Je te souhaite la bienvenue sur ce forum E.T.E.
Content qu’un éleveur s’exprime enfin sur le sujet. En relisant les nombreux messages des partisans de la réintroduction de l’ours tu trouveras beaucoup d’arguments répondant à tes inquiétudes. Encore faut-il vouloir ouvrir les yeux. Je tiens quand même à répondre personnellement (et dans un esprit de conciliation) à certains points :
Tu parles de : « néocolonisation forcée. La société et les politiques vont devoir trancher ! »
La société l’a déjà fait : elle est pour la réintroduction à 77%
Je te cite : « Soit on considère que le fait de sauvegarder la faune sauvage vaut bien la désertification d'une zone de toute activité agricole viable, soit on réalise que l'économie et l'entretien d’un territoire, c'est-à-dire la vie, dépendent étroitement de la présence de l’homme et en particulier des agriculteurs. »
Sauvegarder l’ours, le loup etc. n’implique pas du tout la disparition de toute activité agricole viable :
- les attaques par l’ours représentent moins de 1% des pertes
- L’utilisation du Patou limite presque entièrement les pertes. Voir enquête sur :
http://www.paysdelours.com/Dossiers/bro ... upeaux.pdf
- des mesures économiques sont en place pour aider les éleveurs en zone ours (dédommagements plus que généreux, Patou gratuit etc. etc. je ne vais rien t’apprendre je crois !)
- cela fait belle lurette que le pastoralisme survit grâce aux subventions de l’État : le problème n’est pas l’ours qui cristallise les passions, le problème est autre (concurrence extérieure…)
Tu dis : « l'économie et l'entretien d’un territoire, c'est-à-dire la vie… »
Les espaces sauvages vierges sont aussi la vie. La vie n’est pas l’exclusivité de l’Homme. Elle appartient à toutes les espèces.
Tu dis : « EN CLAIR, QUI DE L’HOMME OU DE L’ANIMAL DOIT-ON INSTALLER DANS UNE RESERVE ? Car au train où vont les choses, la cohabitation semble de plus en plus relever de l’utopie. »
Qui parle de parquer les uns et les autres dans des réserves ? Pourquoi la cohabitation avec les espèces sauvages serait-elle une utopie en France si elle ne pose pas de problèmes chez nos voisins européens qui tolèrent des populations d’ours et de loups autrement plus importantes que les nôtres ?
Tu dis : « la réintroduction massive de grands prédateurs »
Là tu délires : 5 ours c’est ce que tu appelles une réintroduction massive ???
Tu dis : « Elle (cette réintroduction) perturbe aussi d’autres activités économiques, comme le tourisme »
As-tu des chiffres pour pouvoir affirmer cela ? Le tourisme est-il en baisse ? Si c’est le cas, une enquête a-t-elle mis en cause les ours ? Je demande cela car j’ai plutôt l’impression que, comme en Espagne, les régions habitées par l’ours suscitent un vif regain d’intérêt.
Tu dis : « Les gens croient au fantasme, selon lesquels l’équilibre naturel serait d’abord sauvage. C’est oublier que la biodiversité « utile » ne serait rien sans la patte avisée de l’homme. »
L’équilibre naturel est conservé si l’homme se comporte de manière « naturelle ». Dès que l’homme a recours à des moyens non naturels il commence à altérer graduellement cet équilibre. Par ex., le pastoralisme dans les Pyrénées depuis l’aube des temps a bouleversé l’équilibre naturel qui y préexistait : raréfaction de la végétation, disparition d’espèces animales… Il y a évidemment pire comme exemple : partout où l’homme met sa patte (comme tu dis) c’est la nature qui trinque. D’où le besoin aujourd’hui de limiter les dégâts.
Tu parles de « biodiversité utile ». Est-ce celle qui sert les intérêts immédiats de l’homme dont tu parles ? En ayant un peu de recul on comprend que si la biodiversité est utile (et même indispensable) c’est sur le long terme et à l’échelle de la planète. Il n’y a qu’à voir les désastres provoqués par l’homme (réchauffement global et ses conséquences : climat détraqué etc. je ne vais pas faire toute la liste !) et qui se retournent contre nous-mêmes, pour comprendre que nous dépendons étroitement de la préservation de notre environnement (ce qui passe à son tour par la préservation de la biodiversité)
Tout le monde ici comprend la détresse des éleveurs, mais tu en conviendras : l’ours qui cristallise le débat n’est pas le vrai problème. Au contraire, il est peut-être une chance pour le pastoralisme de reprendre du souffle en tirant profit de son image.
À bon entendeur salut !
Seb sur des sentiers broussailleux...