trous......) Mais sa voiture possède une alarme : impossible de démarrer, et bien sûr personne aux alentours!M....
Finalement en bidouillant la voiture démarre; sur le chemin, pas de réseau, il me faut descendre tte la piste et direction Quérigut; il y a une gendarmerie et lorsque l'on est passée devant à l'aller, j'avais remarqué une voiture.
J'arrive au bureau : fermé : re M....
Je fais le tour; il est 13H00;Je crie " j'ai besoin de secours, accident montagne". Aussitôt une voix me répond, le gendarme déjeunait; je lui explique et là, 1° effet kiss cool : il me dit " il faut que vous alliez au centre de secours Machproduguidon"!!!!!:evil:
Quoi? Mais bo..l y a urgence. Finalement à ce moment j'accroche un réseau ( FR02) je fais le 112; qq secondes + tard on me répond; je déballe tout en essayant d'être le plus précis possible; j'ai tt repassé ds ma tête pdt la descente ( dieu que ce fut long, interminable)Et là, 2° effet kiss cool : il est 13H45, je dis au gars du phone que l'accident est arrivé à midii; il m'engueule " et ce n'est que maintenant que vs me prévenez?!!!" Pendant une fraction de seconde je suis hors de moi; je n'ai qu'une envie : le TUER :twisted: :twisted:
Se reprendre, rester calme ( croyez moi, c'est dur) je lui réponds calmement que " écoute machin, je suis descendu de 2070m d'altitude jusqu'au refuge à 1616M en volant par dessus les cailloux, les portables ne passent pas, j'ai dû reprendre la bagnole, me battre avec l'alarme rouler vite pour pas perdre de temps, et m'entendre répondre que j'ai trainer..." Le gars a dû lire ds mon esprit,car très vite est redevenu plus " humain" et m'a dit " quittez pas je vs passe le PGHM" Ah bon, parce que c'est pas encore le bon endroit pour crier au secours??
Il me passe le PG : ça coupe :twisted: :twisted: :twisted: :twisted:
Le gendarme de Querigut me dit qu'effectivement il y a de très gros pb de liaisons. Ah ouais, charmant. Finalement, son tph a lui sonne: c'est le PG, entre temps un autre gendarme est arrivé. Pour la xième fois je raconte tt ( bon sang, ce précieux temps qui fout le camp et Régine qui est restée là haut tte seule; encore qu'à l'heure actuelle Robert le randonneur a dû la trouver; ms qd même, ttes ces questions ss réponses...Mais qu'est ce qu'on peut se sentir impuissant ds ces cas là
L'impression d'avancer d'un pas et de reculer de 2. Bon l'hélico de Savignac est prévenu il se rend sur zone.
Je repars, re-refuge, re-montée . Là où à l'aller on avait mis 1H15, je passe en 40 mn ( Nico, y a pas que le Red Bull qui donne des ailes)Juste boire au ruisseau et continuer; en chemin j'arrête les gens : vous avez entendu un hélico " non" . Ms bon dieu, qu'est ce qu'il foutu; j'essaie de me rassurer : il va arriver par l'ouest, donc c'est normal que tu ne l'entendes pas; allez, ça va le faire

Je les retrouve, à nouveau il ft que l'hélico revienne; il fait un passage au dessus de nous, ne nous voit pas; enfin après de longues minutes, à force de gestes désespérés, il nous localise.
2 secouristes st hélitreuillés; il prennent en charge Régine; et font le nécessaire.
Ouf, la tension retombe. L'hélico sera arrivé sur zone à 15H15....soit 3H15 après l'accident; ils ont ft aussi vite que possible, mais le fait qu'il n'y ait pas de réseau n'a pas facilité le sauvetage.Finalement je me demande si j'aurais pas fait de monter sur le Roc, ça serait aller surement plus vite...:? :?
Régine part par la voie des airs, direction Foix.Je m'apprête à remonter chercher les sacs : inutiles Robert et sa femme les ont trouvé, et me les ramène.
Reste plus qu'à redescendre, un sac devant , un sac derrière.
Je ralentis le pas ds la descente; je souffle un peu.Je ramène la voiture chez Régine. Je ne serais pas à l'heure à l'école..
Leçon tirée à chaud :
Petit névé ou gros névé, tes crampons tu mettras, même si ça parait tranquille ( pour l'Equipe: c'était le même genre de névé qu'on a traverser juste avant d'arriver sur le balcon de la Pinéta, mais en plus court). ça faisait deux fois que je le passais ss crampons; au-dessus par contre le névé entre le petit lac et le col de Laurenti j'avais mis les crampons.
A tous les randonneurs solitaires ( occasionnellement j'en fais partie) :
vous avez tous certainement un copain, une copine, un frère ou une soeur, un père ou une mère qui vous aime; alors PRUDENCE ; le portable ne passe pas partout......
J'ai eu un coup de fil du copain de Régine : côte cassée, poignet fracturé; elle passe un irm. j'en saurais plus + tard.
Ce soir, c'est pas en pensant au Perdido que je ne dormirai pas....
Régine a eu beaucoup de chance, car ça aurait pu être pire, vraiment pire.


