J33 06/09/12 jeudi
Je me réveille naturellement vers 6h30, encore une super nuit !
Je prend un bon petit déjeuner à base de café et de pastis (le gâteau !

) rapidement car les vaches attendent pour la traite à laquelle je ne participerai finalement pas.
Je file vers 9h, enchanté par cette rencontre et cet accueil vraiment sincère. Je remercie le berger mais il n'accepte pas mes remerciements et insiste pour dire que c'est lui qui me remercie pour ma visite improvisée.
Bon ben mec je te remercie quand même ici

, super soirée, discussion très intéressante et une petite approche de la vie à l'estive en solitaire qui n'est pas si solitaire que ça en fait.
Autant pour l'itinérance en solo que pour la vie de berger à l'estive, on est d'accord pour dire que finalement on n'est jamais vraiment seul, les animaux, les arbres,..., la montagne elle même vit et sa présence est permanente dans ces deux cadres.
Bien sûr de temps en temps on éprouve le besoin de voir des humains mais sans être asocial, seul en montagne on se sent tout les deux pas si seul que ça...
Sans transition, je me retrouve à grimper dans la forêt en direction du col de Lazaque et j'y surprends cinq isards encore une fois à moins de cinq mètres.
Quelle chance surtout quand on pense qu'avant de partir pour cette aventure, je pense en avoir approcher au plus près à trente ou quarante mètres.
Les alpins me contrediront sûrement (à tort !) mais pour avoir observer plusieurs fois les deux espèces, pour moi le rupicapra pyreneica est bien plus élégant que le rupicapra rupicapra, na !
Arrivé au col :
Une fois le col franchi, je rencontre un garde du parc et lui lance un grand bonjour !
"Chut !" me fait t-il sans même répondre à mon bonjour (le vilain) et toujours en chuchotant :
"Il y a des isards dans le coin, si vous voulez les voir il ne faut pas faire de bruit."
"Pff, ah ok mais je vais dans l'autre sens ! Bonne journée !" (en chuchotant fort !

)
Je continue toujours entre alpages et forêts dans cette vallée d'Aspe que je trouve vraiment très belle, encore un nouveau décor en quelque sorte :
J'arrive sur la route (beurk) près du centre pastoral de Peyrenère et m'empresse de la quitter. Dans la précipitation je me suis trompé de chemin, j'imagine qu'il aurait fallu un peu plus marcher au bord de la route pour rejoindre le parking de Sansanet mais ça n'était pas très engageant et j'ai commencé à monter sur la piste carrossable (euh moyen carrossable quand même) partant SSW de la station d'épuration.
Je m'aperçois de mon erreur un plus haut, je décide donc de continuer à monter et de prendre "à droite" vers 1500m (après avoir un peu hésité à rejoindre le lac d'Estaens via le GR11 tout proche, mais n'ayant pas la carte côté espagnol, ça me paraissait un peu trop aléatoire

sinon la "vraie route" ben c'est un kilomètre de route justement

).
Finalement c'était "un mal pour un bien" car se promener au coeur de cette forêt fut un réel plaisir.
J'arrive ensuite facilement au parking de Sansanet où je fais une petite pause vidage de poubelles !
Il y a beaucoup de gens qui montent au lac d'Estaens mais, de ce fait et connaissant sa réputation, je décide de ne pas y aller, ça me fait une bonne raison de plus de revenir balader dans cette jolie vallée (notez la rime).
Deux cent mètres après le parking, je commence à rattraper un couple avec un enfant qui m'a gentiment dit bonjour au parking et voit le monsieur du couple jeter son mégot par terre et continuer comme qui rigole.
Là je vois rouge, je ramasse son mégot, les rattrape en courant et, en lui tendant son mégot, dis sèchement au monsieur :
"Il me semble que vous avez échappé ça, un très bon exemple pour votre enfant !"
La suite n'est pas très jojo...le monsieur prend le mégot et le jette à nouveau par terre en me demandant si je vais lui mettre un pv !
Oulala, sa femme m'empêche de déborder en s'énervant la première contre lui. J'étais vraiment à deux doigts d'exploser (ou de l'exploser) mais cela me calme directement, je me mets un peu en arrière en fixant ce gros con (désolé pour la vulgarité, c'est la deuxième du récit mais je l'assume complètement) et assiste à leur engueulade avec un grand sourire. Il insulte sa femme et moi par la même occasion, puis me demande en furie complète de m'en aller (plus vulgairement bien sûr).
Je lui réponds avec un grand sourire très calmement et poliment que je ne bougerai pas tant qu'il n'aura pas ramassé son mégot. Ils continuent à s'engueuler un moment puis il finit par se calmer, ramasser son mégot et même presque avouer sa faute.
Ok, satisfait je reprends mon chemin sur un : "Bonne journée madame et bon courage !"
Bon je leur ai peut-être un peu gâché la journée mais j'espère les avoir un peu sensibilisés. Etant moi même fumeur, pour la rando j'ai une "poche qui pue" en guise de cendrier et je dois dire qu'elle est souvent plus remplie de mégots trouvés sur les sentiers que par mes propres mégots.
Je suis quelqu'un de très calme et tolérant mais pas pour ce genre de choses...
Après cet interlude fumeux, en avant !
Je rencontre le berger d'Escouret avec son troupeau et m'engage sur le sentier qui est toujours en forêt, c'est très beau mais il y a des coupes en ce moment et le sentier a bien morflé avec le passage des bulldozers qui l'ont transformé par endroits en un véritable aqualand de boue !
Pô grave, à ces endroits je coupe direct dans la forêt, je passe ensuite dans une charmante petite clairière avant d'aller voir la cabane d'Espélunguère.
J'y trouve Pierre le berger qui me propose directement de profiter de sa gazinière pour préparer mon repas.
Il est midi et demi, on mange donc ensemble, j'apprends qu'il a soixante-huit ans même s'il en paraît facile dix ou quinze de moins. Je lui raconte ma rencontre et ma soirée d'hier (chez le berger), il le connait très bien et me dit que c'est un jeune berger qu'il estime beaucoup, moi aussi.
Il est vraiment très gentil, il m'offre le café et même un brugnon pour la route.
Ensuite on se sépare car il doit aller voir ses brebis et il m'indique un petit raccourci pour rejoindre mon chemin.
Quel accueil spontané et chaleureux !
Pierre, je ne manquerai pas de vous rendre visite bientôt sachant que vous n'êtes pas la seule personne de valeur que je veux revoir dans le coin.
Salut et merci, votre accueil m'a vraiment fait chaud au coeur.
Ensuite je repars avec pour objectif de vite trouver un coin pépère pour la sieste, mais vite, vite, vite, si vite qu'en fait je ne me suis arrêté qu'une fois arrivé au refuge d'Arlet deux heures après avoir quitter Pierre.
L'itinéraire était très beau encore une fois, une trentaine de vautours fauves tournaient au dessus de la cabane Grosse.
Je viens de là-bas :
Montée après la cabane Grosse :
Et le vallon après le col de Lapachouaou est aussi vraiment charmant tout comme la vieille bergère que j'y ai rencontrée

, encore un sacré bout de femme dont on parlera avec la gardienne du refuge d'Arlet, très mignonne d'ailleurs.
Au refuge elle est un peu embêtée de ne pas pouvoir me vendre grand chose, je suis toujours en manque de provisions sucrées et lui prend ce qu'il reste, du pain d'épice et des mars (et ça repart ! (accordez la moi, j'en suis pas à une blague pourrie près t'façon

), et une petite bière bien sûr.
Il est 17h et je ne compte pas m'arrêter là, j'ai encore la patate et aucune envie de dormir au refuge. La gardienne m'indique la cabane d'Ibosque qui est apparemment ouverte et plus utilisée depuis un moment, elle me précise bien que ça risque d'être un peu sale à l'intérieur mais je me dis que ça fera bien l'affaire.
Au lieu de me diriger vers la cabane, le temps étant clément je monte vers le col d'Arlet pour voir la vue côté espagnol puis j'enchaine en suivant la crête frontière jusqu'au pic d'Arrailly.
Arlet c'est en bas :
Ecrit (et photographié) vers 18h au sommet du pic d'Arrailly (heure non notée)
Un dernier coup d'oeil vers Arlet et l'est :
vue quasi plein nord :
Je suis ensuite un peu la crête puis trouve quelques cairns qui me décident à descendre dans le thalweg juste avant le pic Rouge. La descente est un peu raide mais ça valait trèèèès largement le coup.
J'arrive peu après au col de Saoubathou après avoir salué un berger avec son troupeau en contrebas

, je jette un coup d'oeil vers mon chemin du lendemain qui a l'air sympa et descend ensuite aux cabanes d'Ibosque.
Il y a deux cabanes et de l'eau pas loin, une qui est une sorte de remise avec un enchevêtrement de planches, matelas éventrés et bordels divers, et l'autre avec une table et des bancs et une petite mezzanine pour un. C'est tout petit, un peu sale et évident que personne n'a mis les pieds ici depuis quelques années.
J'hésite un moment puis fait un peu de ménage et m'installe comme je peux à l'intérieur.
Il y avait même un nid avec un oeuf, je l'ai déplacé dans l'autre cabane en utilisant des herbes pour le saisir afin de ne pas mettre mon odeur dessus et ainsi éviter que les parents l'abandonnent. Pendant que je déplaçait le nid, un oiseau tourne autour de la cabane en sifflant. Un peu plus tard ne le voyant plus, je m'approche silencieusement de la cabane au nid et mission accomplie, le piaf est en train de couver son oeuf, cool !
Je me prépare une bonne grosse tambouille (étonnant !) dégustée dehors avec les lumières de la fin de cette belle journée animée et vais me coucher avant la nuit.
Ecrit après 21h à la cabane d'Ibosque, au lit
La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.
Ourson Power