
Et j’ai décidé de la faire en solo ; seule, les Dômes et moi
![Dan.San :]](./images/smilies/8.gif)
Je prends donc la route le 3 aout pour les Alpes, direction les Contamines-Montjoie, Bivouac-voiture au parking du Cugnon..
En consultant les conditions récentes via internet par le biais du tph, je tombe sur la course effectuée le 2 aout !! Parfait, les conditions y sont décrites comme étant excellentes, les Dômes sont tracés ; gaffe aux crevasses tout de même ; je sais que seule, je n’ai pas droit à l’erreur, et de toute façon je ne pars pas bille en tête.Pas envie de passer mes vacances au fond d’un trou béant.

Le lendemain,à 7H45, je me mets en route pour le refuge des Conscrits ; le sac est lourd, il n’y a pas un chat ; je ne croiserais personne durant toute la montée au 1° refuge., celui de Tré la Tête. Ensuite, qq personnes arrivent des Conscrits.
Je fais une pause au refuge puis reprends ma route ; le paysage change la forêt monotone de la montée à Tré la Tête fait maintenant place au minéral ; le passage du « mauvais pas » est facilité par des câbles, car le sentier devient escarpé et les dalles glissantes ; puis je prends pied sur le glacier, complètement recouvert de pierres.Impossible de s’y perdre, y a qu’à suivre les cairns !!

Je décide de passer par les échelles ; la verticalité m’attire et ça me fera un bon échauffement pour les prochains jours…


Une dizaine d’échelles plus loin, je reprends le sentier raide mais bien tracé, non sans être accueillie par qq marmottes bien grassouillettes !!
Moins de 5 h après être partie j’arrive aux Conscrits.4/5 alpinistes s’y trouvent, rentrés de leur course ; c’est loin de la foule des grands jours ; je me dis que du monde montera plus tard ; en fait avec moi, nous serons 7 à tenter la grande aventure !!!
Je me pose un peu au-dessus du refuge et monte la tente en soirée ; en attendant, je baille aux corneilles devant tant de beauté étalée sous mes yeux : Tondu, Lanchettes, Lex Blanche, quel panorama !! Grandiose !!
Et puis je décide d’aller reconnaître la partie en rocher qui surplombe le glacier ; ça sera toujours ça de pris, vu que j’ai prévu de me lever à 3H30.L’itinéraire est cairné, ce qui me rendra bien service dans la nuit.
Une fois le repas avalé je me glisse dans le duvet ; il fait bon à 2600m et je laisse la tente ouverte ; ce qui me permettra de faire la causette avec de charmants autochtones :

Comme d’habitude, je ne dors quasiment pas

Quand soudain, 3 loupiotes plus basses que les étoiles,et les bruits caractéristiques de pas sur les rochers me font sortir la tête de la tente : 3 alpi sont en route ; je regarde l’heure : 3H. Du coup, je me lève je ne vais pas attendre que le réveil sonne une demi-heure plus tard. P’tit déj, rangement et à 3H45 je pars à la rencontre de mon destin !!La nuit est sans lune et seuls qq nuages d ‘altitude se devinent.Pas de vent.
Au bout d’une heure j’arrive sur le glacier, je cramponne et le remonte ; très vite je prends la trace, le regel est bon.
Plus tard les premières lueurs de l’aube font leur apparition, et le paysage qui m’entoure devient sublime .Je redouble de prudence, j’arrive à la zone de crevasses ; ces grandes bouches béantes attendent leur proie, je ne leur ferai pas ce plaisir.

Puis j’amorce la montée au col de Dôme ( 3500m)Pas loin de 900m de déniv déjà ds les pattes.
D’énormes séracs montent la garde ; alors que j’arrive au col, j’aperçois furtivement la cordée des 3 sur le 1° dôme. Puis elle disparaît.J’enfile le goretex, un léger vent se lève. Nuages sur l’Italie et sur le Mont-Blanc.La montée sur les Dômes est magique

enfin j’y suis !!!la neige porte bien ; superbe traversée sur une arête en excellente condition.Que du bonheur !!3H30 plus tard, je suis au sommet du dôme ouest, à 3670m.
J’aperçois la Bérangère et aussi toute la descente pour atteindre le col du même nom ; c’est un peu longuet et j’aperçois la cordée qui arrive devant l’arête qui amène au pied de l’aiguille.
Là, faut pas se rater, y a du gaz des 2 côtés


ensuite la montée à la Bérangère est quasiment sèche. Un peu après 8h, je suis au sommet,

( sommet qui fut mon 1° trois mille, il y a qq années en arrière)devancée de quelques secondes par la cordée de 3h du mat ; c’est un guide suisse avec 2 françaises.
Je me régale du paysage ; cette course des Dômes dont je rêvais depuis qq temps, je viens de me l’offrir. Seule. J’ai fait la traversée sans jamais voir personne, puisque la cordée du suisse était dissimulée à mes yeux par les mouvements du terrain. Un goût sauvage de liberté totale !!!

Je mange un morceau au sommet avant de redescendre. Du coin de l’œil je vois l’autre cordée qui est encore sur le glacier ; fichtre, ils sont partis tard !!! Je garde les crampons pour le passage du glacier de la Bérangère puis ensuite descente dans les cailloux. 6 heures après avoir quitter mon bivouac, je le retrouve.
Je m’y affale, ivre de bonheur ; puis je passe au refuge rassurer le gardien qui s’inquiétait de ma course en solitaire par le glacier, lorsque la veille je lui avait fait part de mon projet en solo. Et vu que le soleil tape, je me lave dans le torrent non loin de la tente, casse la crôute , lézarde au soleil avant de prendre le chemin du retour, par les échelles encore une fois.
Cette fois il y a du monde au refuge de Tré la Tête qd j’y arrive.
Je m’y arrête ½ heure, puis c’est la descente ds cette forêt monotone jusqu’au parking ; le soir, il pleut !!!
Mais il pourrait bien tomber des pierres plates, ce soir, j’ai des étoiles plein les yeux !!!
Les photos en musique :
http://youtu.be/yNLrfOj5JwY