Salut à tous!
Jour 24: Lac de l'Oule - Luz-St Sauveur
Distance: 26,32 km
D+: 1303 m
D-: 2227 m
Cette journée promettait d'être longue et compliquée! L'objectif était d'atteindre Luz-St Sauveur afin de pouvoir s'y ravitailler. Après ça, on allait passer une longue période sans ravitaillement, il était donc capitale qu'on atteigne notre objectif. Je savais que ça représentait beaucoup de distance. Pour économiser des kilomètres ( et accessoirement parce que l'itinéraire du GR n'est pas intéressant dans ce coin), je voulais couper à travers le GR10 pour esquiver Barèges. Pour se faire, je prévoyais à la base de passer par la brèche de Chausenque. Dès le départ, je savais que ça ne serait pas simple. Mais avec les mésaventures de Lili, je n'étais vraiment pas chaud pour l'amener là-bas... Du coup, j'ai essayé de trouver une alternative. Et c'est par hasard, en regardant la carte la veille, que j'ai découvert l'existence de la hourquette de Mounicot. Après des rapides recherches, ce passage m'a paru être un bien meilleur compromis! Malgré tout, on n'était pas sorti d'affaire pour autant.. Pour descendre sur Luz-St Sauveur, je comptais passer par le vallon de Bolou, puis par les hauteurs au-dessus de la vallée de Bastan. J'étais très inquiet par ces portions car je ne savais pas à trop à coin m'attendre comme sentier.
Vu que la journée allait être longue et devant l'importance d'arriver à Luz-St Sauveur, nous sommes partis très tôt. Nous avons donc attaqué l'ascension du col d'Estoudou de nuit. Dès le départ, j'ai dû laisser partir les filles devant pour des raisons de besoins naturels. L'ascension du col est assez physique, je n'ai pas réussi à les rattraper. En arrivant au-dessous du col, je pouvais voir les frontales de mes acolytes sur la petite crête qui monte au soum de Monpelat. Lorsque j'ai à mon tour atteint le col, je les ai vus me faire signe pour me dire qu'elles étaient un peu plus haut. J'ai fait semblant de ne pas les avoir vues et j'ai continué sur le GR, juste histoire de les affoler un peu. Cela n'a pas trop marcher... Je les ai rejoints et on a pris notre première pause durant laquelle on a pu admirer le pic de Néouvielle rougir au fur et à mesure que le soleil se levait.
Le lac de l'Oule ( 1815m).
Vue sur le col de Portet ( 2214m) depuis le col d'Estoudou ( 2260m).
Le pic de Néouville ( 3091m) et le barrage de Cap de Long ( 2160m).
Le lac d'Orédon ( 1850m).
On a ensuite continué en direction du lac d'Aumar et de la Hourquette d'Aubert. Après une vingtaine de jours de marche, nous arrivions enfin en territoire connu! Comme il était encore tôt, nous avons eu pratiquement toute la réserve rien que pour nous! Nous avons passé le lac et avons atteint sans difficulté la hourquette. Nous avons pris une pause sur cette dernière. Lili était absolument ravie de découvrir enfin cet endroit mythique des Pyrénées!
Le lac d'Aumar ( 2200m) et la hourquette d'Aubert ( 2498m).
Le lac d'Aubert ( 2150m).
Les lacs Estagnol ( 2240m), Nère ( 2230m) et det Coubouts ( 2050m) vue depuis la hourquette d'Aubert.
Puis, nous sommes redescendus quasiment au lac Estagnol avant de remonter de nouveau en direction de la hourquette de Mounicot. La montée est dur physiquement mais reste largement accessible. Une fois la hourquette atteinte, nous avons pu admirer la magnifique vue depuis cette dernière. On pouvait voir toute le haut de la vallée de Bastan et le pic d'Ardiden au loin! On se rapprochait de plus en plus de notre territoire!
On est redescendu pour se rendre au lac det Mail. Le sentier a été fraîchement balisé, un balisage bleu nommé "Tour du Néouvielle". Nous avons fini par atteindre le lac où nous avons pris notre pause casse-croûte.
Le pic du Midi de Bigorre ( 2876m).
Vue depuis la hourquette de Mounicot ( 2547m).
Le refuge de la Glère ( 2160m).
Le lac de la Mourèle ( 2310m).
Le lac det Mail ( 2330m).
L'endroit est divin! J'aime beaucoup ce versant du Néouvielle qui est très sauvage. J'ai des souvenirs de l'ascension du Turon de Néouvielle qui me sont revenus, une ascension où j'avais dû m'y reprendre à 3 fois, une première fois où j'avais abandonné à cause du risque d'orage et une 2ème fois où j'avais crevé un pneu de la Skyline en venant en roulant sur un trousseau de clés... J'avais fait 700km de route pour réussir ce sommet!
Le lac det Mail est également une merveille. Il a la particularité d'avoir une île, formé par un immense rocher. Il est le devoir de tout homme viril de se rendre au sommet de ce rocher! Ce que j'ai évidement fait. Par contre, vu la température de l'eau, je n'ai pas fait montre d'une très grande virilité les premières minutes où je suis rentré dans l'eau!
Nous avons ensuite repris notre route. Nous avons pris la direction du refuge de Packe. Puis, lorsque nous avons atteint le vallon de Bolou, nous avons laissé le sentier du refuge de côté pour redescendre le vallon. Nous avons rapidement passé les éboulis de la canalisation souterraine qui relie la station de pompage de la Glère à la centrale de Pragnères. Le descente du vallon a été horriblement longue... J'avais l'impression de faire du surplace! Heureusement, quelques framboises et myrtilles étaient là pour nous remonter le moral! Nous avons ensuite rattraper un sentier balisé qui allait nous conduire jusqu'à Luz-St Sauveur. Ce dernier avait été fraichement fauché, ce qui nous a permis d'avancer rapidement. Après la crête des Monts, nous sommes descendus directement vers la ville. Si auparavant, le fait d'avoir fauché nous aidait, dans cette descente raide, il fallait faire attention à ne pas glisser sur les morceaux de fougères au sol. Lili commençait à sacrément fatiguer et il lui tardait vraiment d'arriver. Nous avons finalement atteint Luz-St Sauveur et nous nous sommes arrêtés au camping des cascades.
Le vallon de Bolou.
Le col de Rabiet ( 2509m).
La vallée de Bastan avec les hameaux de Sers ( 1100m) et Betpouey ( 1000m).
Luz-St Sauveur ( 700m).
Après notre routine habituelle, nous sommes allés nous ravitailler pour tenir environ 6 jours en autonomie. J'ai essayé de presser les filles un petit peu car je mourrais d'envie de profiter de la piscine du camping! Mais ce fut un cuisant échec.. Pour le repas du soir, nous sommes allés à l'auberge étape du GR10 pour manger des cuisses de canards confites bien grasses, avec des patates cuites dans la graisse de canard... C'est tellement bien le Sud-Ouest!!
Journée 25: Luz-St Sauveur - Gîte de Saugue
Distance: 25,25 km
D+: 1888 m
D-: 1011 m
Cette étape est la dernière qui me posait soucis avant Hendaye! Cette étape du GR10 est très souvent shuntée par les GRdistes en prenant le bus ou le taxi. Elle emprunte une longue portion sur la route de Gavarnie entre Sia et la station de Pragnères. En dehors du fait que c'est d'un ennui absolu ( sauf à la limite pour ceux qui veulent visiter la centrale de Pragnères), cette portion est dangereuse car il n'y a rien de prévu pour les randonneurs. On est obligé de marcher sur la route et de se caler sur le bord de la route du mieux qu'on peut pour éviter de finir sous un car de touristes allemands...
Pour éviter cette portion de route, j'avais plusieurs idées. Le rêve aurait été de passer par les lacs de Bastampe et Litouèse, puis par l'ancienne conduite de Caubarole. Mais après être allé en éclaireur dans cette zone, le sentier de la conduite me paraissait trop dangereux. Et c'est dommage parce que cet itinéraire aurait vraiment été magnifique je pense. La 2ème solution était d'emprunter un sentier passant par Agnouède et Arrode. C'est un sentier repéré comme balisé sur les cartes IGN. Lorsque j'étais parti en éclaireur au lac de Litouèse, j'avais emprunté une partie de ce sentier. Il y avait bien un balisage assez succin et quelques panneaux étaient présents. Mais par contre, le chemin n'était clairement pas entretenu et était largement recouvert par la végétation. Il était peu probable qu'il est été entretenu entre temps... La partie après le lieu-dit d'Arrode m'inquiétait beaucoup. En regardant sur la carte, je pouvais voir que le dévers était très important, avec plusieurs couloirs à traverser. En plus des problèmes d'orientation sur un sentier peu marqué, je craignais de devoir faire demi-tour à cause d'un sentier qui aurait disparu il y a déjà bien longtemps.
Comme à chaque fois, j'ai expliqué les problématiques aux filles et je leurs laissais le choix. Elles ont choisi de passer par Arrode.
Nous avons commencé notre journée vers 4h30. La météo prévoyait malheureusement des orages assez tôt dans l'après-midi. Nous avons commencé par remonté en direction du pont Napoléon. Après avoir traversé le pont, nous sommes légèrement redescendus dans St Sauveur pour ensuite commencer la première ascension de la journée. On avait un petit 400-500m de monter pour pouvoir rattraper le sentier d'Arrode. Une fois ce dernier atteint, le dénivelé se calme drastiquement, le sentier étant relativement plat jusqu'à Arrode. Il y a eu une première difficulté au niveau du gave de Lassariou, un passage chaîné ( mais rouillé depuis longtemps, avec des piquets pliés dans tous les sens.. ) qui permet de redescendre dans le couloir du ruisseau. Pour avoir franchi ce premier passage technique, la nature nous a gracieusement récompensé en nous offrant une importante quantité de fraises des bois! Nous avons ensuite continué sur le sentier et avons enfin pris une première pause au niveau de l'intersection avec le sentier du lac de Litouèse.
Vallée de Gavarnie.
Le gave de Lassariou.
À partir de là, on se lançait dans l'inconnu! Le sentier est relativement propre. Seulement plusieurs arbres étaient tombés sur le sentier depuis certainement plusieurs mois déjà, nous obligeant parfois à passer à 4 pattes dessous... Le sentier est balisé en effet, du moins si on considère qu'une marque à moitié effacée tous les 2 kilomètres est suffisante... Nous avons fini par atteindre Arrode. En suivant le sentier, on a été naturellement tenté d'entrer dans une clairière. À l'intérieur de ce champ, il n'y avait plus aucune trace de sentier! J'ai donc attrapé la carte et agiter les quelques neurones de ma caboche pour essayer de les réveiller! Et je dois dire que je me suis relativement bien démerdé! J'ai rapidement compris qu'il ne fallait pas allé dans ce champ, mais le contourner dans les bois par le Nord. J'ai ensuite suivi un semblant de sente, en essayant de dénicher d'éventuelles traces ou vestiges de sentier. On a fini par tomber sur une sente fraichement balisée en orange. J'ai été soulagé de trouver ce balisage! On l'a suivi mais rapidement, je me suis dit que quelque chose n'allait pas! On montait trop, alors qu'on ne devrait pas! Je me suis souvenu qu'il y avait le même balisage en dessous du lac de Litouèse. De plus, en essayant de me positionner par rapport à la ligne haute tension, j'étais pratiquement certain qu'on prenait la direction du roc de Castillon. J'ai demandé aux filles de se stopper et j'ai continué pour vérifier mon hypothèse. Je suis rapidement tombé sur la conduite forcée, avec une passerelle flambant neuve qui l'enjambait. Je pouvais voir 100m en dessous une autre passerelle ( bien plus vétuste...), probablement le sentier qu'on devait prendre. Je suis retourné au près des filles, puis on est redescendu. En arrivant, sur une immense clairière, je suis monté sur un rocher pour essayer de trouver un sentier plus bas dans la clairière. Je pouvais voir des traces furtives juste en contre-bas du rocher, mais rien de concret... N'ayant plus de solution, je n'ai pas eu d'autres choix que d'allumer le GPS... Je pouvais clairement voir que le sentier était juste en dessous de notre position. C'est à ce moment là que mes neurones se sont enfin réveillés! Je me suis enfin dit que si le balisage allait quelque part, il venait bien de quelque part également! Et en effet, en suivant ce dernier dans l'autre sens, on a fini par trouver un autre panneau nous indiquant la direction du pont d'Artigue. En suivant cette direction, je me suis rendu compte qu'on passait bel et bien dans les traces que j'avais repéré quelques minutes plus tôt! J'étais grandement soulagé, on n'allait pas être obligé de faire demi-tour pour redescendre à Sia! Par contre, nous n'étions toujours pas sorti d'affaire pour autant. On devait encore franchir la portion qui m'inquiétait le plus à la base... Et au final, ça s'est fait sans trop de mal. Le passage des couloirs est un peu impressionnant, avec des passages chaînés malheureusement vétustes... Lorsqu'on a récupéré le GR10, j'étais définitivement soulagé. J'ai déclaré aux filles " C'est bon, maintenant je peux ranger la carte jusqu'à Hendaye!". On a continué sur le GR jusqu'au pont d'Artigue, où on a pris une pause casse-croûte bien mérité!
Vue depuis Arrode ( 1400m).
Le téléphérique de la centrale de Pragnères.
Le pont d'Artigue ( 1050m).
Le gave de Cestrède.
On a profité de cette pause pour contrôler la présence de tique sur nous. J'ai gagné le concours avec pas moins d'une demi-douzaine de tiques pour ma part... Il y en avait vraiment beaucoup cette année je trouve! On a ensuite repris notre route. On avait réussi à esquiver la route, par contre on avait perdu énormément de temps. On pouvait voir le ciel qui commençait à se couvrir, il ne fallait donc pas traîner si on voulait éviter la pluie.
On a pris la direction des granges de Bué. Avec ma cousine, on a pris un peu d'avance et on s'est planqué à l'intérieur de l'ancien poste haute tension au niveau des granges. Le but était de surprendre Lili au moment elle allait passait, ce qui a assez bien fonctionné! Mais le véritable but de cette pause dans ce poste était de pouvoir regarder les anciens clichés des installations hydroélectriques du secteur qui y sont affichés.
On a ensuite pris la direction de la crête de Pouey Boucou. L'ascension jusqu'à cette dernière est interminable... Alors qu'on allait l'atteindre, les grondements de l'orage se faisaient de plus en plus entendre. Et inévitablement, on a fini par se prendre la pluie! On a continué avec les ponchos jusqu'au plateau de Saugué et avons décidé d'arrêter notre journée au gîte.
Les granges de Bué et la cascade de Soutarra.
Vue depuis la crête de Pouey Boucou.
Le cirque de Troumouse.
Le plateau de Saugué avec le cirque de Gavarnie en arrière plan.
Le gîte était fermé et il y avait déjà plusieurs personnes qui attendaient devant. On a attendu 1h sous la pluie avant que le refuge n'ouvre. La femme qui a ouvert nous a parus pas très aimable. On n'osait pas entrer... Puis au bout d'un moment, elle a passé la tête par la fenêtre et nous a finalement accueillis très aimablement en nous disant qu'il ne fallait pas hésiter à rentrer. On a pu nous installer en bivouac et profiter d'une douche bien chaude. En fin de journée, le ciel s'est un peu dégagé, nous permettant de découvrir le cirque de Gavarnie.
Bonne journée à tous!