Salut à tous!
Jour 13: Cabane de Besali - Cabane de Tignalbu
Distance: 17,06 km
D+: 1392 m
D-: 1674 m
À la fois l'une des plus belles journées et l'une des pires... L'objectif était de rejoindre l'Ariège en passant par le col ( sans nom?) entre les pics de Tristagne et de l'étang Fourcat. Ensuite, je prévoyais de prendre le GRT64 pour récupérer la vallée de Soulcem et de descendre au maximum pour pouvoir atteindre Aulus-les-Bains le lendemain. Si on regarde la carte, ça nous fait faire un énorme écart... Il est vrai qu'on aurait pu couper par le port de l'Artigue. Surtout que je prévoyais de passer par la vallée d'Ars et le cirque de Cagateille par la suite. Seulement, on avait besoin de nous ravitailler au maximum à Aulus, car pour la suite, par rapport à l'itinéraire que j'avais prévu, on n'avait plus de ravitaillement avant Bgnères-de-Luchon. J'ai choisi Aulus pour nous ravitailler car c'était à mes yeux, le meilleur compromis. Cela nous permettait de faire un détour modérément long, mais avec un paysage magnifique, avec notamment la vallée de Bassiès.
Sur le papier, cette journée promettait d'être compliqué! Déjà, des orages étaient prévus dans l'après-midi. Je savais que notre progression serait assez longue, dû à un itinéraire technique et exigeant. Ensuite, il y avait quelques difficultés à surmonter. On avait une petite ascension de 550m pour atteindre le col frontalier. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en terme de difficulté technique, mais sur les cartes IGN, le sentier est repéré comme sentier balisé, je suis donc parti sur le principe qu'il devait rester accessible. Puis, on devait prendre le GRT64. Cette portion est réputée pour être un sentier dans la caillasse assez exigeant, avec des portions délicates munies de mains courantes et de pas en acier. Et enfin, le grand mystère pour la fin de la journée, je voulais redescendre dans la vallée de Soulcem en passant par la cabane de Tignalbu. Je voulais passer par là pour nous éviter de devoir redescendre au lac et d'emprunter la route jusqu'au hameau de Mounicou. Seulement, je n'ai trouvé que très peu d'infos sur cette portion. En regardant la carte, je craignais de trouver une petite sente en balcon sur un fort dévers, sur un terrain qui aurait tendance à raviner. Je vais rapidement constater que mes soupçons étaient fondés...
Pour éviter les orages, nous avons décidé de partir tôt. Nous nous sommes donc levés à 4h pour un départ à 4h15. Une fois de plus, les filles ont mal dormi... Elles m'ont raconté que dans la nuit, la fameux cheval qui nous avait embêtés la veille durant l'après-midi, était revenu pour prendre sa revanche. Pendant 2h, en plein milieu de la nuit, il s'est remis à lécher le pas de la porte! Pour ma part, je n'ai une fois de plus rien entendu!
Nous avons d'abord pris la direction du fond de la vallée pour rattraper la route de la station de ski d'Ordino Arcalis. Durant la descente, la lampe frontale de Lisa a rendu l'âme, je lui ai donc laissé la mienne et j'ai utilisé la lumière de mon téléphone pour continuer à marcher. On a rapidement atteint la route et on a pris une première pause au début de l'ascension du col frontalier.
On n'était vraiment pas motivé à monter ses 550m pour atteindre le col. Mais comme nous n'avions pas le choix, nous nous sommes lancés dans cette première difficulté. Et dans les faits, cette ascension s'est faite assez facilement. À 2300m, sur un terrain complètement à découvert, on a eu la chance de pouvoir observer un groupe de sangliers. C'est la première fois que j'en vois à cette altitude! Nous avons rapidement dépassé les 3 étangs. Les derniers mètres avant le col deviennent plus compliqués. La sente se perd un peu au milieu des rochers. Le final est une brèche herbeuse à grimper droit dans le pentu. Nous avons finalement atteint le col vers 8h. La vue sur l'étang de Fourcat est magnifique! Nous avons pris une 2ème pause pour pouvoir profiter ce cette vue tout en mangeant.
Le bas de la station de ski d'Ordino Arcalis.
Le premier étang de Tristagne (2250m), avec au fond le pic de l'Etang Fourcat ( 2820m) et le pic de Tristagne ( 2878m).
On peut voir le mirador la point Peyreguils ( 2703m).. Vu d'ici, on dirait qu'ils ont tourné un épisode de Stargate sur le sommet...
L'étang supérieur de Tristagne ( 2330m).
La station d'Ordino Arcalis. On pouvait voir au loin l'entrée du tunnel qui avait été commencé à creuser côté Andorre et qui était censé débouché sur la vallée de Soulcem.
L'étang Fourcat ( 2425m) et son refuge ( 2450m).
Lili était étonnement silencieuse... On pouvait voir sur son visage que ça n'allait pas. Elle nous a avoués qu'elle n'avait pas du tout apprécier la montée de ce col qu'elle trouvait vertigineuse et dangereuse. Et elle était très inquiète par la descente. En tant que "guide", le fait qu'elle se sente mal m'a fait pas mal culpabiliser... J'ai pris le temps d'observait la descente, j'ai été soulagé de voir qu'elle serait relativement facile. On a essayé de la rassurer tant bien que mal, puis nous sommes repartis en direction du refuge. Dans ma tête, j'étais extrêmement inquiet pour la suite de la journée car ce premier col était clairement le passage le plus facile de la journée... La descente s'est finalement bien passée. C'est plutôt le passage le long de l'étang qui a été le plus pénible! On a fini par atteindre le refuge. Au programme, chocolat chaud, limonade fraîche ( curieux mélange

) et tarte aux myrtilles ( que le refuge nous a gracieusement offerts car c'était les restes de la veille). Tout en mangeant, je leurs ai expliqués la suite du programme. Je leurs ai laissés le choix entre le GRT64, ou redescendre à l'étang d'Izourt et récupérer le GR10. Pour ma part, je n'avais vraiment pas envie de reprendre le GR10 et redescendre par la centrale. Elles ont choisi de passer par le GRT64.
On s'est donc lancé sur la petite sente raide qui remonte sur le versant Nord du pic de Malcaras. On a atteint un premier petit plateau. On a monté une petite butte orientée vers le Nord, afin de pouvoir apercevoir l'étang d'Izourt. Ensuite, ça s'est compliqué un petit peu... Il s'avère que j'avais très mal lu la carte... Alors que je leurs avais vendu un passage avec peu de montée, le sentier remonte en fait le long d'une crête, avant de s'engouffrer dans un petit vallon délimiter par une autre crête qu'on allait devoir grimper. À ce moment là, plus personnes ne parlaient... Je savais que Lili prenait sur elle pour continuer à avancer. La traversée du vallon se fait dans un pierrier. Lorsqu'on a l'habitude de ce genre de terrain, il n'y a rien de difficile. Le problème, c'est que l'expérience de Lili dans les pierriers reste limiter. Mais elle s'est accrochée! Avant de remonter la 2ème crête, on a croisé une personne, à qui je me suis empressé de demander à quoi ressemble la descente de l'autre côté. Il m'a répondu que la descente était plus dure, avec des passages avec des mains courantes. Lorsqu'il m'a dit ça, je n'ai pas osé me retourner en direction de Lili, craignant sa réaction... Nous avons atteint la 2ème crête et forcé de constater que la vue est incroyable, avec les étangs du Picot et le pic rouge de Bassiès et son massif majestueux!
Nous avons ensuite attaqué la descente. Comme prévu, il y avait 3 portions avec des mains courantes. Je suis passé en premier à chaque fois et j'ai essayé de guider Lili du mieux que je pouvais. On a finalement atteint l'étang et on a pris notre pause casse-croûte.
Le petit étang Fourcat ( 2340m).
L'étang de la Goueille ( 2390m) avec le pic de Font Blanca ( 2904m) au loin.
L'étang d'Izourt ( 1650m).
Les étangs de Picot ( 2285 - 2415m) avec le pic Rouge de Bassiès ( 2676m).
On a pris notre temps. On n'a pas pu s'empêcher de se baigner dans ce magnifique étang aux eaux turquoises! À 2400m, l'eau n'est pas spécialement chaude.. Mais après une matinée pleine d'aventures, on avait bien besoin de se rafraîchir! Puis, nous sommes repartis, un peu poussé par d'autres gens bruyants... On est descendu au 2ème étang de Picot, puis on a bifurqué vers le Nord sur un petit sentier. Et évidement, le sentier était bien comme je l'avais pressenti. J'ai donc averti que ça ne serait vraiment pas facile et que je n'étais même pas sûr que le sentier serait entier jusqu'au bout... Lili a quand même accepté de passer par là, mais un peu par dépit.. Nous avons progressé lentement. La sente était régulièrement en dévers, il fallait faire très attention à nos appuis. Sur la carte IGN, il y a une passerelle au niveau d'une ravine qui est indiquée. S'il y en avait bien une, aujourd'hui elle doit être rendue à Tarascon, au fond de la rivière de l'Ariège... Ce passage a du coup été délicat à passer. Ensuite le sentier descend tout droit dans le pente sur une centaine de mètres. Il n'y avait rien de difficile, mais le fort dévers rendait la chose très impressionnante. Puis la pente se radoucit et on a fini par apercevoir la cabane de Tignalbu, la fin des difficultés!
Le pic de Montcalm ( 3077).
L'étang de Soulcem ( 1580m). On peut voir le long couloir qui mène au col de Riufret.
La cabane de Tignalbu ( 1790m).
Clairement, l'ambiance était tendue! On a tous gardé notre calme mais je pense que Lili a beaucoup pris sur elle pour ne pas se mettre en colère. Pour ma part, j'ai trouvé cette étape incroyable! Mais le fait qu'elle a eu peur et qu'elle a passé une mauvaise journée a malheureusement terni le tableau..
Lorsqu'on est arrivé à la cabane, on a été content de trouver une belle source d'eau. Vu les nombreuses émotions qu'on a eu lors de cette journée, j'ai décidé de stopper la journée là. La cabane était fermée, c'est donc une cabane privée. Je savais qu'on prenait le risque en bivouaquant à côté, de voir débarquer un rustre berger ariégeois.. Mais c'était un Dimanche soir, j'ai parié sur le fait qu'il était peu probable de voir arriver du monde à cette cabane perdue loin de tout! On s'est installé dans la zone clôturée autour de la cabane ( il y avait des chevaux dans le pâturage autour). Puis, on a profité de la table de camping pour manger et faire quelques parties de belote. Heureusement, nous avons été épargné par les orages. Et alors qu'on attaquait la dernière partie avant d'aller se coucher, on a soudainement entendu un bruit de moteur... Et en effet, un 4x4 était entrain de monter la piste et se dirigeait vers la cabane... Il est venu se garer au niveau de la cabane et 2 personnes sont descendus. Dans mon esprit, j'étais déjà entrain de me dire " Allez c'est parti, la prise de tête avec l'autochtone bourru va commencer!". On observait les 2 personnes s'approcher de nous, en uniforme. Je ne me rappelle plus à quelle organisme il appartenait, un genre d'ONF mais version ariégeoise avec des pistolets à la ceinture! Après nous avoir saluer, ils nous ont fait remarquer avec une voix autoritaire que c'était un lieu privé et qu'on n'avait pas le droit d'être ici! Mes craintes étaient fondées... À 19h, ils allaient nous demander de partir! On s'est direct excusé. Ils se sont mis à rigoler et nous ont répondus: "Pas de problème collègue!". Ils nous ont expliqués que la cabane appartenait à l'ONF et qu'ils s'en servaient de temps en temps pour passer le week-end entre collègues ou en famille. Ils étaient super sympas et nous ont posés plein de question sur notre traversée. Puis, ils sont repartis tranquillement en nous souhaitant le bon courage pour notre traversée. Ce petit moment rigolo a permis de détendre l'atmosphère et on allait pouvoir repartir sur des bonnes bases le lendemain!
Jour 14: Cabane de Tignalbu - Aulus-les-Bains.
Distance: 27,96 km
D+: 1070 m
D-: 2114 m
C'était une journée assez longue qui nous attendait, avec pas forcément beaucoup de montée, mais elles seront concentrées sur un même endroit. Notre but était de rejoindre Aulus en récupérant le GR10. Cette fois, il n'y a pas de difficultés techniques. La seule inquiétude pour moi, était la portion dans les bois pour récupérer le GR. Je craignais que ça soit une sente peu utilisée, perdue dans les fourrés et les ronces. De plus, comme nous avons décidé de partir très tôt une fois de plus, on allait devoir attaquer cette portion de nuit, ce qui posait quelques difficultés point de vue orientation.
Nous avons donc redescendu la piste, avant de nous enfoncer dans les bois. En fin de compte, ce sentier était entretenu et nous avons eu aucun de mal à descendre les 700m qui nous séparaient du fond de la vallée. Nous avons ensuite atteint le hameau de Marc, où nous avons pris une première pause à côté de la chapelle.
Ensuite, nous sommes remontés à travers le hameau jusqu'à un aqueduc. Je me souvenais de cette portion du GR, qui de première abord paraissait intéressante puis rapidement lassante! Il faut marcher sur plusieurs kilomètres sur cette conduite ( en essayant de ne pas passer le pied au travers... ), dans les bois sans jamais voir le paysage. J'avais envisagé d'éviter cette portion en passant par le pic Rouge de Bassiès, idée que j'ai rapidement balayé d'un revers de la main!
Après avoir passé la conduite, on a pu s'attaquer à la montée des étangs de Bassiès. Cette montée est rude mais j'ai convié mes 2 acolytes à s'accrocher car la souffrance dans nos jambes était un maigre prix à payer comparé à la beauté du lieu. Et histoire de compenser encore un peu cette souffrance, on a pu manger nos premières myrtilles. On a fait une 2ème pause à mi-chemin des étangs.
Le hameau de Marc ( 1000m) et la vallée de Soulcem.
L'aqueduc ( 1165m).
La cascade sous les étangs de Bassiès.
On a ensuite rapidement atteint le premier étang et comme annoncé, c'est magnifique. Le chemin est long jusqu'au refuge. Lorsqu'on est arrivé à proximité de ce dernier, j'ai laissé le choix aux filles: soit on coupait et on s'attaquait aux 300m de montée jusqu'au port de Bassiès, soit on faisait un petit crochet au refuge pour manger des crêpes et boire un coca frais... Bon évidement, à partir du moment où le mot "crêpe" à été prononcé, le choix a vite été fait! On est donc allé au refuge et on s'est assis à une table. Une personne du refuge nous a averti qu'il fallait planquer les sacs car un hélicoptère allait arriver. Il nous a ensuite amené nos crêpes, pile au moment où l'hélico atterrissait... Et là, il s'en est suivi notre moment le plus ridicule de notre traversée... Au lieu de prendre nos assiettes et d'aller à l'intérieur, on a bêtement admiré l'hélico entrain d'atterrir. Sauf que, aussi curieux que ça puisse paraître, un hélico ça brasse un peu d'air! Ce n'était pas la peine de passer le balai après, toute la poussière des environs était collée sur nos crêpes... Bon vu le prix pour 3 crêpes, ça nous a pas empêcher de les manger...
On a ensuite attaqué la montée au port de Bassiès, nous permettant au passage d'avoir une vue plongeante à la fois sur les étangs et sur le cirque sous le pic Rouge. Il faisait très chaud et lorsqu'on a atteint l'étang d'Alate, je n'ai pas laissé le choix: on s'arrête, on se baigne, on mange et on fait la sieste!
Le barrage d'Escalès ( 1590m).
L'étang d'Escalès.
L'étang Long ( 1625m).
L'étang du Pla de la Font ( 1645m) et le refuge de Bassiès ( 1654m).
Les étangs de Bassiès vu depuis le port de Bassiès ( 1935m).
Après cette pause, on a pris la direction du port de Saleix. On pouvait voir Aulus au loin, la descente promettait d'être longue! On pouvait également voir le Mont Valier qui trône fièrement au loin. On est d'abord descendu à la route, où on a pu se ravitailler en eau. Puis on a attaqué la longue descente dans les bois. Elle a été finalement plus rapide que prévu et nous a épargnés de la chaleur. Par contre une fois dans Aulus, la chaleur sur le bitume était infernale!
On s'est ravitaillé comme prévu. Au passage, on voit que par rapport à ma première traversée, les commerçants se sont adaptés. Dans l'épicerie d'Aulus, on peut retrouver des bâtons, des pansements pour les ampoules, etc... Les prix aussi ont été adaptés par rapport à cette afflux de touristes, ils sont tous complètement délirants.. En sortant de l'épicerie, on s'est retrouvé nez-à-nez avec Jérôme et Gersendre, le père et sa fille qu'on avait croisés à Las Illas et à Arles-S/Tech. Ils sont restés sur le GR10 et ont pris un jour de repos à Vicdessos. Pour ne pas perdre de temps, ils ont shunté la partie du lac d'Izourt et de Marc. Pour la nuit, ils allaient tout comme nous au camping. Nous avons donc pris la direction du camping que nous avons atteint après quelques minutes de marche.
L'étang d'Alate ( 1869m).
Le port de Saleix ( 1793m) et au loin le col d'Agnes ( 1570m).
Le village d'Aulus-les-Bains ( 750m) et le magnifique Mont Valier ( 2839m).
Sauf que voilà, il y avait un petit problème... La réception était fermée exceptionnellement jusqu'au lendemain 9h. À cette heure là, on aurait probablement fait déjà une dizaine de kilomètres! Tant pis, on est désolé pour le camping mais il y avait aucun moyen qu'on reparte marcher et qu'on se prive d'une bonne douche bien fraîche... On s'est installé! D'ailleurs, nous étions nombreux à avoir fait la même chose. Très nombreux! On devait bien être une vingtaine ( alors qu'il y a 6 ans, on devait être seulement 2 ou 3 GRdistes.. ). Clairement, il y avait vraiment beaucoup plus de monde qui tentait la traversée. L'ambiance était différente également je trouve... À chaque fois que je croisais un autre GRdiste, on engageait direct la conversation, on se posait plein de question. Mais là, c'était à peine bonjour ( des fois sans réponses..). Après j'étais seul alors que là, on est en groupe. Et le fait de l'avoir déjà fait, j'ai peut-être eu moins besoin d'aller vers les gens pour chercher les infos.
Pour le repas du soir, les filles sont retournées à l'épicerie et ont acheté de quoi faire un petit apéro ( sans alcool). Au programme: gâteaux apéros, jambon de pays, fromage, pain, tomates et melons! Puis on est allé au dodo.
Bonne journée à tous!