Louis Robach est, né à Besançon (Doubs) le
4 septembre 1871, est un homme curieux rempli d'énergie est
tour à tour collectionneur, conférencier, photographe,
alpiniste, andiniste, botaniste, diététicien, astronome;
II exerce son métier de chirurgien dentiste à Condom
(Gers), puis à Montrejeau (Hautes-Garonne) où il mourra
le 8 mars 1959 à l'âge de 88 ans.
Son grand-père paternel, Adolf Robachowy, est un aristocrate
polonais exilé en France après l'écrasement
de son pays par les Russes. Le jeune Louis, aîné de
trois enfants, fait montre dès son plus jeune âge de
dispositions étonnantes : une grande mémoire, et un
goût pour les chiffres qui ne le quittera jamais, et qui le
conduit à tout compter, depuis les cerises ou les grains
de raisin qu'il mange, jusqu'aux kilomètres qu'il parcourt
et les dents qu'il extrait dans l'exercice de son métier
de chirurgien-dentiste (25 574 au total). À neuf ans, il
décide de compter jusqu'à un million, notant à
chaque interruption le nombre auquel il est arrivé : l'entreprise
lui prendra deux ans.
Adolescent il se convertit au végétarisme et ne boit
que de l'eau. Toute sa vie, il ne transigera jamais sur ces principes,
se faisant définitivement une réputation d'original
et l'assumant pleinement. Il se montre d'une grande curiosité
dans tous les domaines. Après un engagement dans l'armée,
il entreprend des études à l'école dentaire
à Paris, et travaille comme prothésiste pour payer
ses études. Il sort premier de sa promotion, et trouve un
travail à Marseille. Il s'inscrit à la société
des Excursionnistes marseillais et fait de nombreuses randonnées
et ascensions dans la région. En 1898, pour rejoindre sa
fiancée, il s'installe à Condom, dans le Gers. Il
travaille énormément, et tous les dimanches il n'hésite
pas à aller, à bicyclette, randonner et ascensionner
dans les Pyrénées.
Sa première excursion pyrénéenne est l'ascension
du pic du Midi de Bigorre, le 25 septembre 1899.
Le 24 août 1900, il effectue sa première course au
sommet du Mont Perdu.
Il a gravi six fois le Mont Blanc. La première fois, en 1902,
il part seul, armé d'un bambou long de plusieurs mètres
qui, attaché par le milieu à sa taille, doit le prémunir
d'une chute dans une crevasse. Il renoncera toutefois à l'utiliser.
Il montera au Cervin (1903), au Mont Rose (1907), au Pelvoux et
au Breithorn (1907), à la Barre des écrins (1908),
au Weisshorn (1910).
C'est aussi un skieur de la première heure. Aussi, parmi
ses nombreuses courses dans le massif pyrénéen, on
relève qu'il participe à la première ascension
à ski du pic d'Aneto (3404 m), et réalise la première
ascension de la Frondella Occidentale (3006 m).
Louis Robach entreprend de grands voyages : il parcourt tous les
pays d'Europe, toujours avec son extrême frugalité
et des comptes scrupuleux : un voyage en Égypte, en 1913,
lui coûtera 250 oranges, dix mètres de canne à
sucre et quelques concombres. Il voyage en Afrique, en Russie, le
Spitzberg, les mers polaires, en Amérique du sud... C'est
un homme qui dort peu et prépare minutieusement ses expéditions.
Il ne se nourrit que de sucre en montagne.
Pendant la guerre de 1914-1918, ses origines étrangères,
ses fréquents déplacements, la lunette astronomique
installée sur sa terrasse, l'antenne d'un poste de TSF, le
font suspecter d'espionnage au profit des Allemands par la population.
Il est mobilisé en tant que dentiste à Agen, puis
en Comminges, à Barbazan, et à Gourdan-Polignan. Il
est démobilisé en août 1917.
Fin 1920, il se retrouve veuf, avec deux garçons et une
fille. Il décide alors de quitter Condom pour s'installer
à Montréjeau. Il s'y remarie avec Marie Lasbats. Ils
auront trois enfants, qu'il décide de baptiser de noms d'étoiles
: Antarès, Véga et Bellatrix. Le baptême est
célébré à Gavarnie, par l'abbé
Pragnères, une personnalité du pyrénéisme.
Dans les Andes, il tente d'arriver aux 6000 mètres, il atteint
5800 m sur l'Aconcagua, en 1929. En 1950, à 79 ans, il monte
au sommet du Chacaltaya (5100 m), et au Pico Meys (5326 m).
En 1955, à 84 ans, il visite le Grand Canyon du Colorado
et les chutes du Niagara.
Louis Robach s'éteint à Montréjeau, le 8 mars
1959. Il a été un des grands acteurs, et un des grands
témoins du pyrénéisme. Compagnon infatigable,
conseiller écouté, courageux, à l'épreuve
du temps, Louis Robach est un homme exceptionnel.
Plus pur, plus original, plus intègre, on ne fait pas.
Une plaque a été placée à la brêche
de Tuquerouye, le 12 août 1962, en souvenir de ses 43 ascensions
du Mont Perdu. La dernière à 77 ans le 1er septembre
1948.
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