Voilà un moment que je n'avais mis de post sur une sortie. Je ne résiste pas au plaisir de partager mes 4 jours d'un périple improvisé depuis le Plan d'Aste, après Arrens-Marsous, découvrant des vallées, sommets et points de vues nouveaux, avec de belles émotions visuelles que j'essaie toujours modestement de saisir sur mon numérique de poche.
Je pars donc du plan d'aste, d'où une "route" mène au col de la Peyre st Martin, 2295m, après presque 3 heures interminables. J'aprendrai un peu plus tard l'origine de ce sentier, récent, pas plus de 20 ans, dixit, et la présence diffuse du chemin historique dans l'infernale trilogie : "bloc de granite-rhododendrons-torrents"
Bref, arrivé au col, je pars pour le Pic de Gavizo-Cristail, un gros tas de caillou, pénible à remonter, avec des cairns peu visibles en montant, tellement c'est raide...
La vue est admirable à 360°, et surtout sur le Balaïtous, Frondellas et Cie.

La Crête du Diable est bien effrayante!

Bigre, le couloir Vallot est bien enneigé pour monter à la Frondella, et sans piolets, pas bon. Donc j'improvise autre chose, je pars vers les Pics d'Enfer : descente du "tas de cailloux", traversée du "Campoplano" (qui porte bien son nom) et remontée par le GR11 au Lac de Llena Cantal (2460m)
le site est acceuillant :

...pour y passer la nuit en compagnie des moutons. Quel boucan ces cloches! J'ai eu du mal à les chasser, la faute au gros Patou qui se montrait autant timoré à ma vue que téméraire lorsque je m'approchais de ses ouailles.

Je pars de bonne heure pour rejoindre le col de Pedrafita, départ de la voie pour les Pics d'Enfer. En passant, je monte au Pic de Tebarray, qui me toisait la veille du haut de ses 2916m.
Son accès est facile, sa vue, brumeuse, est toutefois magnifique. En montant, le lac de Tebarray et la voie pour aller aux Pics d'"Inferno"

Je laisse mon sac trop lourd vers 2800m pour gravir la côte 2960. Ce sera de la gymnastique tout le long, avec des pas parfois exposés, jamais trop durs.

La traversée entre les pics n'est qu'un chemin vertigineux, mais sur.
Du pic occidental au central (3076m, et autres côtes, ça dépend des cartes).

Au retour j'apprécie mieux la crête et son ambiance "mystico-craignos".

Brrr...

Je fais des rencontres sympas en descendant, en particulier un Papy espagnol qui me narre ses aventures au Tibet, sa quète des "Seven Summits" (il arrive de Papouasie) et sa connaissance parfaite des Pyrénées. Le tout dans un baragouin aragonais que je comprends comme je peux.
La suite, sur le GR11, est splendide, très classique, avec des vues sur les petites mers du Bachimana et Cie.

J'ai vue des lacs sur ma carte qui pourraient donner un bon site de bivouac, les lacs de Pecicos, juste avant le passage versant français.
Effectivement, c'est pas mal...

Je vois la Grande Fache, que je décide de gravir demain, et je m'installe donc pour une nuit que je pense calme, au plus petit des lacs qui est courronné d'un névé bien épais.

Le vent aura soufflé toute la nuit, pliant les arceaux de la tente (!!!) et je pars avec le sentiment de ne pas avoir dormi vers le Port du Marcadiau, que je passe en rampant quasiment tellement le vent est fort (120km?)
Je coupe à travers la montagne, passant par les lacs de la Fache pour rejoindre le col éponyme.

Vallée du Marcadiau.

J'arrive au col et pars, magré les bourasques, au Pic de la Grande Fache et ses 3005m.
Je suis parfois déséquilibré par le vent, mais "ça passe" en se tenant correctement.
Au sommet, je remets en place le "seigneur", du moins celui des lieux, qui avait vacillé, faute à Zéphyr.

Pour les adeptes, il y a un certain nombre d'images pieuses dans la montée, dont des reproductions (comme au sommet) d'un curieux linceul sur lequel on prenait des photos du Fils du tout-puissant. Une technique oubliée?

La descente. Décidément, très "mystico-craignos"...

Le vent s'attenue dans la splendide descente vers l'Espagne et le "Campoplano".
Vraiment de toute beauté avec ses grands névés.

Je décide de ne pas dormir dehors avec ce vent qui ne faiblit pas et pars vers le col de la Peyre St Martin pour aller dormir à .... Ledormeur!
Je retrouve le chemin de l'aller... avec les brumes françaises repoussées par les bourrasques aragonaises.

Et monte rapido au Refuge splendide "Ledormeur", le bien nommé (9H30 d'affilé pour récuper...)

Le lendemain, je pars pour le Refuge de Larribet. Je découvre 2 vallons que je n'oublierai pas de sitôt.
Le Pla de Labassa, 2100m

Le découvre le maigre glacier de la Néous. Le site toutefois me procure des émotions très fortes. Les murailles, les moraines, les dalles érodées, les névés pentus... me font forte impression.

Je peine à trouver la voie pour le col de Pabat, car il y a peu de cairns, aucunes traces sur les névés... Est-ce bien fréquenté hors hiver? Pas sur....
Au col du Pabat, vers 2650m. Le Cap Peytier-Hosard cache encore le "Bala"

Derrière, c'est pas mal aussi. Avec le Pic Rouge que j'ai renoncé à gravir, la faute à la flemme doublée d'un pas de II/III un peu gazeux.

Je peux sortir (enfin) mes crampons que j'aurais baladé pendant 3 jours pour descendre les pentes parfois bien raides qui mènent au refuge de Larribet.
Point de vue en se retournant. Le "Bala" apparaît.

La descente au Pla d'Aste est une formalité, dans un cadre magnifique, avec la trilogie du coin, "blocs de granite-rhododendrons-torrents"
A bientôt!
Ben81