Après ma petite escapade aux Dômes, je pars sur les via ferrata zalpines.
Un monde de verticalité, fait de barreaux, ponts, passerelles et autres délices
![Dan.San :]](./images/smilies/8.gif)

Je commence par le Beaufortain ( et son fromage ; ahhhhhhhhh son fromage
![Dan.San :]](./images/smilies/8.gif)


avec en toile de fond le Mont-Blanc ; hélas la pluie diluvienne de la nuit précédente

Mais en même temps ajoute une touche de mystère fantasmagorique entre les rochers.
Donnée technique :
AD
600m de déniv
850 de long
Départ : Plan de la Laie, 1813m
Approche : 45mn
Belle via qui démarre par des dalles inclinées

puis se poursuit par des ressauts.Personne sur le parcours ; décidément, la montagne est à moi

Descente d’un petit canyon pour accéder à la tour isolée ; au sommet petite traversée, ou j’ai l’agréable surprise de trouver des edelweiss.
Passage d’un vertigineux pont népalais..


Ensuite descente d’un couloir pour rejoindre la vire des bouquetins qui aboutit à l’originalité de cette via : un tunnel de 100m :

Ne pas oublier la frontale.Pas très haut de plafond, je suis les ¾ du temps courbée.
La vf est bouclée en 2H.
Lorsque je reviens, les nuages arrivent à vitesse grand V ; au passage je fais halte au refuge du Roc pour faire une razzia sur le Beaufort, la confiture de fraise au miel, la soupe de courgette au beaufort, etc…..
Miam, miam.

Les photos de la via :
https://picasaweb.google.com/superfrog0 ... directlink
Le lendemain, direction le parc de la Vanoise, dans le vallon de Rosuel,avec le Mont Pourri comme décor ; mais le temps est plutôt à l’alternance de passages nuageux, d’éclaircies et de rares averses.
VF des Bettières.
Le pont de singe de la via est l’un des premiers de France ; la via est très sympa, surcotée à mon avis ; 3 personnes dedans .Surplomb final un tantinet physique, sans plus.



Données techniques :
AD/D+
270 m de déniv
500m de long
départ : en face de la porte du parc
Approche : 10mn
Les photos de la via :
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Ensuite direction Val d’Isère, Haute Tarentaise, où les choses sérieuses vont commencer.
Au programme 2 vias : les Plates de la Daille et la mythique vf de Tovière ; mythique ? redoutable oui

Mais commençons par le commencement….
Afin de parfaire mon échauffement, je démarre par les Plates ( les 2 vias se font face, donc j’ai tout loisir de voir à quelle sauce je serais mangée dans Tovière)
vue sur la vf de Tovière :

Plates de la Daille :

D+( à ouais, ça monte d’un cran !)
360m de déniv
600m de long
le topo la donne en 2H15
Le départ est facile, traversée dans un couloir ( les zalpins, y zaiment bien les traversées, surtout les longues…




encore un petit ressaut et j’ai la surprise d’arriver en haut !! un doute : j’ai mis à peine une heure, alors que le topo donnait le double !!! Et sans courir, encore , avec moults pauses photos !!
Je trouve, à ce moment , qu’outre la surestimation des cotations, y s’la pètent un peu les zalpins


Bon je vais pas me plaindre, qd même ; il faut mieux que ça soit plus facile qu’annoncé, ça évite les mauvaises surprises

les photos de la via :
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Je descends donc sur Val d’Isére, traverse la route et 2 mn plus tard, je me trouve devant THE via ; le Roc de Tovière. Cette via était il y a qq années encore la via la plus difficile de France, du fait de sa longueur ( je confirme), son caractère aérien ( je confirme aussi) et de son p***** de rude dévers !!!! Gaz à tous les étages !!

Ca se déroule en 3 parties : PD, D et ..ED- ( non, non, pas « Entièrement Doux » mais « extrêmement Difficile inf »A ce moment là, je ne me doute pas que cette via ma me marquer profondément ; mentalement et physiquement

Petite nature s’abstenir.
Je m’engage ; au début petite promenade de santé :


je suis un Gallois et sa fille ; ils grimpent très lentement,aussi, le père me propose de passer devant ; je décline l’offre, j’en profite pour faire des photos ; de plus je ne suis pas pressée, je m’économise ( et sans le savoir, comme j’ai raison !!)Un petit mur, une traversée ascendante, un autre petit mur un peu plus plus raide, un pont et un pilier amènent au 1° échappatoire.
On continue ( pas fait plus de 700 km pour m’arracher à la 1° issue de secours !!!).
Deuxième partie, plus aérienne mais jamais difficile ; un 2° pont et une descente amènent à une traversée « athlétique », dixit le topo ; Pas vrai, ça tire à peine sur les bras ; le D de ce 2° tronçon ne le vaut pas ( et ce en toute objectivité ).
Et puis on arrive au pied de la grande passerelle : 41 m ; 2° échappatoire pour ceux qui ne sont pas candidats….à la suite ( j’ai failli écrire : au suicide !!!)

Le Gallois s’arrête avant pour « goûter » me dit-il ; je prends la tête donc, et découvre la suite de l’itinéraire ; une partie de la suite ; parce que le reste se tapit sournoisement dans l’ombre.

Je franchis la passerelle et me trouve d’emblée plongée dans un monde vertical. Au pied du mur, c’est le cas de le dire : 60 m de hauteur, que rien que regarder le haut donne le vertige ; mais si ce n’était que ça !!!
Si la via a été pendant longtemps la plus difficile, forcément c’est qu’il y a une raison !! Et comme jusqu’à présent c’était une promenade de santé, les difficultés ne sauraient tarder !!!
Déjà, la passerelle est vertigineuse : 41m ça donne le temps de cogiter !!
Je m’engage dessus et c’est à ce moment précis qu’Eole vient me rendre visite : « ah, c’est fou ce que tu m’as manqué toi » !!

Pousse toi, tu fais tanguer la passerelle. Brrr.

J’arrive à l’autre bout.
Et ce qui m’attend, même dans mes pires cauchemards, ben j’avais pas ça en magasin !!!

Le mur vertical, je sais faire, j’ai déjà donné ; je me lance là dedans.
la dalle du lézard :

Je grimpe les 20 premiers mètres ; avec les barreaux il faut s’imaginer sur une échelle ; longue l’échelle !! puis ça y est je suis dans le surplomb ; un truc de fou. Arghhhhhhhhh, le combat fut épique, inégal


De plus, une queue de cochon me rentre dans le…bide ( allons, un peu de tenue


Avec l’énergie du désespoir je me propulse au-dessus ; je fais appel à toutes mes forces ( merci à mes parents de m’avoir donné des bras un chouïa puissants !!

J’ai réussi à mousquetonner le brin supérieur, et à grand renfort de « ahhhh, han, « , je passe ; mon cœur bat la chamade, l’effort a été d’une violence inouïe.

Oui, le TD- il est là ; et bien là, je m’en doutais un peu, mais ce dont je ne savais pas c’est que le reste est tout aussi abominable !!! Et là, pas d’échappatoire possible ; ou alors le grand saut !!!

J’entends des cliquetis derrière, sur l’autre face : le Gallois et sa fille m ‘ont observé tout le temps ; au moins me dis-je si j’avais eu un souci, ils pouvaient appeler les secours, l’hélico, le PG, le sous-marin !!!!

Au dessus du ressaut il me reste encore pas loin de 35m vertical, avant de basculer de l’autre côté ; je me dis que je vais me reposer là-haut. Et ben, non ; on se repose pas , là haut à Tovière, sinon c’est direct la mise en bière !!!Et là, s’ensuit une longue, mais longue, traversée déversante, appelée la traversée du non retour( la via développe 1400m ; en gros il me reste 400 à 500m à faire) avec 250 m de gaz sous les pieds.

Et tout est à bras !!! « Traversée difficile dans la falaise qui surplombe directement la route, où les prises de pieds sont en dévers, entrecoupée de 2 dièdres verticaux » dixit le topo. C’est pas faux ….
Traversée de cinglé, oui ; mes petits bras en ont plein le dos !!
Prises de pieds ? ah, bon, où ça ? elles sont tellement rares, que c’est en adhérence ( avec les chaussures de rando légères) la plupart du temps que je progresse ; je guette le moindre petit mur qui me permettrait de souffler un peu ; que nenni !! rien ; ah, tu les trouvais facile les via zalpines


Un moment j’aperçois une corde qui pendouille dans le vide, au-dessus de moi : stupeur ; non seulement il n’y a plus de barreaux, mais maintenant, y a plus de barres non plus ? ça se monte comment ? la corde entre les dents ? Et puis non, la via continue son lancinant déroulé à l’horizontal déversant ; je ne sais pas ce que cette corde fais là. Déco ? la traversée s'achève avec le " passage de l'ortie"; grand écart obligatoire !!! Enfin, le 1° dièdre, ( pilier mystérieux)ouf ; même si ça monte droit vers le ciel, les bras travaillent moins ; sorti du ressaut je retombe dans la lie !! encore qq mètres, puis 2° ressaut ( 2° bouffée d’oxygène)
Mais maintenant le sommet n’est pas loin ; je vois le cairn sommital. Des pentes herbeuses m’y amènent, fichtre c’est qd même encore long.les vires herbeuses sont étroites.
Le comité d’accueil :

Et puis ça y est ; je je touche le cairn ; je suis fatiguée, je me laisse tomber à côté, et la tension retombant, je chiale comme une môme.


J’ai vaincu Tovière !!!Certes ça s’est fait dans la douleur, mais qd même, ça valait le coup ! J’aurais mis moins de 3 heures pour sortir la via.
Quel combat, ce troisième tronçon !! Il le vaut largement le ED- !!Et je pense subitement à la via qui a détrôné Tovière en 2005; elle s’appelle la « grotte à Carret » et se trouve du côté de Chambéry, cotation ED +, elle développe 450 m, soit presque 1000m de moins que Tovière ; mais là aussi c’est du lourd, du très lourd ! Et il n’est pas rare d’y rester coincé !!
Quand même, malgré ce que je viens d’endurer, j’aimerais bien m’essayer sur cette dernière ; alors rdv l’année prochaine peut-être ; et si des mecs qui « en ont » ( des bras bien sûrs !!!) veulent m’accompagner, ce sera avec plaisir !!!
En attendant, retour sur terre ; sèche tes larmes Jeannette, fin de la séquence émotion. Je dois redescendre ; et, dernier pied de nez de la via :

Sans blague !!!
Sont humoristiques dans le coin !!!
En ¾ d’heure je suis en bas, non sans avoir levé un tréra lyre ( cousin de notre " gros pigeon"


Fourbue, je décide de m’offrir un passage dans l’espace aqualudique de Val d(‘isère : jacuzzi et jets massants !!!)
les photos de la via :
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Et renaissante à la vie, le lendemain, je vais sur une via tranquillou, à Lanslevillard :
la VF du Pichet, cotée AD.

Elle présente des passages variés dans un niveau très abordable ( et surtout très reposants !!)

Un surplomb entre autre se gravit par une échelle facile mais ..à l’envers ; impressionnant pour ceux qui sont sujets au vertige.

Et là, je tombe sur une famille de 4 personnes avec 2 ados ; le 1° progresse aisément, le second plus jeune a qq difficultés ; et arrive ce qui devait arriver : le gosse est bloqué, juste après le passage de l’échelle ( à cet endroit déjà, il n’était pas très rassuré, sans compter que son baudrier lui tombait sur les cuisses !! mal réglé je dis à sa mère qu’il faut absolument lui remettre en place); il faut procéder à un contournement, légèrement déversant, mais c’est évident, trop pour le gamin

La maman suit . Tous deux me remercient ( mais y’a pas de quoi, pensez donc !!)
Je dis aux parents,qu’en bas il y a un panneau qui précise que les difficultés peuvent s’éviter ( l’échelle et le contournement à bras), c’est la partie PD de la via. Il n’a pas vu le panneau !!!
Je les laisse et continue sur la 2° partie de la via ( passerelle de 20m) avant de redescendre.
les photos :
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Dans l’après midi, je poursuis mon périple et va sur les vias du Diable, en Aussois.Situées dans les gorges de l’Arc, les vf, au nb de 8 ( dt 2 tronçons pour les enfants) et se déroulent entre la redoute Marie-Thérèse et le fort Victor Emmanuel. Là par contre il y a du monde ; je commence par les 3 premières , aux noms évocateurs : le chemin de la Vierge, suivi de la traversée des Anges et de la montée au Ciel !!

Quel programme ; tout ça en cotation D ; et quelle ne fut pas ma surprise de voir au départ, une grand-mère avec ses petits enfants !!! bigre, c’est Mme Destivelle Mére

Tout juste si ça ne se fait pas la fleur aux dents et les mains dans les fouilles



Limite ennuyeux !! sur la 3° via, je rejoins un gars ; on discute 5mn et il me confirme que les cotations sont surestimées !!! d’où l’affluence !!
Ah, bon, je comprends mieux !
Par contre, arrivée sympa et originale de la vf la Montée au ciel : on aboutit de l’autre côté au fort Victor-Emmanuel par une lucarne !!

Celles que je ferais le lendemain( les rois Mages ( TD-) puis la descente aux Enfers suivie de la montée au Purgatoire ( indissociables ces 2 là, cotées D+) méritent leur cotation..Ah, tant mieux, un peu d’exercice que diable !!!
Et le lendemain, me voilà sur les rois Mages. Même pas peur, après Tovière, ça ne peut pas être pire !!2 ponts sympas ( Gaspard et Balthazar)amènent après effectivement une traversée à bras ( nb passages déversants) à la plus longue passerelle de France : Melchior, 82m.

L’accés aux ponts et passerelle n’est pas très aisé, et ça pimente cette via ; je me régale.
les photos de la via :
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Ensuite ma présence dans les Alpes tirant à sa fin, je m’offre une dernière via : celle de Comborsière, dans la magnifique vallée de l’Arvan, avec pour décor : les splendides Aiguilles d’Arves :

Particularité de cette via : on finit par une tyrolienne, et là aussi, je suis pas prête de l‘oublier !!! Séquence fou rire !!!


Cotation AD, passerelle, traversée un peu délicate, poutre à pied, surplomb ( court passage athlétique) et au sommet, la tyrolienne ; 150 m de long avec du gaz dessous ; j’installe ma poulie toute neuve, achetée pour l’occas, m’assure avec la vache et zou, roule ma poule, je m’envole dans les airs avec des cris de sauvage !!! Sauf que 100m plus loin, ben, euh, je m’arrête !!! Comment cela se fesse


Allez ma vieille, t’as plus qu’à tirer sur le câble pour finir ta course ; 50m qd même !! et à ce petit jeu, je fatigue vite !!! je parcours 30 m environ, souffle, m’essoufle, et me dis que je risque d’y passer un certain temps ;sous mes pieds le vide !!Qd tout à coup, une âme charitable vole à mon secours !!!je suis maintenant assez prés du sol pour qu’elle puisse m’attrapper un pied et me tracter ; mais y a de la pente et c’est pas très pratique ; je lui dis alors de me passer sa longe ; je bascule ds mon baudrier pour l’attraper mais bien sûr, le câble remonte et je sens la personne remonter avec moi ; vite je lâche, manquerait plus que l’on se retrouve à 2 pendues au filin

Merci mille fois ; la jeune fille se marre : quelques minutes auparavant, c’est son frère qui s’est trouvé dans le même cas de figure que moi !!! et il a fallu qu’elle le remorque également.
les photos :
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Conclusion : c’était bien la peine de sortir Tovière en ED-, pour finir comme un jambon, suspendue à une tyrolienne de via en AD !!!!!
D’ailleurs, le lendemain dans la gazette locale, paraît que la vf a été rebaptisé : « Via du jambon qui sèche » !!!!!!
Et voilà, fin de mes pérégrinations zalpines ; je rentre à la maison des étoiles plein les yeux et de l’acide lactique plein les bras.
Conclusion générale :
si vous voulez vous amusez avec vos gamins, faites les vf du Diable.
Si vous voulez vous débarrasser de votre belle-mère, envoyer là dans le 3° tronçon de Tovière !!!!!!!


