
En douce, façon de dire, car ça monte.

Départ des rives du Lis … où un nouveau parking a été ouvert, 1500 mètres en aval de l’ancien … qui a disparu. Et pas seulement lui. En fait, le Lis a changé de lit. Les archives disent qu’il serait retourné à d’anciennes amours. Amours tumultueuses. L’auberge si sympa est en ruine et le pont (sous lequel l’eau ne coule plus) a une drôle de mine.
L’auberge n'a pas eu de chance : d’abord une coulée d’avalanche qui ravage son aile ouest. Les travaux sont programmés. La coulée de boue au sortir de Luchon isole la vallée le 6 juin. Le 12, c’est à nouveau accessible. Le 18, après trois jours de canicule, la pluie s’est imposée, forte et ininterrompue sur tous les bassins versants. 23 cm d’eau relevée au refuge du Maupas. Hallucinant. Le Lis divague et emporte tout, route, pont, parking, auberge …
On achèvera l’auberge du Lis. Ce qu’il en reste est trop ébranlé. Et on ne la reconstruira pas : Il arrive que les hommes soient sages devant les caprices de la nature.
La montée au refuge du Maupas est longue. Et comme le coin est riche de possibilités de randos, on commence à en connaître les moindres cailloux … C’est bientôt la rentrée ; je croise la gardienne, les deux enfants et leur petit chien blanc avec son collier rouge …



Où en étais-je ? Ah oui, je montais … tant et si bien que je fus rendu au refuge où je posai mon sac et passais une fort agréable après-midi de farniente.
La vue sur le cirque des Crabioules est vraiment impressionnante.
Il me vient l’idée de redescendre (pas tout de suite, après la visite au Maupas, bien sûr) en
faisant le tour du cirque.
Le Maupas, justement. Du refuge, la tusse rivalise avec le Pic. Et l'on imagine devoir sérieusement redescendre si l'on veut gagner le pic à partir de la tusse. Le gardien dit que non et conseille de passer par la tusse plutôt que sur son flanc est.
Le lendemain, attaque matinale.
Le temps est au grand beau. Je suis les indications du gardien. Petite montée rocheuse plein sud dans le dos du refuge. Idéal pour se dérouiller et me voilà sur les pentes de la tusse. Viser la base, la roche sombre, à gauche. De là se recentrer et gravir la chose.
On est alors à 2900 mètres. Le regard vers l'arrière est déjà très sympa
Le col est effectivement à quelques mètres près à la même altitude que la tusse.
On suit l’arrête jusqu'à lui, ensuite, monter à flanc puis virage « à 180° » pour aborder le « mauvais pas »
Ne pas oublier, je suis là sur prescription pour travailler mon appréhension. Je la travaille effectivement. Le gardien me disait que certains ne passaient pas. Pas méchant techniquement, mais exposé. Et bien comprendre le rocher pour le bon cheminement.
Et me voilà « au creux de la base du S que dessine l’arrête du Maupas. Y’a plus qu’à monter, en glissant un peu sur le flanc ouest.
Nous y sommes
Waouh, quelle vue. Je connais bien tous ces sommets, tous ces vallons. Mais pas sous cet angle. C’est donc, à nouveau, unique.
Quelques zooms avec mon appareil sommaire
Le col des Crabioules parait bien raide de ce côté
Le topo disait de « revenir prudemment par le même itinéraire ». On a été prudent. On est revenu mais, après la tusse, j’ai poussé un peu plus à l’est pour aller visiter, à deux pas du refuge du CAF, celui de Luchon Haute Montagne. Un bel équipement.
De plus près
Retour au refuge CAF pour une collation,et c’est reparti pour la traversée du cirque des Crabioules. De la Tusse du Maupas, j’avais observé ce qui serait pour moi la sortie du cirque et cherché la cabane de Sarnès. Vous la voyez ? Oui, à gauche de l’éperon prolongeant le Pic Sarnès
Pour descendre dans le cirque, viser le drapeau rouge sur l’arête qui part du refuge.
C’était pas un drapeau, mais c’est rouge et ça flotte au vent.
Basculer dans un petit couloir au rocher un peu délité. Une traversée sur herbe roidement descendante. Virage à droite pour prendre le pierrier en bas duquel on nous confirme que l’on vient bien du Maupas.
Et voici le sentier qui suit tout ce travail fait pour récupérer les eaux de la partie supérieure du cirque.
C’est quasi plat … mais la cabane de Sarnès est encore loin et sur la fin, ça monte et ça descend.
La cabane est sympa, un coin pour les randonneurs, propre, avec un peu de littérature pour les jours sombres. Je marque une pause et admire le paysage.
La vue sur le cirque y est admirable
Le refuge du Maupas vu de la cabane de Sarnès, et plus bas, la partie du sentier horizontal devenue difficile à franchir du fait d’un éboulement
Ensuite, la descente vers les anciennes mines. La sente se perd un peu. Mon pied droit se tord dans un trou masqué par les herbes. La chaussure était bien serrée, rien de méchant et le spectacle est magnifique
C’est long ; on suit l’Enfer, sur la prairie pentue puis dans les bois. Comment allais-je trouver le sentier en arrivant au-dessus de l’auberge ? On m’avait prévenu, l’avalanche n’a pas été traitée ; c’est plein d’arbres abattus aux branches entremêlées. Ben non, y’a bien les arbres et leurs branches entremêlées mais un nouveau tracé du sentier descend en rive de l’avalanche et des petits points jaunes rassure le randonneur. Cette sente est bien la porte de sortie.
Plus bas, vu de près, le spectacle de désolation est encore plus impressionnant que vu de l’autre rive. La force de l’eau charriant des blocs, c’est vraiment quelque chose.
Désolé de finir sur cette note. La vallée était encore si riante ce printemps …

