
Donc nous voilà partis du col du Puymorens, direction l’Estanyol ; après avoir remonté un pierrier pénible ( comme tous les pierriers, d’ailleurs !)

on s’équipe au pied de la voie : 6 longueurs, 280m de déniv, 4b obligatoire ( dans la dernière longueur ).Une voie sans difficultés notables donc.
On se partage les longueurs et je démarre ; il subsiste encore de la neige dans la face et en chaussons, on se gèle les petons. Comme dit le topo :… dans L1, dalle un peu herbeuse et peu facile à protéger .. je confirme. Ensuite le rocher, quand il est vierge de neige présente de très bonnes prises et on se régale.


En fin de L4, Nico vient buter au bout d’une rampe ; ensuite c’est chaud parce qu’une fine pellicule de neige repose sur des dalles inclinées et non protégeables ; ça passerait ss pb en adhérence, mais voilà, nos chaussons sont mouillés, et se risquer dans un tel terrain serait pur suicide ; on râle parce qu’il nous reste une longueur à faire avant de sortir au sommet ; on essaie de visualiser un autre itinéraire, mais peine perdu, ce n’est plus de notre niveau, alors tant pis on décide de faire machine arrière ; et faire machine arrière dans du TA, c’est pas redescendre en sifflotant , les mains dans les fouilles !!
C’est trouver de quoi poser des rappels et « sacrifier » des sangles pour les tirer .
OK pour le 1° rappel ; 2° rappel un piton est là, que l’on avait vu à la montée ; je le teste en me vachant dessus : il tient ; rien d’autre pour poser une sangle, alors on fait passer les cordes, auparavant raboutées ( 2 brins de 50m) et Nico s’y colle.
Soudain, un hurlement : « Laurence » . Nico tombe ! avec horreur je vois le piton arraché, en même temps que tirée en arrière je chute avec Nico ; ça y est cette fois c’est fini ; je m’agrippe avec l’énergie du désespoir avec ce qui me passe sous les mains ; miracle tout s’arrête mais je m’attends à tout moment à repartir ; mes doigts s’accrochent de toutes leurs forces à un petit rognon arrondi ( que si tu montes tu te dis que une prise là-dessus : dans tes rêves !! ouais, sauf que là, à ce moment précis, ben tu fais pas le difficile, et t’es même très content que ce petit bout de rien est là, sous tes doigts)). On a chuté «que de 2 mètres » mais sacrée montée d’adrénaline !!! J’appelle Nico ( je ne peux pas le voir vu que je lui tourne le dos) ; ouf ça va : en fait il est en vrac sur une toute petite vire , s’est cogné le genou et égratigné le tibia ; il m’a vu pédaler ds le vide.
Il me demande si je suis bien où je suis « non, prise très petite, donne moi du mou, je remonte un peu là où les prises sont meilleures »Hop, c’est fait; pendant ce temps là, Nico se sécurise ; de mon côté j’en fait autant ; je trouve un becquet sous « feu le piton » et re-pose un rappel ; on se remet de nos émotions, en se disant que faire rappel sur un piton , ça se fait pas ; on le sait, mais quand y a rien d’autre à se mettre sous la dent, on fait quoi ? Et puis tous les pitons ne lâchent pas ; et ben, celui ci : si !!
Et on se dit, qu’une fois encore on a eu de la chance….
On reprend nos rappels sur becquets et on arrive à notre point de départ. On se déséquipe et on mange parce que les émotions ça creuse !!!!!!!!
Et ensuite on se redescend ce foutu pierrier ce qui n’était pas prévu au programme ; et qd on connaît mon amour platonique pour ces fichus cailloux !!!....
Retour voiture en tirant les enseignements de ce plomb ; dorénavant on ne regardera plus les pitons de la même façon. Et on ne tirera jamais plus un rappel dessus ; d’ailleurs, on y réfléchissant, je crois que c’était la 1° fois qu’on le faisait ( en général , ce sont des plaquettes ou des goujons).
On s’en tire un peu endolori ( genoux et tibia ,pour Nico ; genoux et cheville pour moi ( et bien sûr tjrs la même !!: les chaussons ne protégeant pas les parties basses des membres inférieurs quand ils viennent cogner dans le rocher)Quelques bosses , verni enlevé et œuf de pigeon mais rien qui nous a empêché de rentrer ; et sans tirer la patte, même !!
Nico complètera ce post et y ajoutera ses impressions de « chute libre ».
J’ajouterai que notre cordée a une fois de plus fonctionnée à merveille : pas de panique à, bord et on est prêt à remonter.
les photos :
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