Lettre ouverte à Alain Reynes, ADET / Pays de l'Ours

Discussions sur ce plantigrade qui suscite de vives polémiques

Modérateur : Pteam

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dave
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Lettre ouverte à Alain Reynes, ADET / Pays de l'Ours

Message par dave »

Cher Alain -vous permettez que je vous appelle Alain?

Vous avez, à l'occasion d'échanges sur votre forum ADET Pays de l'Ours, systématiquement refusé tout argument de ma part contre la ré-introduction de l'Ours (et non contre la PROTECTION de celui-ci!) et ce, au prix de quelques contradictions...
1- Je ne prétends pas que l'Ours en tant qu'animal ait été mal ré-introduit puisque, vous le dites vous-même, il s'est bien adapté. Je pose la question de la gestion GLOBALE de l'introduction et plus précisément de la COHABITATION de l'Ours et de l'Homme. Que vous l'acceptiez ou non, le fait est que ce volet a été traité à la légère, ce qui est la cause de tant d'incompréhension, voire de colère, aujourd'hui. J'invite sans a priori toutes les personnes intéressées à consulter le rapport final de la DIREN pour se faire une opinion fondée et objective(!) sur la question.
2- Il est par ailleurs clairement établi dans ce même rapport que la dynamique des population est freinée, non par des problèmes liés à la consanguinité, mais par la proximité des activités humaines notamment et la fragmentation du territoire. En outre, la consanguinité n'est pas un facteur systématique de dégénérescence ou de mortalité comme l'indiquent toutes les recherches (cf par ex. http://www.atu2l.org/sociobiologie/Vivant.html ). Par conséquent, introduire 2, 10 ou 50 individus ne fera qu'accroître les problèmes de cohabitation et de reproduction et non les résoudre.
3-Je ne propose pas de gérer les déplacements de l'Ours: c'est une idée absurde qui reviendrait à maintenir l'Ours dans un zoo géant; la question est celle de la CONCERTATION avec les populations susceptibles d'être affectées par le déplacement de l'Ours. Là encore, on fait du raffistolage in-extremis, à coups de portages en hélicoptère, de subventions pour calmer les esprits, d'emploi de gardiens itinérants... Est-ce bien raisonnable? Les personnes concernées avaient-elles accepté une telle solution a priori où se sont elles trouvées devant le fait accompli, devant accepter cette solution parce qu'elles n'ont pas le choix? Il faut être honnête sur ce point au moins, cher Alain.
Les études d'opinion ne valent pas un clou, on ne le sait que trop! Ayez le courage de réclamer une vraie consultation d'intérêt public au sein des communes concernées. Nous pourrons parler de démocratie.
4- Le gouvernement ayant accepté cette réintroduction a fait ce choix pour les raisons politiques que l'on connaît, sous la pression des Verts. Ce n'est un secret pour personne et prétendre le contraire serait faire preuve de beaucoup de mauvaise foi. Il n'en reste pas moins que le contrat original indique très clairement que l'introduction d'individus Slovènes ne ferait pas l'objet d'une réintroduction à court-terme (DIREN, 2001). C'est pourquoi j'affirme qu'il est malhonnête de vouloir remettre ce principe en question aujourd'hui puisque vous l'acceptiez hier.
5- Ne mélangeons pas tout: je ne crie pas haro! sur l'Ours. Je suis de ceux qui considèrent que sa protection est une bonne chose. Mais je ne suis pas d'accord avec votre approche lorsque vous êtes prêt à faire croire n'importe quoi pour servir l'image de l'Ours, comme par exemple l'argument fallacieux selon lequel l'image Ours est un moteur pour l'économie touristique. Là, vous poussez le bouchon un peu loin...
Au final, pour ce qui est de la relation bergers-Ours, le débat est faussé car on mélange deux sujets en un: 1-l'Ours (indigène ou non), présent sur des territoires non colonisés par l'homme et 2-la réintriduction qui, compte tenu de l'etroitesse du territoire "colonisable" par l'Ours, implique nécessairement que l'Ours empiète sur le territoire de l'homme.
Nul esoin de grand discours en l'occurence:
1-il faut protéger l'Ours, c'est un fait acquis, en interdisant le braconnage et la colonisation de l'espace vital de l'animal. A ce propos, n'ayons aucune crainte: l'homme déserte la montagne, et tout va dans le sens (y compris le touisme et les loisirs!) d'une "non-bétonnisation" de l'espace sauvage.
2-la réintroduction n'est pas nécessaire puisque la consanguinité n'est pas un problème; elle est même source de conflits, voire pire, de refus en bloc de l'Ours sans distinction, puisqu'elle passe nécessairement par la présence de nouveaux Ours sur l'espace vital du berger.

La sauvegarde de l'Ours ne passe donc pas nécessairement par une réintroduction en force.
Mais je crains que la réintroduction soit une question politique (budgetaire?) avant d'être une question biologique.
C'est malheureux pour l'Ours; ça l'est autant pour les populations locales non consultées.

Cordialement,

La Tyrolienne
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