Je vais essayer d'être le plus pédagogue possible de façon à ce que chacun comprenne bien la problématique locale (pour ceux qui ne la connaissent pas). Libre ensuite à chacun de se faire son opinion...
Auzat a pendant un siècle été une commune industrielle avec de la production d'aluminium par le groupe Pechiney. Dès les années 1980, des rumeurs de fermeture de l'usine circulaient. Elles ont une connu une fin pour la population en mars 2003 avec l'arrêt définitif de la production. Conséquences directes : plus de 200 emplois en moins pour une population auzatoise qui se chiffrait alors à 750 habitants (certes, tous les salariés n'habitaient pas dans la vallée). Pour info, la population est actuellement de 615 (INSEE 2010).
Afin d'anticiper cette fermeture, les élus avaient réfléchi aux différentes voies possibles de diversification économique du territoire, et notamment l’activité touristique. L'objectif étant de créer de l'activité pour garder la population sur place (voire en attirer) tout en sauvegardant le niveau de services actuel.
Cette voie de diversification se concrétise aujourd'hui à travers le concept de STATION SPORT NATURE DU MONTCALM qui repose sur de l'hébergement (refuges, chambres d’hôtes, campings…), de l'animation (spéléologie, canyoning, escalade, randonnées, centre équestre…) et des services (crèche-halte garderie, centre de loisirs, commerces, services médicaux…).
A travers ce concept, la vallée a développé des activités sportives et récréatives de pleine nature : aménagement de canyons, via ferrata, parcours acrobatique en hauteur, 360 km de sentiers balisés... Plus récemment, la création d'une plaine des sports sur l'ancien site Pechiney (avec salle d'escalade de niveau régional en cours de finalisation

Voilà pour ce qui est du contexte, à mon sens indispensable pour bien comprendre la problématique dans laquelle s'inscrit le projet de chalet-refuge.
Pour le projet en lui-même, il fait partie d'un programme transfrontalier commun à la France, les sept paroisses d'Andorre et l'Espagne (Bescaran, Alt Urgell). Ce projet de coopération territoriale "Faire de la frontière un chemin vers la formation" se veut être un projet de tourisme durable de qualité. Il consiste à relier par un chemin de randonnée (qui repose sur de l'existant) le site du Carla à celui d'Els Casalins (Bescaran) en passant par l'Andorre. Sur ces deux lieux de départ et d'arrivée, il est prévu de créer deux infrastructures touristiques de haute qualité environnementale. L'université de Barcelone (INEFC) est partie prenante pour développer des sessions de formation autour des sports de pleine nature qui permettraient de faire vivre l'équipement en moyenne saison.
Le site retenu pour l'implantation du chalet-refuge se trouve à un lieu de convergence de sentiers transfrontaliers, à distance raisonnable des refuges du Pinet et du Fourcat et au cœur d'un environnement déjà urbanisé par un barrage, une route goudronnée, une carrière et une aire de stationnement (c'est cette aire qui serait le lieu d'implantation). Cette facilité d'accès fait qu'en 2009 (de juin à octobre), plus de 17 000 visiteurs ont été comptabilisés : 50 % restent dans les environs immédiats de l'aire d'accueil, 25 % vont jusqu'au pla du Labinas et 25 % jusqu'aux ports du Rat ou de Bouet. Cette fréquentation génère des inconvénients en terme de stationnement diffus et de difficulté de cohabitation avec les éleveurs (qui sont associés au projet). Le projet prévu doit permettre de gérer cette fréquentation en aménageant une aire de stationnement en aval du chalet-refuge (la route ONF serait toujours fermée au niveau de la cabane pastorale du Carla).
Ce refuge serait d'une capacité de 50 lits et gardé de mai à octobre (hors de ces périodes, la route est fermée). Comme pour tout refuge, il aurait une partie hiver.
Pour résumer, ce projet se veut être un outil de développement économique et social (création d'emplois), de gestion et de maîtrise de l'environnement (gestion des véhicules, des nuisances, bâtiment HQE), de satisfaction des besoins des randonneurs et de relations transfrontalières.
Je ne veux pas que mes propos traduisent une "idéalisation" du projet. Parce qu'entre un concept et une réalité, il peut parfois y avoir des écarts. Comme le dit si bien Nieve, il faut le voir comme un compromis pour une commune et une vallée qui n'ont aujourd'hui pas d'autres choix que de se développer durablement (au propre comme au figuré) pour que les gens "restent au pays" (même ceux qui ne sont pas originaires de ce pays, comme moi

Enfin, pour répondre à Cédric09, il faut voir le Carla comme une porte d'entrée de la vallée de Soulcem. Beaucoup y viennent et y viendront pour rester aux abords du site. Le fond de la vallée de Soulcem (au delà de la barrière ONF) continuera à rester naturelle (peut-être un peu plus fréquentée mais dans tous les cas, non urbanisée) et les vallées secondaires du Riufret ou de Caraoussans continueront de rester accessibles qu'aux vrais randonneurs.
Désolé d'avoir été un peu (trop) long

David
NB : pour Nieve, j'habitais déjà à Auzat qu'en tu y étais également (j'y suis depuis 1997). Peut-être se connait-on ?