Crampons OK mais piolet ?

[haiku]

Je reviens du Néouvielle, ma 3e ascension, jamais vu autant de neige, du lac (2.140 m) au sommet quasi : de la neige, tantôt molle tantôt glacée. A la montée piolet inutile mais à la descente, mieux vaut pas tergiverser, les pentes sont raides. salut à tous.

[zorey]

Je suis peut-être pessimiste des fois mais... je pense que les pentes étaient aussi raides à la montée qu'à la descente

Elle est vraiment bien celle-la, je la note ! Et bien d'accord pour le piolet en montant et en descendant.


127m : Salles d'Armagnac (Gers encore )

[haiku]

Pourquoi pas des cordes fixes jusqu'au sommet ? Cordialement

[christian65]

Je reviens du Néouvielle, ma 3e ascension, jamais vu autant de neige, du lac (2.140 m) au sommet quasi : de la neige, tantôt molle tantôt glacée. A la montée piolet inutile mais à la descente, mieux vaut pas tergiverser, les pentes sont raides. salut à tous.

Pourrez tu détailler ton raisonnement ; une nouvelle technique d’ascension peut être ? Ou on monte avec des oeillères, pour, à la descente, face à la pente, se dire « au ptaing-cong c’était raide tout de même »
(en plus, c’est ou la partie raide dans le Néouvielle )

[haiku]

Je m’étonne un peu du "tout sécuritaire" prôné par certains. Cela part d’une bonne intention, je n’en doute pas. Si à les entendre, on ne peut s’aventurer en haute montagne sans crampons, piolet, casque, genouillère, coudière, protège-tibia, corde de secours et, last but not least, l’incontournable GPS; dans vingt ans, à ce rythme, on devra se munir d’un air-bag ou d’un mini-parachute de secours. Si Ramond, Chausenque, Russell et autres Schrader (pour ne rien dire des géodésiens) avaient attendu de bénéficier de cet équipement, aucun d’eux n’aurait gravi le moindre grand pic. Des crampons pour le Néouvielle, OK (eux-mêmes utilisaient des chaussures à semelles cloutées), mais le piolet franchement c’est du luxe. Les névés sont raides en ce début de saison 2013 mais l’inclinaison n’est pas non plus celle du couloir de Tuquerouye, a fortiori celui de Gaube. La neige est molle, stable et porte bien. Le mieux dans ce type de terrain est de descendre à la ramasse, de bien talonner, de se servir de son bâton (ou piolet, s’il est suffisamment long) comme d’un gouvernail ou d’une longue rame. Je ne parle évidemment pas des télescopiques made vous ne savez pas où qui se tordent ou se brisent à un instant critique, mais d’un bon vieux bâton de berger (ou alpenstock) d’un mètre cinquante ou plus en frêne ou en mûrier. Écoutons ce que dit notre maître à tous, Henry Russell : « Ne diminuons jamais les dangers de la haute montagne pyrénéenne, amis, mais ne les exagérons pas non plus : in medio veritas. »

[cyril]

Le piolet n'est pas du luxe pour monter au Néouvielle en ce moment, ni d'ailleurs en saison sèche.
Après qu'on l'utilise ou pas, c'est chacun selon son expérience.

Mais pour le moment on est à déjà deux morts cet été à cause des névés durs.

[christian65]

Non !!
Pour ma part je dis que c’est très con de monter piolet au sac et de le sortir à la descente lorsqu’on se rend compte que c’est pentu, car même si les pentes sont toujours plus impressionnantes à la descente, il me semble que le risque est le même à la montée avec normalement, en plus, une neige plus dure
Ceci dit, il m’arrive aussi des fois de ne pas faire mieux et c’est très con dans mon cas aussi, mais je ne me gargarise pas d’être monté comme çà

[Skeldron]

Comme le disait la signature de je ne sais plus quel habitué du forum : "Des courageux en montagne, il y en a plein les cimetières."

Je n'essaye jamais de dissuader, d'inquiéter ou d'impressionner un débutant qui veut faire de la randonnée alpine. En revanche, je suis parfois bien tenté de faire une petite piqûre de rappel (50m avec corde en double ) à tous les pratiquants réguliers de la montagne qui oublient certaines règles. Je suis d'accord avec le principe du "t'es en montagne, tu ne tombes pas, c'est tout". C'est un bon principe... tout du moins sur le plan psychologique.

Là où je suis d'accord avec certains d'entre vous, c'est sur le fait qu'une fois le crampon dans la neige, il ne glisse pas. J'approuve entièrement. Sauf que ceux qui chantent ça à tue-tête n'ont aucune idée de la réalité des accidents, chutes et glissades sur neige (statistiquement parlant) qui ont lieu en montagne. On ne fait pas une chute mortelle parce que le crampon glisse sur la neige sans s'y planter. La réalité est bien plus con**.
Pour commencer, on ne marche pas avec des crampons comme on marche avec des tennis. On n'a aucun déroulé du pied, on a des foulées obligatoirement plus espacées, plus d'écart entre chacune des deux chaussures, on ne peut pas se gratter le mollet avec le bout de la chaussure quand ça démange... Alors oui, avec l'habitude, je me sens très à l'aise en crampons, mais ne me faites pas croire que vous avez une marche naturelle quand vous en portez. Ca n'a rien de naturel ! Et nécessairement, si ce n'est pas naturel, on peut faire des erreurs. Qui ici osera me dire que ça ne lui est jamais arrivé de trébucher en se plantant la pointe d'un crampon dans les guêtres ? Qui n'est jamais tombé sur une neige plus pourrie que prévue dans laquelle les crampons n'ont aucune adhérence ? Qui n'a jamais passé une jambe au travers d'un névé qu'il pensait plus épais ?

Le dernier exemple que j'ai en tête date d'une dizaine de jours. Mon collègue Adrien quitte un étroit replat du sentier pour regagner un névé incliné à 40°, 50cm en dessous. Malheureusement, il n'élance pas sa jambe assez loin et s'enfonce jusqu'à mi-cuisse dans une neige pourrie. Les 15kg du sac le déséquilibrent vers le bas de la pente qui se jette 60m en dessous dans le Cap de Long. Qu'est ce qui lui a évité le plongeon ? => La pointe de son piolet a pris contact avec la neige avant même son pied. Quand il a commencé à chuter, son piolet était déjà enfoncé dans la neige jusqu'à la garde. Il s'y est agrippé et s'en est tiré avec quelques égratignures. Jamais des bâtons n'auraient pu faire la même chose, et encore moins les mains.

Des exemples de l'utilité du piolet, j'en ai plein, et uniquement dans ma pauvre expérience personnelle de 6 ans de haute montagne Pyrénéenne.

Les crampons n'ont jamais sauvé la vie à qui que ce soit. Il y en a qui ont tenté de s'en servir pour freiner pendant une chute. Parmi ceux-là, ceux qui n'ont pas eu les tibias explosés au contact d'une neige plus dure ont été catapultés tête la première dans la pente. J'essaye, en vain, de comprendre ceux qui cherchent à s'alléger du piolet pour faire une randonnée sur terrain enneigé. Si on parle du duo "crampons-piolet" ce n'est pas pour rien. A l'inverse, dans bien des cas (surtout dans nos Pyrénées) le piolet couplé avec une paire de chaussures bien rigides font des miracles. Surtout quand il y a juste quelques névés à traverser. On taille ses marches en donnant des coups de pied bien placés, et le piolet anéanti toute éventualité de chute. A défaut d'économiser du poids dans le sac, je m'efforce tant bien que mal dans garder un peu dans le crâne. :p

Bon cette fois-ci pour de bon.

[brouff]

... on ne peut pas se gratter le mollet avec le bout de la chaussure quand ça démange ...

rohhhh, en étant un peu délicat ç'est même agréable

[NAULEKH]

Pour résumer si tu as du matos , tu l'utilises .

Et tu penses à faire des révisions de techniques d'arrêt de temps à autre

Car rien ne sert de trimbaler un piolet si tu ne sais pas t'en servir en cas de chute .

Et les crampons ,quand tu es cuit , adorent venir chatouiller les mollets

Si tu as du matos dans le sac et que tu te plantes

C'est con mais cela arrive les erreurs d'appréciation.

Il ne faut pas les répéter , c'est tout.

Bonne neige à tous

[pougatchev]

Théorème :
"Pente forte + crampons => gants + piolets"
La réciproque est fausse: ce n'est pas parce qu'on utilise le piolet qu'il faut mettre les crampons. C'est le point délicat du problème, et c'est l'expérience qui tranche !
La prochaine fois je serais plus poète !
Pierre.

[Cedric09]

Il y a aussi un truc que l'on voit souvent c'est la marche en crampon avec un bâton d'une main et le piolet de l'autre.

Dans ce cas faudra m'expliquer comment on se sert du piolet en cas de glissade parce que j'ai pas encore réussi à trouver la méthode.

Et même lors de la marche, le piolet change souvent de main pour l'avoir toujours en amont de la pente. Avec un bâton en plus, l'emmêlage de pinceau n'est pas loin pour moi si j'utilise les 2 en même temps

Compliqué tout çà, n'est ce pas ???

[brouff]

si en plus t'es dans une cordée de trois et que t'es au milieu

[Gérard]

Bonsoir,

Je m’étonne un peu du "tout sécuritaire" prôné par certains.

Petite anecdote (qui date un peu):
Aucun "novice" dans le groupe (Pic des Quatre Termes par la face sud-est).
Descente d'un petit névé au milieu d'un araillé de grosses pavasses.
Déséquilibré, l'un de nous part en "culing".
Réceptionné par les pavasses.
Multi fractures aux bras et aux jambes.
Le groupe se sépare, les uns pour donner l'alerte, les autres pour assister le blessé.
Plafond bas, l'hélico ne vient pas.
Quelques heures plus tard, la perche Barnaud arrive avec une équipe du secours en montagne.
Descente à la tombée du jour puis à la frontale.

Mais ça n'arrive qu'aux autres !
A bientôt
Gérard

Pour ceux que ça intéresse : Petite fiche synthétique "initiation"

Edit 1 & 2: Correction orthographique

[cyril]

Bonjour Cédric

c'est simple, tu laches le baton et tu tu te mets à deux mains sur le piolet. De toute façon, la seconde main n'est jamais sur le piolet au moment de la chute. Faut juste penser à lacher le baton