sparda a écrit :salut ,
petit sujet sur les poèmes
C'était il y a quelques années...je m'y vois encore!
C’est arrivé dimanche
Au fond de la vallée, Pont du Prat, bout du monde
Le lac de « Caillaouas » est écrit sur une planche
Ce pourrait être Mars, Jupiter ou Saturne
Seul dans l’immensité, au milieu des montagnes
Sans regarder hier, sans regarder demain
L’air ambiant est froidure, mon souffle est vapeur d’eau
Coup d’œil vers les sapins et je me mets en route
Ah ! Plaisir enivrant des toutes premières foulées
Qui m’emmènent si tôt vers une terre inconnue
La barrière des rochers cache le soleil d’hiver
Il faut grimper, encore, pour aller le trouver
Fouler les feuilles mortes, rouler sur les cailloux,
Faire craquer pas à pas la neige encore gelée
Plus je monte, plus j’oublie les problèmes d’en bas
Quand soudain tout bascule au détour du chemin
Dans son écrin de neige, la vallée s’offre à moi.
Je laisse derrière moi les jours, les gens, les choses
Pour aller de l’avant vers ce qui brille au loin.
Le soleil malicieux s’amuse à cache-cache,
M’adresse quelque fois des clins d’œil fugitifs.
La paroi verticale en robe de mariée
Renverse mes idées, m’amène d’autres images.
Je ne pense plus à rien, je ne suis plus humain.
Une secrète alchimie me change en pierre, en neige.
Le torrent à mes pieds est le sang dans mes veines.
Le vent froid, par magie, est mon souffle brûlant.
Les étoiles sur la neige sont mes yeux grands ouverts
A la nature autour, à la vie qui me parle.
Pas un bruit, pas un homme, seul dans l’inexplicable,
Je n’appartiens à rien, encore moins à personne.
Dans l’ombre et la lumière une brèche m’invite,
Quelque chose m’y attend, je le sais, je le sens.
A ma droite, à ma gauche, l’à pic des parois
Me protège et me guide vers ma destinée.
L’approche est bien trop lente, l’envie est bien trop forte,
Les obstacles nombreux, les détours de rigueur.
Loin, devant, le passage, promesse vers le soleil.
La neige me joue des tours, je dois y faire ma trace.
Le col est tout là haut, il ouvre une autre porte.
C’est en levant les yeux qu’alors je l’aperçois,
Les mains nues dans la neige, je ne sens pas le froid.
Tombe-t-elle du ciel ? Surgit-elle de la terre ?
Le mouvement arrêté est une pureté.
La cascade pétrifiée une vraie beauté lisse.
Sa couleur bleue opale, translucide, m’hypnotise.
Je reste sans bouger, la tête ailleurs, longtemps.
C’est la femme de glace, c’est la femme de pluie,
La femme transparente dans son voile irisé.
Son éclat métallique m’attire comme les sirènes
Pouvaient séduire Ulysse de leurs chants mélodieux
Le cristal est silence, sa beauté irréelle.
Dans ma tête défilent tant de réalités
En si peu de secondes qu’il me faut repousser
Les souvenirs brumeux pour ne plus m’imprégner
Que de l’instant sacré où le choc est intense.
Je suis au paradis.
Je dois aller me fondre et dans le bleu du ciel
Et dans les bras ouverts de l’ange au regard bleu.
J’attaque la neige glacée à grands coups de talon
L’équilibre est instable, je me vois disparaître
Glissant vers le ravin, au fond c’est le trou noir.
Je progresse pas à pas mais il était écrit
Qu’une plaque de glace entraverait la marche
Qui me pousse en avant, je n’y arrive pas.
Et toi, statue miroir, tu attends, tu me nargues,
Du haut du promontoire que je cherche à atteindre.
Je tente, désespéré, par le haut, par le bas,
De contourner l’obstacle qui me sépare de toi.
Rien n’y fait, c’est ainsi, la bleue Dame glacée
Demeure inaccessible, drapée dans sa beauté.
Les couleurs du couchant m’invitent à redescendre
La route est encore longue sous les reflets changeants.
La Dame de cristal m’accompagne longtemps…