Suite à l'invitation d'ouvrir une nouvelle discussion sur ce sujet, je me lance. (voir discussion "En montagne:l'accident"
Voici le récit d'un de mes accidents:
Le 29 juillet 1993, je me décide d'effectuer l'ascension du Pic Long avec ma fille ainée de 18 ans.
Nous partons du lac de Cap de Long, puis traversée du glacier de Pays Baché.
Au dessus du glacier nous arrivons à une cheminée assez raide qui de premier abord ne me semble pas poser de problème.
Je commence à m'y aventurer en premier, dans l'intention de fixer la corde pour ma fille, mais aucune prise solide, le rocher est friable, le sommet n'étant plus loin j'insiste, je suis dans le même état d'esprit que lors des compétitions de marathon, ou dans la vie en général, je ne veux pas renoncer.
Un groupe de 4 espagnols nous rejoignent et se retrouvent dans les mêmes difficultés, l'un deux est persuadé d'y arriver, comme je n'aime pas ce type de situation dans une cheminée avec des personnes en amont, je demande à ma fille de se protéger la tête et de se plaquer sous un rocher en cas de chute de pierres.
Dans son ascension presque au sommet l'espagnol provoque une véritable avalanche de pierres, ma fille se protège, pour ma part je suis plus exposé. Les impacts sont impressionnants avec des projections horizontales suite à l'éclatement des pierres.
Je ressent une pierre frôler mon bras, puis une autre sur un mes pieds, aucune douleur mais un choc très bref et violent, à ce moment je sais que mon pied est fracturé. Je m'attends à d'autres chocs.
Les chutes se calment l'espagnol redescend, étant immobilisé dans la cheminée, je demande aux espagnols de redescendre ma fille et de déclencher les secours. Inutile qu'elle reste avec moi avec le risque de redescendre seul après ma prise en charge.
2 heures plus tard, l'hélitreuillage est assez problématique avec la proximité de la paroi, évacuation hôpital de Lourde, bilan 5 fractures au pied, et une plaie de type brûlure au bras.
Pour les enseignements à en tirer:
- En arrivant dans cette cheminée et en m'apercevant de l'état j'aurais du renoncé, d'autant plus que j'engageais dans ce risque ma fille qui avait peu d'expérience de la montagne, mais qui me faisait confiance.
- J'aurais du me renseigner sur l'état de cette voie, et alors effectuer l'ascension sans passer par cette cheminée. J'ai fais confiance à un topo-guide très ancien.
- Il était également évident que l'espagnol allait provoqué des chutes de pierres, nous aurions dus quitter la cheminée ou ce couloir.
- Nous n'avions pas de casque, ce qui me semble maintenant impensable, car seul en attendant mon hélitreuillage les pierres tombaient régulièrement, nous avons eu beaucoup de chance.
Point positif:
Mon anticipation sur les chutes de pierres en donnant des consignes à ma fille pour se protéger, ce qui lui a value d'être indemne
Pour les responsabilités:
Tout pour moi, quand à l'espagnol, il ne m'est pas venu à l'idée d'engager une action, et c'est bien comme ça.
1 mois et demi plus tard je repartais en montagne avec des coques plastiques pour protéger mon pied.
Mais je ne suis pas particulièrement fier de cette journée.
